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Ille velut fidis arcana fodalibus olim
Credebat libris neque, fi malè gefferat uf

quam,

Decurrens aliò, neque fi bene. Quo fit ut

omnis

Votivá pateat veluti defcripta tabellâ
Vita fenis.

Pompée, du côté maternel, étoit petit-fils, ou plutôt petit - neveu de Lucile.

De tous les Ouvrages, il ne nous refte que quelques fragmens de fes Sa

tyres.

Ce Poéte eut une grande réputation de fon vivant même, & il la conferva long-tems après fa mort, jufques-là qu'il avoit encore, du tems de Quin-. tilien, des partifans fi zélés, qu'ils le préféroient, non feulement à tous ceux qui avoient travaillé dans le même genre que lui, mais généralement à tous les Poétes de l'antiquité.

Sat. 1. bai

Horace en jugeoit bien autrement. Sat.4. 1. 1. Il nous le repréfente à la vérité comme un Poéte d'un goût fin & délicat pour la raillerie, facetus, emunda naris: mais

dur

a Lucilius quofdam ita deditos fibi adhuc habet amatores, ut eum non ejufdem modò operis auctoribus, fed omnibus poëtis præferre non dubitent. Quintil. lib. 10. cap. 1.

Satyr. 10. lib. I.

dur & forcé dans fa compofition: ne pouvant fe donner la peine qu'il faut prendre pour écrire, c'eft-à-dire pour écrire bien: car d'écrire beaucoup c'étoit fon grand défaut. Il étoit fort content de lui-même, & croioit avoir fait merveille, quand il avoit dicté deux cent vers en moins de tems qu'il n'en faloit pour les jetter fur le papier. En un mot, Horace le compare à un fleuve, qui parmi beaucoup de boue roule néanmoins un fable précieux.

Le jugement qu'Horace avoit porté de Lucile, excita dans Rome de grandes clameurs. Les partifans de ce dernier, outrés de voir qu'on eût ofé par ler de la forte de leur Héros, publiérent qu'Horace n'avoit médit de Lu cile que par envie, & pour fe mettre par là au-deffus de lui. Nous ne devons pas leur favoir mauvais gré de leurs plaintes, quelque injuftes qu'elles fuffent: car elles nous ont valu une excellente Satyre, dans laquelle Ho race, en rendant à Lucile toute la juf tice qui lui eft dûe, confirme & fou tient par de folides preuves le juge ment qu'il en a porté.

Je fuis faché, pour l'honneur de Quintilien, qu'un Critique auffi fen

fé que lui, & d'un goût fi exact, s'écarte ici du fentiment d'Horace. Il ne peut lui pardonner d'avoir comparé les écrits de Lucile à des eaux bourbeufes, d'ou 'l'on peut pourtant tirer quelque chofe de bon. Je a trouve, ditil, en lui une érudition merveillenfe, & une très-grande liberté, qui rend fes Ou vrages piquans & pleins de fel. Horace lui accorde ces derniéres qualités, qui n'empéchoient pas qu'il n'y eût dans Lucile beaucoup d'endroits vicieux, qui méritoient d'être retranchés, ou réformés. Pour l'érudition, Quintilien heurte ici directement le fentiment de Ciceron. Ses b Ouvrages, dit-il en parlant de Lucile, font affez légers : on y trouve beaucoup de plaifanterie, mais jeu d'éradition. Au refte nous ne pouvons pas bien juger aujourd'hui d'un Poéte, d'ont il ne nous refte prefque rien.

S. IT

Second âge de la Poésie Latine. L'INTERVALLE de tems dont je

par

a Nam & eruditio in eo mira, & libertas, atque inde acerbitas, & abunde falis. Lib. 10.c.1.. b Et funt fcripta illius (Lucilii) leviora, ut, urbanitas fumma appareat, doctrina medio ais. Cic. de Finib. lib. 1. n. 7.

parle ici, qui s'eft écoulé depuis Jule Céfar jufqu'au milieu de l'Empire de Tibère, & qui renferme environ cent ans, a toujours été regardé, par raport aux Belles Lettres, comme le fiécle d'or, pendant lequel une foule de beaux efprits en tout genre, Poétes, Hiftoriens, Orateurs, ont porté la gloire de Rome au plus haut comble. Jufques-là, la Litérature avoit fait de grands efforts, & l'on peut dire même de grands progrès: mais elle n'étoit point encore parvenue à ce jufte dégré de maturité qui fait la perfection des Arts. Il y avoit dans les Ecrits du bon fens, du jugement, de la folidité, de la force, mais peu d'art, encore moins d'ornement, nulle délicateffe. Un petit nombre d'heureux génies, réunis dans un efpace de tems affez court, tout d'un coup & comme infpirés, ajoutant aux excellentes qualités de leurs prédéceffeurs, celles qui leur avoient' manqué, fixerent en tout genre le bon goût pour toujours, & d'une maniére irrévocable; de forte que dès qu'on commença à perdre de vûe ces parfaits modèles, tout commença ausfitôt à dégénérer.

Les heureux commencemens qui

ont

ont été expofés, préparoient aux merveilles qui fuivirent: & de même que la premiére notion des Belles-Lettres dans Rome étoit venue de la Gréce, auffi fut-ce en étudiant de plus en plus les Ecrivains Grecs, que les Romains parvinrent à la perfection. Les premiers Poétes, Tragiques & Comiques particuliérement, s'étoient contentés de traduire les piéces Grecques.

Horat.

Tentavit quoque rem, fi dignè vertere poffet, Epift. 1. Et placuit fibi.

Ils firent enfuite un pas de plus. Ils oférent voler de leurs ailes, & firent des piéces toutes Romaines.

Nil intentatum noftri liquerę poëtæ :

lib. 2.

Id. de

Art.

Nec minimum meruere decus veftigia Poët.

Græca.

Aufi deferere, & celebrare domeftica facta;
Vel qui Prætextas, vel qui docuere Togatas.

Ce qui n'avoit pas tout-à-fait réuffi aux Poétes Dramatiques, réuffit parfaitement à Horace dans la Poéfie Lyrique.

Rome, animée d'une noble émulation, qui fut le fruit de la lecture des Ouvrages Grecs, & de l'eftime qu'on en avoit conçue, fe propofa de les éga

ler,

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