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» de cette correspondance, et m'avait même donné » des renseignemens sur FAUCHE-BOREL, de Neu» châtel.

» On m'a reproché ensuite que l'armée de Rhin » et Moselle n'a point fait d'adresse sur les événe» mens antérieurs au 18 fructidor.

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Quoiqu'aucune des armées de la République » n'avait plus de droit qu'elle de se plaindre des » entraves qu'éprouvait la marche du Gouverne» ment, il n'en était pas dont la situation exigeât, » de la part du chef, une conduite plus circons» pecte et plus prudente : il lui était dû plus de qua» tre mois de solde. L'habillement était dans un » dénuement affreux. Elle recevait à peine la moi» tié des subsistances qui lui appartenaient : la plupart de ses cantonnemens en France ne lui pro» curaient pas, pour vivre, les ressources du pays conquis.

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» On devait craindre, avec raison, qu'en faisant » naître aux soldats l'idée d'une demande collective » sur un objet quelconque, il ne devînt très-difficile, pour ne pas dire impossible, d'arrêter le » torrent de réclamations qu'ils se seraient crus en » droit de faire. Il fallait les disséminer pour assu» rer leur subsistance et empêcher les insurrections. » Il n'y avait de troupes rassemblées que dans les

garnisons aussi celles de Huningue, Brissac,

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Strasbourg et Landau s'insurgèrent-elles quelquefois; mais le patriotisme bien éprouvé de » l'armée rendit ces mouvemens peu dangereux. » Pour les faire cesser, il suffisait de faire compren» dre aux soldats les périls auxquels leur insubordi» nation exposait la République.

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Quant à moi, peu au courant de la situation » de Paris, où je n'avais aucune correspondance suivie, et ne connaissant les événemens que par » les feuilles publiques, voie toujours peu sûre dans » les momens de trouble, je ne m'occupais que » du soin d'améliorer le sort des troupes que vous » m'aviez confiées. Un officier supérieur, envoyé à » l'armée pour connaître les motifs de son silence, » vous confirma ces détails, et vous assura de mon » dévouement à la République.

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» Je pourrais me dispenser de répondre à quel»ques imputations calomnieuses, dirigées contre » ma nomination par un journal signé de trois Représentans du peuple; mais peu de mots suffiront » pour vous convaincre de la fausseté des faits qu'il avance.

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» Très-peu d'officiers-généraux de l'armée avaient » les moyens de paraître toujours dans une tenue » riche et recherchée; aucun surtout n'eût été assez imprudent pour afficher le moindre luxe devant

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» des soldats dans la misère la plus affreuse; mais je

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puis vous assurer, citoyens Directeurs, que tous, » et je m'y comprends, ont paru toujours à l'armée

» en habit militaire et tenue simple à la vérité, » mais décente : on n'en vit jamais porter la livrée » d'aucun parti.

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» Je ne sais ce qui a pu donner lieu à l'histoire » d'un capitaine arrêté à la comédie de Strasbourg: » j'ignore si cela est arrivé, car je ne me suis ja» mais mêlé de la police de cette ville; mais je puis assurer que je n'y ai pas eu la moindre part. » Ce fait est aussi faux que l'arrestation des deux » aides-de-camp et du secrétaire-général Dufour » l'ordre n'en a pas plus existé, que les mesures » que j'ai dû concerter avec l'un d'eux. Au reste, » ce fait vous a déjà été dénoncé il y a un an, et » les informations que vous avez fait faire vous » en ont démontré la fausseté.

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J'ignore quelles appréhensions des patriotes » peuvent avoir de ma nomination: beaucoup, » sans doute, de ces patriotes ombrageux ont dit ou » écrit plus souvent que moi, qu'ils étaient répu» blicains: au lieu de paroles, je leur opposerai des faits, et ma présence à plus de quatre cents actions militaires, dont j'ai commandé la plus grande partie, est sans contredit une preuve de républicanisme et de dévouement à la cause de » la liberté, dont peu d'entre eux pourraient ad

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» ministrer la pareille. Les rédacteurs du Journal » de la Correspondance ne me contesteront pas au » moins le droit d'ancienneté de patriotisme, puis» que j'avais déjà fait trois campagnes pour le main» tien de la République française, qu'ils étaient » encore sujets de l'Empire et du roi de Sardaigne. » S'ils aiment sincérement leur nouvelle patrie, ils » doivent de la reconnaissance aux généraux qui » ont concouru à les arracher de l'esclavage, au » lieu d'être les échos de leurs calomniateurs.

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La lettre adressée au ministre de la police ne détruisit pas les objections résultantes de la date de la première lettre de Moreau sur Pichegru; au contraire, elle sembla leur donner plus de poids. Les gens qui calculent, avouèrent que les événemens du 18 n'avaient été connus ( en détail) à Strasbourg que le 22, comme le disait Moreau, puisque, pour les faire connaître à Strasbourg, en détail, il avait fallu beaucoup d'écritures; mais ils pensaient que le 18 dans la matinée le télégraphe avait fait connaître en gros (si ce n'était en détail), et à Moreau ( si ce n'était à la ville de Strasbonrg toute entière), la découverte de la conspiration et le nom des principaux coupables. Ainsi la lettre de Moreau ne dé

truisait pas l'imputation de fait qu'il fallait détruire (1).

Quant à sa lettre au Directoire, concernant les préventions du Directoire contre lui, on remarqua

(1) En déclarant que sa lettre du 17 n'était partie que le 18, et en se rapprochant ainsi du 19, date qu'elle porte réellement, Moreau semble faire l'aveu auquel il voulait se dérober, puisqu'il était aussi possible de savoir très-matin le 18, à Strasbourg, ce qui s'était passé dans la nuit à Paris, que de le savoir le 19; et voici les combinaisons qu'on prêtait à Moreau pour arranger ses variations. D'abord, a-t-on dit, quand il a écrit le 19, il a daté sa lettre du 19, parce que son premier mouvement a été d'être vrai. Quelques jours après, étant mandé à Paris par le Directoire, et se voyant dans l'obligation de faire une adresse à l'armée du Rhin, il prévoit qu'on pourra lui reprocher d'avoir donné avis de la trahison trop tard pour la découvrir, ou trop tôt contre un homme condamné et déporté; et alors il trouve si desirable que sa lettre d'avis à un des membres du Directoire eût été écrite le 17, c'est-à-dire, un jour avant la découverte du complot, qu'il se persuade et suppose l'avoir écrite le 17. Mais quelque tems après il aura réfléchi que le jour de l'arrivée de sa dépêche à Paris pourrait prouver qu'elle était partie bien après le 17; alors il aura distingué entre la date (supposée) de la lettre, et le moment du départ du courrier, et il aura placé ce moment entre le 17 et le 19, assez près de la date vraie, pour s'accorder avec la marche d'un courrier peu diligent, et assez près de la date supposée pour qu'on ne trouvât pas trop improbable qu'une lettre écrite le 17, fût ensuite restée plus d'un jour entier sur le bureau du général.

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