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des Travaux de l'année 1877-1878

Par M. Ch. LORIQUET, Secrétaire général.

MESSIEURS,

Le premier coup d'œil jeté sur les séances de l'année pour vous en rendre compte m'avait effrayé. Je me rappelais qu'une d'elles avait été occupée par un savant professeur de la Sorbonne, M. Jamin, pour vous expliquer le mécanisme et le jeu du téléphone; que, dans une autre, un jeune et déjà célèbre professeur de l'Université catholique, M. de Lapparent, vous avait exposé les travaux faits dans le sol de la Manche par les ingénieurs chargés de l'étudier au point de vue de l'exécution d'un tunnel qui relierait l'Angleterre et la France. Vous étiez encore sous le charme de leur parole, lorsqu'un savant voyageur, M. Lavanchie, vous a donné sur les monuments de l'Egypte et sur les inscriptions qu'ils portent les détails les plus intéressants. à l'aide

d'une série de photographies qui les reproduisent et de leur projection. Enfin, un chercheur intrépide, M. le docteur Brébant, vous a honorés les premiers d'une intéressante communication, en vous soumettant ses expériences sur la vigne qui tendraient à démontrer que les vrilles représentent rudimentairement sur la tige qui les porte une feuille et un raisin, et qu'en pinçant l'un de leurs crochets dans la saison convenable on peut développer sur l'autre une grappe. Si les expériences faites à ce sujet par la société d'horticulture confirment les faits annoncés par M. Brébant, sa découverte aura les conséquences les plus importantes pour la production vinicole, et on pourra la considérer comme un véritable bienfait.

Cette part d'honneur faite aux étrangers qui ont bien voulu occuper une partie de nos séances, j'aborde l'exposé de vos propres travaux, et j'espère vous démontrer, par leur énumération, qu'ils n'ont cédé en nombre et en intérêt à ceux d'aucune des années précédentes.

il

A une époque encore peu éloignée de nous, était de mode de n'ajouter aucune croyance à la chronologie biblique et de chercher de tout côté des objections propres à la combattre. Un travail récent de notre correspondant M. Oppert établit d'une manière indiscutable la concordance parfaite entre la Bible et la chronologie mythique des Chaldéens. Dès 1871, on connaissait les rapports existant entre cette dernière et la computation cyclique des Egyptiens; la découverte de ses rapports avec la chronologie biblique date de quelques années après.

Il serait impossible d'exposer en quelques ligues la démonstration de M. Oppert; je rapporterai seulement un des résultats consignés dans son travail et qui est comme le point de départ de ses calculs. La création, dans la Bible, a occupé sept jours, y compris celui du repos; et, chez les Chaldéens, 168 myriades d'années. Or la semaine contenant 163 heures, chaque heure biblique est équivalente à 10,000 ans, chaque jour à 240,000 ans chaldéens.

Je m'arrête, et je me borne à vous faire remarquer que les géologues pourront désormais accepter sans difficulté les sept jours de la Bible, l'espoir d'un accord entre eux et les théologiens n'est donc pas perdu.

En attendant, d'ardents explorateurs du sol multiplient les découvertes qui élargissent de plus en plus le cercle de la création. Les terrains qui entourent Reims, vous a dit M. le docteur Lemoine, ont cet intéressant caractère de présenter le point de contact entre les époques de la formation du globe qui offrent le plus de différences au point de vue zoologique, d'une part les terrains secondaires représentés par la craie, de l'autre, les terrains tertiaires auxquels appartiennent ces couches de sable et de calcaire que l'on trouve dans nos environs. Les débris recueillis dans ces deux sortes de terrains par notre confrère, lui ont permis de reconstituer un très-grand nombre d'animaux dont on connaissait encore peu d'espèces; la série des mammifères s'est, grâce à lui, enrichie de 23 espèces, celle des oiseaux de 4, celle des rep

tiles de 16, celle des poissons de 20, celle des tortues de 12. Comparées aux découvertes publiées dans les dernièrés années, celles du pays. de Reims l'emportent en nombre et en importance; et, comme la remarque en a été faite dans la réunion des sociétés savantes à la Sorbonne, ce qui leur donne un intérêt particulier, c'est que quelques-uns des types étudiés par M. Lemoine ont de l'analogie avec les animaux trouvés dans l'argile de Londres, dans les terrains tertiaires de l'Alsace et du midi de la France; ils vont, par suite, permettre d'établir la concordance chronologique de ces divers terrains avec ceux du bassin de Paris.

M. Gainet est d'avis que les écrivains qui se sont occupés de la philosophie de l'histoire n'ont pas donné à la Chine le rang qui lui appartient. Il s'est appliqué à le lui rendre dans un mémoire en deux parties.

Dans la première, il établit que l'histoire de la Chine repose sur des bases certaines. A cet effet il expose les garanties de sincérité que la loi chinoise réserve aux historiens, ou plutôt au tribunal qui est chargé de la rédaction des histoires officielles; puis il établit la concordance de la chronologie chinoise avec celle des anciens peuples dont il expose successivement le système en en démontrant l'accord, sans omettre de ré· duire dans les bornes fixées par l'histoire et par l'ensemble des phénomènes terrestres, la prétention hasardée de nos jours sans preuves scientifiques, de reporter l'existence de l'homme jusqu'à l'époque tertiaire.

Dans la seconde partie de son mémoire, la haute antiquité du peuple chinois, l'immense étendue de son territoire, la nombreuse population qui le couvre, son budget, modéré pour un si grand état, sont successivement étudiés; l'honneur qu'on accorde en Chine à l'agriculture, le respect des sujets pour l'autorité, des élèves pour leurs maîtres, des enfants pour les parents, les distinctions exclusivement réservées aux savants, la perfection où les arts et les sciences y ont été portés, celle qu'y ont atteinte dès la plus haute antiquité la jurisprudence et la morale, tout, le théâtre même, lui paraît mériter des éloges. Toutefois, M. Gainet l'avoue, pour que ce tableau flatteur soit exact il faut remonter assez loin dans l'histoire de la Chine, car sa population s'est notablement pervertie en descendant l'échelle des âges. Pour y retrouver la pure morale et la simplicité de moeurs qu'ont vantées les historiens du siècle dernier, il faut mettre de côté les importations boudhiques et remonter à l'époque où les livres sacrés, dont la doctrine est restée le fond de sa religion officielle, étaient seuls en honneur. L'abandon des croyances primitives a rendu possibles, surtout dans le peuple, des excès et des vices dont on n'eût pas trouvé d'exemple il y a mille ans, tels que l'exposition des enfants, la cruauté dans les supplices, la mauvaise foi dans les transactions.

M. Gainet a complété son travail, en y joignant un choix de maximes et de proverbes extraits des livres chinois par le P. Cibot, missionnaire à Pékin.

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