paffait pour un aigle; mais en moins de quatre mois l'aigle s'eft changé en oifon. Il a trouvé le fecret d'anéantir le crédit au point que l'Etat a manqué d'argent tout d'un coup pour payer les troupes. Le roi a été obligé d'envoyer fa vaiffelle à la monnaie; une bonne partie du royaume a fuivi cet exemple. 12 de février 1760. Enfin, après quelques perfidies du roi de Prufse, comme d'avoir envoyé à Londres des lettres que je lui avais confiées, d'avoir voulu femer la zizanie entre nous et nos alliés, toutes perfidies très-permises à un grand roi, furtout en temps de guerre, je reçois des propofitions de paix de la main du roi de Pruffe, non fans quelques vers; il faut toujours qu'il en faffe. Je les envoie à Versailles; je doute qu'on les accepte il ne veut rien céder, et il propose pour dédommager l'électeur de Saxe qu'on lui donne Erford qui appartient à l'électeur de Maïence: il faut toujours qu'il dépouille quelqu'un; c'eft fa façon. Nous verrons ce qui réfultera de ces idées, et furtout de la campagne qu'on va faire. : Comme cette grande et horrible tragédie eft toujours mêlée de comique, on vient d'imprimer à Paris les poëshies du roi mon maître, comme difait Freitag; il y a une épître au maréchal Keit dans laquelle il fe moque beaucoup de l'immortalité de l'ame et des chrétiens. Les dévots n'en font pas contens, les prêtres calviniftes murmurent, ces pédans le regardaient comme le foutien de la bonne cause, ils l'admiraient quand il jetait dans des cachots les magiftrats de Leipfick, et qu'il vendait leurs lits pour avoir leur argent. Mais depuis qu'il s'eft avifé de traduire quelques paffages de Sénèque, de Lucrèce et de Cicéron, ils le regardent comme un monstre. Les prêtres canoniferaient Cartouche dévot. |