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Pag. Lign. FAUTE S.

CORRECTIONS.

209 N. I honoraire

d'honneur

Ib. N. 2 Après de Parme à Paris. ajoutez: il y avait un grand nombre

de lettres à M. d'Argental, antérieures à celle-ci. Les premières dataient de 1716 ou 1717. On n'a

pu les retrouver, quoiqu'elles aient été données, à ce qu'on croit,

avec les autres, par M. d'Argental.

Il n'a ceffé jufqu'à fa mort de prendre le plus vif intérêt à cette édition des œuvres de M. de Voltaire. Non-feulement il a déterminé par fes follicitations plufieurs perfonnes de confidération en France à communiquer les lettres qu'elles avaient reçues de M. de Voltaire, mais il a employé pour le même objet dans les pays étrangers, avec un zèle qui ne s'eft jamais refroidi, le crédit des miniftres avec lefquels fa place le mettait en relation. Il n'a pu jouir malheureusement de cette partie de l'édition. Avec quelle fenfibilité, avec quelle douce émotion n'eût-il pas lu cette Correspondance où fon nom tient le premier rang! Combien n'eût-il pas chéri ce monument qui doit tranfmettre à la postérité de nombreux témoignages des qualités rares de fon efprit, comme des vertus de fa belle ame, et l'affocier à la gloire de fon ami! Si la perte de M. d'Argental a dévancé la publication de ce recueil, les éditeurs ont dû payer du moins à fa mémoire le jufte tribut de leur reconnaiffance. Ils ont cru ne pouvoir mieux remplir ce devoir qu'en confignant la notice intéreffante de M. de la Harpe dans l'un des volumes de cette collection. ( tome. LXIII, page 459.) Ils joindront ici quelques détails fur la famille de M. d'Argental.

Charles-Auguflin de Fériol, comte d'Argental, naquit à Paris, le 20 de decembre 1700, d'une famille diftinguée par fon amour pour les lettres et les arts. Il fut le fecond fils de M. de Fériol, d'abord receveur général des finances du Dauphiné, et enfuite préfident au parlement de Metz, comme fon père, et de N. Guerin de Tençin, fœur du cardinal de ce nom, et de la célèbre madame de Tençin. On doit à M. de

Fériol fon oncle, ambaffadeur à la Porte ottomane, un ouvrage intéreffant fur les mœurs et les ufages des Turcs, M. de Pont-de-Vefle, frère aîné de M. d'Argental, a été fort connu par les agrémens de fon efprit, fa gaieté, fes vers faciles, et par plufieurs comédies reftées au théâtre.

M. d'Argental, né timide, débuta dans le monde avec moins de fuccès. Il fut d'abord deftiné à l'état militaire, mais fon frère ayant refufé une charge de confeiller au parlement de Paris, fes parens engagerent M. d'Argental fon cadet à le remplacer, et par déférence pour eux, il fe dévoua à la magiftrature pour laquelle il n'avait point de goût, et dont il a cependant rempli les devoirs pendant plus de quarante années avec autant de zèle que de lumières. Il fut fait confeiller d'honneur, et céda cette charge en 1771, à l'abbé de Chauvelin, dont le frère, le marquis de Chauvelin, était depuis long-temps fon intime ami. M. d'Argental avait été nommé en 1738, à l'intendance de SaintDomingue. Tous fes amis qui craignaient de le perdre pour jamais, le prefsèrent tellement de renoncer à cette place qu'il dut céder à leurs inflances.

Il accepta en 1757, celle de miniftre plénipotentiaire de l'infant duc de Parme auprès du roi, que madame infante, fille de Louis XV, qui était alors à la cour, fit créer pour lui. Il dut principalement ce don que la princeffe accompagna de toute la grâce poffible, à l'amitié de M. le duc de Choifeul qui lui fut toujours très-attaché, ainfi que feu M. le duc de Praflin.

