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a elle donné en datte du vingt huictiesme des dicts mois et an, signé : Tremault:

A dit cognoistre les parties, ne leur estre parent ny allié, serviteur ny domestique, et lecture a elle faicte des faicts contenus au dict arrest, a déposé avoir cognoissance de l'hospital d'Avenay, auquel elle y a veu chappelle pour celebrer la sainte messe, une habitation et particullièrement une salle en laquelle il y a cincq ou six licts pour recevoir les pauvres et les mallades du lieu, mesme les passants, et qu'elle a veu de tout temps et a ouy dire à ses ancestres que les religieuses de l'abbaye venoient tour à tour soigner les mallades; a pareillement ouy dire qu'il y avoit eu tousiours là hospitalier et hospitalière sçait qu'il y a vingt à vingt-cinq ans que celle d'aprésent nommé Jeanne Sarot y réside avec sa compagne; y a veu un enfant-trouvé eslevé jusque à l'aage de huict ans; sçait que trois fois la sepmaine on y porte de l'abbaye, vin, potage et viande, et du bois pour les chauffages, et qu'il y a trois incurables présentement audit hospital; qui est tout ce qu'elle a dict scavoir, lecture a elle faicte de sa déposition a dict icelle contenir veritté, y a persisté et déclaré ne scavoir escrire ny signer de ce requis et interpellée, suivant l'ordonnance, et signé ANDRÉ en la minutte.

Taxé a ladicte déposante pour la présente sa depposition, quarante sols.

8 Louis BRODIER, potier de terre, natif d'Avenay, demeurant à présent à Reims, aagé de vingt-huit ans ou environ, lequel après serment par luy faict de dire vérité et avoir représenté l'exploict à luy donné en datte du vingt-huictiesme du présent mois et an, signé Legros a dict cognoistre les parties, ne leur estre parent ny allié, serviteur ny domestique, et enquis sur les faicts contenus en l'arrest dont lecture luy a esté faicte,

A déposé qu'il y a quatorze à quinze ans qu'il est sorti du lieu d'Avenay, et qu'il est demeurant en cette ville que les dernières années qu'il a esté à Avenay, il demeuroit chez un potier de terre visà-vis l'hospital dudict lieu, et a ouy dire par ses père et mère que en tout temps on avoit receu des malades, des pauvres et des passants audict hospital, et que son père, qui estoit le serviteur de l'abbaye auparavant que de se marier, avoit plusieurs fois voituré des bois de la part de la dame abbesse audict hospital, et que la nommée Nicolle Diot, son ayeulle maternelle, y est morte, il y a dix à douze ans, à laquelle ledict hospital a administré les alimens, médicamens et sacremens et sépulture: et a tousiours veu porter à vivre audict hospital, et nottament trois fois la semaine que l'on va quérir de laditte abhaye et a veu dire la messe en la chapelle, à laquelle il a servi plusieurs fois, tant au sieur curé de la paroisse qu'aux chanoines: mesme que quand il y a des malades, il a veu que l'on va journellement

quérir du bouillon à l'abbaye : qui est ce qu'il a dict: lecture a luy faicte de sa déposition, a dict icelle contenir verité, y a persisté et signé, et ainsi signé, Louis BRODIER et ANDRÉ en la minutte.

Taxe audict tesmoing pour la presente sa déposition, dix sols. 9 Françoise DANEUIL, veuve de Jacques Thiber, vivant chappellier demeurant à Reims, aagé de cinquante ans ou environ, laquelle après le serment par elle faicte de dire verité et avoir représenté l'exploit à elle donné, en datte du vingt huictiesme des présent mois et an, signé Legros,

A dict cognoistre les parties, ne leur estre parente ny allié, serviteur ny domestique, et après lecture à elle faicte des faicts contenus audict arrest a déposé qu'il y a cinq ans qu'elle est hors du lieu d'Avenay et qu'elle est venu demeurer en cette ville; qu'auparavant elle a tousiours demeuré audict lieu à Avenay, et qu'elle demeuroit proche l'hospital d'Avenay, leur jardin joignant celuy dudict hospital; quelle a veu de tout temps la chapelle dudict hospital, ne scait si on disoit la messe; a veu la salle en laquelle il n'y avoit pas de licts du temps de sa jeunesse, mais seullement des chalits et de la paille, et néanmoins y avoit des pauvres et des malades; et qu'elle a cognoissance que depuis plus de quinze ans, qu'il y a des lits et des matelats, qu'il y a tousiours eu des malades ; et a ouy dire qu'il y en a encore a présent qui sont infirmes de leurs membres, lesquels subsistent par la charitez de la dame ́abbesse d'Avenay, qui y donne trois frois la sepmaine du pain et du potage et du bois et de la paille, et faict charité au plat des questes qui se font pour ledict hospital et a tousiours ouy dire que cestoit ladicte dame d'Avenay qui entretenoit ledict hospital; qui est tout ce qu'elle a dict scavoir lecture a elle faicte de sa déposition a dict icelle contenir vérité et a persisté et déclaré ne scavoir escrire ni signer de ce interpellée suivant l'ordonnance. Signé ANDRÉ en la minutte.

