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蔬菜:蔬菜蔬蒸蘿弟蔬菜

SECONDE PARTIE.

HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE..

AVANT-PROPO S..

'ENTENDS par Hiftoire de la Philofophie, l'hiftoire des Dogmes qu'enfeignoit chaque Secte des anciens Philofophes.

La Philofophie, chez les Anciens, contenoit trois parties: la Dialectique ou Logique, qui dirige les operations de l'efprit, & s'applique à former le: raifonnement; la Phyfique, (fous laquelle étoit auffi renfermée la Métaphyfique) qui confidere la formation du Monde, les effets de la nature, l'existence & les attributs de la Divini té, la nature de l'ame; enfin la Morale, qui régle les mœurs, & traite: des devoirs de la vie.

Voilà une ample matiere. On n'at tend pas de moi que je la traite à fond.. J'ai déja déclaré plus d'une fois que je n'écrivois point pour les Savans. On entend tous les jours parler, & plufieurs Livres font fouvent men

tion, de Stoïciens, de Péripatéticiens, d'Epicuriens. J'ai cru qu'il étoit à propos de mettre le commun des hommes au fait des principales questions agitées parmi ces Philofophes, mais fans entrer dans un détail exact de leurs difputes, qui fouvent font très épineufes & très défagréables.

Avant que d'entrer en matiere, je ne puis m'empêcher de faire obferver le merveilleux goût qui régnoit dans Pantiquité, parmi les perfonnes les plus confiderables par raport à toutes les Sciences, & en particulier par raport à l'étude de la Philofophie. Je ne parle pas feulement des Grecs. Nous: avons vû dans quelle eftime étoient à la Cour de Créfus ces fameux Sages de la Gréce; le cas & l'ufage que Periclès faifoit des leçons d'Anaxagore; avec quel empreffement les plus illuftres citoiens d'Athénes recherchoient les converfations de Socrate; quel dévouement Dion, malgré les attraits d'une Cour livrée au plaifir, fit paroitre pour Platon; quel goût infpira Ariftote à Alexandre le Grand fon éleve pour les connoiffan ees même les plus abftraites; enfim combien Pythagore & fes difciples

furent

furent confiderés par les Princes de cette partie de l'Italie qui fut appellée la grande Gréce.

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Les Romains, à cet égard, ne le céderent point aux Grecst depuis qu'une fois la connoiffance & le goût des beaux Arts fe furent introduits parmi eux. Paul Emile, après la conquête de la Macédoine, regarda comme un des plus doux fruits de fa victoire de faire venir de la Grèce à Rome un Philofophe, pour instruire fes enfans qui étoient déja dans le fervice, & pour l'entretenir lui-même dans fes heures de loifir.. Scipion l'Africain, qui a détruifit Carthage & Numance, ces deux redoutables rivales de Rome, fut, au milieu des plus importantes occupations tant en guerre qu'en paix, fe procurer des

b

a Africanus duos terrores imperii Romani, Carthaginem Numantiamque deleverat. Pro Mur. n. 58.

&

Ille, requiefcens à reip. Pulcherrimis muneribus, otium fibi fumebat aliqando à cœtu hominum frequentiaque interdum, tanquam in portum fe in folitudinem recipiebat. De offic. lib. 3. n. 2.

Scipio tam elegans liberalium ftudiorum omnifque doctrinæ & auctor & admirator fuit. ut Polypium Panatiumque præcellentes ingenio viros, domi militiæque femper fecum habuerit. Vell. Pater. lib. 1. cap. 13.

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entretiens.

momens de repos & de retraite, pour jouir de la converfation de Polybe & du philofophe Panétius qu'il avoit toujours avec lui. Lélius, ce modele de vertu, plus refpectable par fa douce fageffe que par fes dignités, l'ami intime de Scipion, partageoit avec lui le plaifir de ces favans & agréables L'amitié de ces deux grands hommes pour Panétius alloit jufqu'à la familiarité, & Ciceron dit que ce Philofophe en étoit bien digne. Quels honneurs Pompée ne rendit-il point à Pofidonius, étant allé exprès à Rhodes, au retour de fes glorieufes campagnes contre Mithri date, pour voir & entendre ce Philofophe! Luculle, dans le tems mê me de fes campagnes, où un Général peut à peine refpirer, trouvoit pourtant des momens de loifir pour

a Homo inprimis in genus & gravis, dignus illa familiaritate Scipionis & Lelii, Panætius. De Finib. lib. 2. n. 23.

b Majore ftudio Lucullus cum omni literarum generi tum philofophiæ deditus fuit. quâm qui illum ignora quàm arbitrabantur. Nec verò ineunte ætate folum, fed & quæftor aliquot annos, & in ipfo bello: in quo ita magua rei militaris effe occupatio folet, ut nom multum imperatori fub ipfis pellibus otii re linquatur... Antiochum fecum habuit. Aco dem. Quæft. lib. 4. 1 4

fatisfaire le goût qu'il avoit pour les Belles-Lettres, & en particulier pour la Philofophie, & pour entendre le philofophe Antiochus, qui étoit le compagnon de tous fes voiages.

Mr. l'Abbé Gédoyn fait remarquer, Mem. de l'Acad. au fujet d'une Lettre de Denys d'Hades Belles licarnaffe à Pompée, l'ufage que les Tom. V.' grands hommes de la Republique Ro

Lettres,

D. 126.

maine favoient faire de leur loifir. L'excellente éducation, dit-il, que recevoient les Romains, les rendoit favans prefque dès l'enfance. On les inftruifoit à fond dans leur langue, & dans la langue Grecque ces deux langues, qui étoient vivantes, leur coutoient peu à apprendre. On leur infpiroit de bonne heure du goût pour les excellens Ecrivains. Ce goût, verfé, s'il faut ainfi dire, dans des ames tendres, fe fortifioit avec l'âge, & les portoir à rechercher la focieté des Savans, dont la converfation put fuppléer aux lectures que les affaires leur déroboient. De là il arrivoit que les Romains, aiant tous l'efprit cultivé par les Lettres, vivoient entr'eux dans un commerce continuel d'érudition. Et quelle devoit être la converfation d'un grand nombre de Romains, lorfqu'ils venoient à fe trou

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