M. d'Argental fut admis très-jeune dans la fociété de madame de Tençin fa tante, où il vécut avec tout ce que la France avait de plus diftingué dans les lettres. Sa liaison avec M. de Voltaire s'était formée dès le collège. Ils y avaient joué ensemble dans les tragédies que les jéfuites étaient dans l'ufage de faire repréfenter. L'analogie de leur goût pour la poëfie et pour les ouvrages dramatiques, une forte de fympathie avaient cimenté leur amitié qui ne s'eft jamais démentie pendant foixantedix ans. M. d'Argental, né avec beaucoup de fenfibilité et de goût, fut toute fa vie adorateur des grands talens; et quand à la fleur de fon

âge, il les trouva unis avec l'efprit et la beauté dans mademoiselle le Couvreur, l'on dut peu s'étonner de la paffion violente qu'il conçut pour elle, quoique beaucoup plus âgée que lui. Il eut la douleur de la voir mourir entre lui et M. de Voltaire en 1730, à l'âge de quarante ans. Elle le chargea de remplir fes dernières intentions, et de partager fa petite fortune entre deux filles naturelles qu'elle laiffait. Il les maria depuis toutes deux, et comme le bien de mademoiselle le Couvreur ne fuffifait pas pour leur procurer un établiffement avantageux, il y ajouta du fien quoiqu'elles lui fuffent étrangères, et qu'il fût peu riche alors. Il s'eft toujours intéressé à leur fort et à celui de leurs enfans, et leur en a même donné des preuves dans fon teftament. Une petite anecdote pourra faire connaître la manière dont M. d'Argental savait aimer; on fait que les préjugés dont l'empire décroît de jour en jour à mefure que celui de la raifon s'étend, avaient forcé les amis de mademoiselle le Couvreur à la faire enterrer furtivement fur les bords de la Seine vers la rue Belle-Chaffe. Cinquante ans après, M. d'Argental à l'âge de plus de quatre-vingts ans, apprenant qu'un particulier propriétaire de ce terrain avait découvert, en batiffant, les veftiges du tombeau de mademoiselle le Couvreur, court fur les lieux, reconnait en pleurant ces traces précieuses, obtient d'y ériger un monument, et fait graver des vers où fe peint toute la fenfibilité de fon ame.

y

Quelques années après la mort de cette célèbre actrice, M. d'Argental époufa mademoiselle du Bouchet, dont le père furintendant de M. le duc de Berri avait diffipé la fortune; mais il n'avait rien négligé pour l'éducation de fa fille, elle avait des grâces et de l'efprit, et c'était affez pour le bonheur de M. d'Argental. Il vécut avec elle dans la plus parfaite union jufqu'en 1774, où il eut le malheur de la perdre fans en avoir eu de poftérité. Il lui a furvécu jufqu'au 6 de janvier 1788; époque funefte pour tout ce qui l'approchait, et dont M. de la Harpe a parlé avec tant de fenfibilité.

Depuis fa mort on a appris de Me de Courteille, qui lui était trèsattachée, que le roman du comte de Comminges, attribué jufqu'ici à madame de Tençin eft de M. d'Argental, fon neveu; et elle le favait

de lui-même. On connaît auffi des vers très-agréables de M. d'Argental; nous n'en citerons que quatre. Dans le dernier féjour de M. de Voltaire à Paris, fon cher ange ne le quittait guère. A la fin d'une journée pénible où tout Paris était venu rendre hommage au vieillard de Ferney, M. d'Argental lui dit : Si quelqu'un a dû jamais être fatigué d'hon

neurs et de louanges, c'est vous. On vous en accable. Jamais ce mot " de grand-homme n'a été prononcé par tant de bouches. Mais c'est , un éloge trop rebattu. Il eft devenu en général et furtout par vous › en particulier, un lieu commun, une expreffion triviale. Que ces meffieurs vous appelent avec la poftérité, grand-homme, tant qu'ils " voudront; moi qui vous connais mieux et depuis plus long-temps " qu'eux tous, je vous réserve un éloge auffi yrai et plus neuf, ,, aucun de nos Parifiens ne s'en eft encore avifé. Eh quoi? dit M. de " Voltaire. C'eft que vous êtes un bon homme et que vous l'avez

car

, toujours été. Par ma foi, vous avez raison, reprit M. de Voltaire, " cet éloge me touche plus que tous les autres; et il a cela de bon " qu'on peut l'accepter fans trop bleffer la modeftie. " La converfation continua fur ce ton, la foirée fut très-gaie, et fournit à M. d'Argental le fujet de cette infcription qu'il mit fur une flatue de M. de Voltaire :

Que pourrait-il manquer à fa célébrité?

Ses écrits à jamais vivront dans la mémoire ;
Affez d'autres fans moi parleront de fa gloire,
Je ne veux déformais que louer fa bonté.

Voici ceux que M. le commandeur de Buffevent fit pour le bufte de M. d'Argental fon ami:

Philofophe fans fafte et fans pédanterie,

L'infortune à fon cœur commande les bienfaits;
Homme rare, ami sûr, le charme de fa vie

Eft de s'environner des heureux qu'il a faits.

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TOME L II I. Correspondance générale, tome 2.

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