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coup plus courte; il n'y n'y en a que trois: Michel Montaigne, Pierre Charron, et un Portugais, né à Bracara, en 1562. On sent bien qu'il ne resta dans son pays. Il vint dans cette France qui était alors, comme encore aujourd'hui, le refuge de tous ceux qui souffraient et espéraient dans l'avenir. Sanchez fut professeur à Toulouse, où il mourut en 1631. Le titre de son ouvrage est : De multum nobili, prima et universali scientia quod nihil scitur.

Si l'école sceptique joue un faible rôle aux quinzième et seizième siècles, il n'en est pas ainsi de l'école mystique. La source du mysticisme est l'école platonicienne et en même temps néo-platonicienne, idéaliste et mystique de Florence. Voici les noms des principaux mystiques du quinzième et du seizième siècle : Agrippa de Nettesheim, né à Cologne; Jean Reuchlin de Pforzheim; Paracelse, né à Einsielden; Valentin Weigel, né en Misnie, ministre luthérien ; Bôhme, né à Gorlitz; Robert Fludd, du comté de Kent; Vanhelmont, né à Bruxelles, mort à Vienne en 1644.

IX. Telles sont, en raccourci, les quatre grandes écoles dont l'histoire remplit le quinzième et le seizième siècle. L'absence de la méthode, tel est le vice fondamental de la philosophie de cette époque. On commence en général

par Dieu ou par la nature extérieure, et on arrive comme on peut à l'homme, et cela, sans règle fixe, sans même que cette manière de procéder soit établie comme une méthode. De là, la nécessité d'une révolution dont le caractère devait être précisément le contraire de celui de la philosophie du quinzième et du seizième siècle, savoir, l'introduction d'une méthode qui devait être le contraire de la pratique de l'époque précédente, le contraire de l'ontologie, c'est-àdire la psychologie.

P.

Auteurs à consulter: Brucker, De natura, indole et modo philosophia scholasticæ, dans son Histoire de la philosophie, 1. 3, 703. 1-89.-V. CouTennemann, t. 1, p. 331–391; t. 2, p. sin, Cours d'histoire de la philosophie, année 1828-1829, leç. 9 et 10. J. Matter, Des doctrines morales et politiques des trois derniers siècles, et notamment ce qui concerne Pomponace, dans le t. 1 de cet ouvrage ; et dans le t. 2, Campanella et Jordano Bruno. Consulter H. Bach, Thèses sur Dante et sur saint Thomas. aussi la Biographie universelle, aux articles indiqués, savoir: ScottErigène, Abailard, etc.

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CHAPITRE VII.

Quelle est la méthode de Bâcon. Donner une analyse du Novum organum.

I. La méthode appliquée aux recherches philosophiques durant tout le moyen-âge était àla-fois ontologique et hypothétique; car, d'un

côté, le point de départ était pris hors de l'esprit humain ; de l'autre, l'hypothèse tenait lieu d'observation et d'expérience. Deux hommes apparaissent au seuil de l'âge moderne qui vont renouveler cette méthode, et faire pour la philosophie de leur siècle ce que Socrate avait fait deux mille ans auparavant pour la philo sophie grecque. Ces deux hommes sont Bâcon et Descartes.

II. François Bâcon, né à Londres en 1561 est le père de la méthode expérimentale, qu'il substitue à la méthode hypothétique, dans un ouvrage intitulé Novum organum, par allusion sans doute à l'Organum d'Aristote. Le Novum organum est divisé en deux livres, et chacun de ces deux livres en aphorismes. Nous tracerons ici une rapide et sommaire analyse des parties principales, la seule que comporte le cadre de notre travail.

que,

Bâcon s'élève avec une grande puissance de talent et de raison contre la logique de son époà laquelle il reproche d'être plus nuisible qu'utile, en ce qu'elle a plus servi à la propagation des erreurs sur lesquelles se fondent les notions vulgaires, qu'à la recherche et à la découverte de la vérité. Or, quel est le principal instrument de la logique au moyen-âge? C'est la déduction et le syllogisme. On prenait pour

axiomes des propositions générales le plus souvent hypothétiques, et on en déduisait des conséquences qui participaient nécessairement du caractère des principes. Bâcon réprouve cette méthode. Il rejette la déduction et le syllogisme, et proclame l'induction comme l'unique espoir de la science. (Nov. org., lib. 1, aphor. 11, 14.)

L'emploi de la méthode déductive et syllogistique a laissé subsister dans l'esprit humain une foule d'erreurs de tout genre. Bâcon, dans son langage imagé et métaphorique, les appelle idola (fantômes), et les distingue en quatre sortes: idola tribus, idola specus, idola fori, idola theatri.

Idola tribus sunt fundata in ipsa natura humana atque in ipsa tribu, seu gente hominum.

Idola specus sunt idola hominis individui. Habet enim unusquisque (præter aberrationes naturæ humanæ in genere) specum seu cavernam quandam individuam, quæ lumen naturæ frangit et corrumpit.

Sunt etiam idola tanquam contactu et societate humani generis ad invicem, quæ idola fori, propter hominum commercium et consortium appellamus.

Sunt denique idola quæ immigrarunt in animos hominum ex diversis dogmatibus philoso

phiarum, ac etiam ex perversis legibus demonstrationum, quæ idola theatri nominantur, quia tot philosophia recepto aut inventæ sunt, tot fabulas propuctas et actas censemus, quæ mundos effecerunt ficticios et scenicos, (Ibid., aphor. 39, 40, 41, 42, 43, 44.)

Ainsi, erreurs générales, erreurs individuelles, erreurs populaires, erreurs de secte ou d'école, telles sont, suivant Bâcon, les quatre grandes divisions générales. Quant aux causes principales qui se sont opposées aux progrès des sciences, il semble, au milieu d'un trèsgrand nombre, en distinguer trois essentielles : 1° le respect de l'antiquité et l'autorité des grands noms; 2° l'absence d'un but déterminé ; 3o la superstition et un zèle aveugle et immodéré de la religion. (Ibid., aphor. 78, 93.)

III. C'est là la partie critique, dans le Novum organum. Arrivons maintenant à la partie édificatrice. A la méthode déductive et syllogistique, le plus souvent hypothétique, Bâcon entreprend de substituer une méthode expérimentale, la méthode d'induction, laquelle conduit l'esprit des faits particuliers observés et constatés aux lois générales. Observer et expérimenter, éliminer dans cette observation et cette expérimentation toutes les circonstances transitoires et variables, c'est-à-dire toutes celles

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