Taxé à ladicte déposante pour la présente sa déposition, sept sols six deniers.

10 Françoise PLOMB, femme de Jacques Cornette, maistre menuisier, demeurant à Reims, aagée de trente-huit ans ou environ, laquelle, après le serment par elle faict de dire vérité et avoir représenté son exploict en datte du vingt huictiesme décembre présent mois et an, signé Legros.

A dict cognoistre les parties, ne leur estre parent ni allié, servante ni domestique, et enquise des faits contenus en l'arrest, dont lecture luy a esté faicte, a deposé qu'il y a environ dix-huict ans qu'elle est venue demeurer en cette ville, et qu'avant ledict temps, elle demeuroit au lieu d'Avenay dont elle est natifve, où elle a veu l'hospital en laquelle il y a une chapelle entretenue, où l'on disoit la messe ; a veu des pauvres dans l'hospital, tant du lieu que des passants et malades,

et a ouy dire aux anciens du lieu qu'il y avoit tousiours eu un hospital audit Avenay, et qu'elle a veu quester pour les pauvres dudict hospital ou elle a tousiours ouy dire que l'hospitalité y a esté observée et gardée; qui est tout ce quelle a dict scavoir. Lecture a elle faicte de sa déposition; a dict icelle contenir vérité, y a persisté et a déclaré ne scavoir escrire ny signer, de ce interpellée et enquis suivant l'ordonnance, et ainsi signé : André en la minute.

Taxé à la déposante pour la présente sa déposition, sept sol six deniers. Signé ANDRÉ, FENEUIL.

MUTIGNY.

·Procès-verbal des dégats causés au terroir de Mutigny par l'orage de 1669.

Ce jourd'hui vingt-troisième octobre 1669, pardevant nous, Hilaire Gosmé, mayeur d'Avenay, sont comparus les habitans de Mutigny, par Remy Tibault, leur premier syndique, assisté de Pierre Sibillet, Nicolas Baillet, habitans dudit lieu, lesquels nous ont dit et remonstré que le samedy, vingtième jour de juillet dernier, sur les trois ou quatre heures après midy seroit survenu une nuée avec tonnerre et foudre et tempeste qui auroit jetté quantité de greslons d'une grosseur extraordinaire et espouvantable qui auroit tellement gasté et ruiné les scepts des vignes et fruicts pendant par les racines, qu'il n'y seroit demeuré que fort peu de chose mesme a ruiné les terres desdites vignes, de sorte que la récolte a esté fort petite, ainsi qu'il est notoire au pays. Et auroient lesdits habitans... jour faict veoir et visiter lesdites vignes dudit terroir de Mutigny par Pierre Bilcart et Nicolas Ligneres (ou Ligneux), demeurant à Mareuil, et par Pierre Plomb et Pierre Fayet, demeurant à Avenay, lesquels ils font comparoitre pour bailler leur rapport de la visitation qu'ils ont faicte après ladite gresle, orage et tempeste, des dégats et ruynes qu'ont souffert lesdits habitans, à cause de la perte et dommage des fruicts, des vignes et des ravinures qu'à causé ladite nuée.-Sur quoy nous avons desdits Bilcard, Ligneux, Fayet et Plomb, présents en personnes, pris et reçu le serment, et sur icelluy ont juré et affirmé qu'ils ont cognoissance de la nuée et orage arrivé sur le terroir dudit Mutigny, ledit jour vingt juillet dernier, pour avoir veu et ouy le tonnerre, la gresle et tempeste, mesme avoir veu les greslons qui estoient gros communément comme des noix et nobertes, d'une façon toute extraordinaire, ce qui a causé une grande ruine sur le terroir de Mutigny, et qui a raviné les terres dans les vignes, et cassé les fruicts pendant par les racines : et estiment qu'il y a eu perte des fruicts et despouilles desdites vignes d'au moins d'un tiers et qui a osté la qualité au vin; de quoy lesdits habitans ont souffert un notable préjudice, perte et dommage. Dont et de tout ce que dessus avons baillé acte pour servir et valloir auxdits

habitans, ainsi que de raison,

et ont signé, excepté ledit Ligneux,

qui a déclaré ne scavoir escrire ni signer.

Ainsi signé BILLECART, Pierre PLOMB, P. FAYET.

