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Le général en chef à l'armée de Rhin et Moselle.

« Je reçois à l'instant la proclamation du Direc» toire exécutif, du 18 de ce mois, qui apprend à » la France que Pichegru s'est rendu indigne de la » confiance qu'il a long-tems inspirée à toute la République, et surtout aux armées.

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» On m'a également instruit que plusieurs mili

taires, trop confians dans le patriotisme de ce représentant, d'après les services qu'il a rendus, doutaient de cette assertion.

» Je dois à mes frères d'armes, à mes concitoyens, » de les instruire de la vérité.

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» Il n'est que trop vrai que Pichegru a trahi la

confiance de la France entière. J'ai instruit un des » membres du Directoire, LE 17 DE CE MOIS, qu'il » m'était tombé entre les mains une correspondance » avec Condé et d'autres agens du Prétendant, qui » ne me laissaient aucun doute sur cette trahison.

» Le Directoire vient de m'appeler à Paris, et » desire sûrement des renseignemens plus étendus » sur cette correspondance.

» Soldats, soyez calmes et sans inquiétude sur les

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» événemens de l'intérieur; croyez que le Gouver

»nement, en comprimant les royalistes, veillera » au maintien de la constitution républicaine que » vous avez juré de défendre. »

Signé MOREAU.

La correspondance trouvée à Offembourg, et remise par Moreau au ministre de la police le 6 vendemiaire an 6, a été imprimée cette même année; elle forme deux volumes in-8°. Voici les principaux résultats qu'offre le dépouillement des lettres qu'elle renferme.

EXTRAIT de la correspondance trouvée à Offempar Moreau.

bourg, et remise

Une lettre imprimée en tête de la

que,

en tête de la correspondance, comme préliminaire, semble indiquer d'abord dès le commencement de la campagne de 1794, c'est-à-dire, de l'an 2, Pichegru et Montgaillard intermédiaire entre Pichegru et Condé) í s'entendaient pour le rappel du Prétendant. Voici ce qu'apprend à ce sujet une lettre du ministre de la République française à Hambourg; elle est du premier vendemiaire an 6, et adressée au ministre des relations extérieures.

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Au commencement de la campagne de 1794 (an 2), Verteuil était avec les généraux Clairfayt et Mack. Pichegru était alors devant Ypres.

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Ce même Montgaillard dont parle d'Antraigues, vint au camp autrichien, se disant chargé par Pichegru de faire connaître la disposition où il était de servir la cause des ennemis de la Républi» que. Quelques jours après, un M. Lacour, jeune » homme de dix-huit ans, de Bordeaux, à cheveux » rouges, aide-de-camp du général Thierry, fut pris dans une petite affaire près de Tournay, ou

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plutôt il était évident qu'il s'était laissé prendre, » et il fit les mêmes ouvertures à deux officiers de » l'état-major, Frossard et Odonnell. Montgail» lard se rendit ensuite au quartier-général du duc d'York, auquel il parla de Pichegru dans le » même sens. Il paraît qu'il trouva la même dé» fiance dans ce Prince que dans les généraux au>> trichiens, ou que le Prince ne voulut rien prendre » sur lui. Montgaillard passa de là en Angleterre, » d'où il fut chassé comme ayant été un des coopé» rateurs de Robespierre. »

Ce Montgaillard, qui dès l'an 2 se disait l'agent de Pichegru, fut appelé à Mulheim par le prince de Condé, au milieu de thermidor an 3. Il y fut appelé, comme on le voit par le Mémoire trouvé à Venise dans le porte-feuille de d'Antraigues, parce que le Prince connaissait toutes les relations que Montgaillard avait en France, et voulait le charger de sonder le général Pichegru, avec qui, par

conséquent, le Prince savait que Montgaillard avait des relations. Cette époque était celle où la République, livrée à la plus affreuse convulsion, n'avait plus pour soutien dans la Convention, qu'une majorité faible, indécise, tremblante, mal unie, et des armées séparées de la capitale par les plus longues distances. Condé trouvait le moment favorable pour entrer en France; il demandait qu'on lui livrât Huningue du reste, il se contentait de l'assistance d'une armée et d'un général considéré, sûr que la dépravation de l'esprit public ferait le reste, et s'estimant très-heureux de pouvoir se passer, pour la contre-révolution, des étrangers, dont le traité de Pilnitz lui faisait autant appréhender qu'approuver le concours. Pichegru voulait au contraire que son armée fût découragée, battue, réduite, accompagnée de l'armée autrichienne, pour arborer la cocarde blanche et marcher sur Paris. Instruit de ce qui se passait dans cette capitale (1), il n'attendait pas moins de l'esprit factieux et de l'humeur

(1) On lit dans une lettre écrite le 3 mars 1796 (ventôse an 4), que Pichegru ce a reçu de ses affidés de Paris, avis » que l'affaire des sections n'est pas terminée, que la fermentation était plus forte que jamais, et qu'un parti très» considérable et très-prononcé n'attendait qu'un chef. »

(Correspondance trouvée à Offembourg, tome I, p. 219.)

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séditieuse qui y régnaient alors, que du mécontentement de son armée, la provocation de son entremise et peut-être l'investiture d'un pouvoir qu'il pourrait garder ou rendre au Prétendant, suivant les circonstances. Il refusait de livrer Huningue, ne voulant pas, dit-il, faire d'opération partielle, ni hasarder le succès comme l'avaient fait Dumourier et Lafayette. Telles étaient ses dispositions lorsque le Gouvernement lui fit parvenir, ainsi qu'à Jourdan, l'ordre de passer le Rhin, le premier entre Strasbourg et Huningue, l'autre entre Coblentz et Dusseldorff, Jourdan ouvrit la campagne, fructidor an 3, par le passage du Rhin à Elhercamps. Ses succès furent brillans, décisifs. Dusseldorff fut pris. L'armée de Clairfayt, deux fois battue, fuyait vers le Danube: Pichegru n'avait qu'à s'avancer le long du Necker pour l'atteindre et en achever la ruine il ne fit point ce mouvement, et Clairfayt s'arrêta dans le landgraviat 'de Darmstadt, où Wurmser eut le tems de venir à son secours. Jourdan fut obligé de se retirer le 20 vendemiaire an 4. Clairfayt eut des avantages considérables. Le 7 brumaire, Wurmser reprit Manheim. Cependant Jourdan eut des succès dans le Hunsdruck, et, à force de balancer des succès que Pichegru aurait pu prévenir, il réduisit l'armée de Clairfayt à une telle lassitude, à un tel

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