Taxé auxdits Billecart, Ligneux, chacun trente sols, et auxdits Fayet et Plomb, chacun vingt sols,

H. GOSMÉ.

1682. Extraits des titres concernant les biens et revenus de l'abbaye royale de Saint-Pierre d'Avenay, au diocèse de Reims, qui se sont trouvez dans les archives de ladite abbaye. — 29 juillet 1627.

Extrait d'un contrat du 23 juin 1682, passé pardevant M. Guimbert, notaire royal à Avenay, présens témoins, expédie en papier, signé dudit Guimbert, par lequel Madame de Sillery, abbesse d'Avenay, a vendu à Charles Drouet, marchand, demeurant audit Avenay, la maison et dépendance y mentionnée située audit lieu, devant le portail de l'église paroissiale Saint-Trézain dudit lieu, moyennant cinq sols de cens seigneurial, portant lods et vente d'une part, et quarante-cinq livres de surcens d'autre part par chacun an.

Signé S. de BOUFFLERS, abbesse; Claude MOREL, prieuse; Marie-Charlotte CAUCHON de Lhéry; S. Anne CLOSIER de Juvigny, sacristine; Anne BROCQ; Marie de ROUGE, dépositaire; S. Hélène de BOUSIES.

1677. — MORT DE Madame de puisieUX, MARQUISE DE SILLERY.

Nous aurions dû parler en son temps d'un grand chagrin qu'éprouva notre pieuse abbesse, par la mort de sa mère, Madame Charlotte d'Estampes, sœur de l'archevêque de Reims, que son esprit, sa gaieté et son penchant aux plaisirs mondains avaient rendue célèbre. Ce ne fut que plusieurs années après la mort du marquis de Sillery son époux (1640), qu'elle songea à réformer sa vie; elle se retirait vers 1657 aux Annonciades de la rue de Sèvres, maison devenue plus tard l'Abbaye-aux-Bois. C'est là que, fatiguée d'un monde dont elle avait goûté les joies et les amertumes, elle devint tout à coup sévère pour ellemême et peut-être aussi pour ceux de ses amis de la veille qui avaient continué à la visiter en sa retraite. C'est du

moins ce que semblent dire ces lignes quelque peu chagrines que nous fournissent les recueils du temps:

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« Si vous le trouvez bon», écrit d'abord, à Madame de Sévigné, Bussy-Rabutin, « je vous ferai faire quelques réflexions sur la mort de la vieille Puisieux. Nous en voilà délivrés! Ne trouvez-vous pas qu'elle contraignoit un peu tr p ses amis? Il falloit marcher droit avec elle! Madame de Sévigné répond: Cette Puisieux étoit bien épineuse! Dieu veuille avoir son àme! Quand elle fut preste à mourir, l'année passée, je disois en voyant sa triste convalescence et sa décrépitude Mon Dieu elle mourra deux fois bien près l'une de l'autre ! Ne disois-je pas vrai ? » - Je suis triste, Monsieur, » écrivoit à son tour le 10 septembre, Madame de Scudéry à Bussy-Rabutin, « je viens de l'enterrement de Madame de Puisieux, on n'a jamais veu une personne mourir si vivante, avec tant de feu et de présence d'esprit. H n'y avoit que quinze personnes à l'enterrement de cette femme, si connue et si recherchée »; et Bussy répondait le 15 septembre: «La mort de Madame de Puisieux m'a autant surpris que si elle n'avoit eu que trente ans. Dieu veuille que nous allions aussy loin, avec un aussi bon esprit qu'elle en avoit. Ce peu de monde connu à son enterrement, après avoir été si recherchée pendant sa vie, marque nonseulement la lâcheté du cœur humain, mais encore la crainte qu'on avoit d'elle quand elle vivoit. (Lettres de Bussy-Rabutin, citées par M. P. P. dans son commentaire de Tallement des Réaux, t. Ior, p. 479.)

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On sait par les propos de Tallement et par divers écrits du temps que Madame de Puisieux ne fut pas plus ménagère de sa fortune que de celle de sa maison. Nous avons dans nos propres papiers un Etat des deniers employés par Madame, depuis le décès de feu Monseigneur, tant en acquit des dettes mobiliaires qui estoient dues du vivant de mondit seigneur qu'en dépenses extraordinaires faites depuis. On y lit entre autres choses :

Premièrement. La somme de 90,000 livres à plusieurs marchands, ouvriers et autres qui avoient fourni et travaillé pour la maison du vivant de Monseigneur, tant à Paris, Présigny, Marines, que Sillery, en ce compris quelque chose pour Monsieur de Sillery...

Plus la somme de 8,000 livres pour les frais généraux de feu Monseigneur, sans y comprendre les habits de deuil.

A M. le Fegneux, 3,800 livres qui lui estoient deus par obligation de feu Mgr, et qu'il avoit emprunté pour payer le reçu des ouvrages de menuiserie de Bergny (Berni).

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