Page images
PDF
EPUB

cien, tout fier de fa prétendue ver

tu! St. Paul, fi rempli de bonnes œu1. Corint. vres, ne parloit pas ainfi. Je n'ose pas cap. IV. me juger moi-même, difoit-il, Car, env. 3.84. core que ma confcience ne me reproche rien,

je ne fuis pas juftifié pour cela : mais celui qui me juge c'eft le Seigneur. Au refte cette priere, toute imparfaite qu'elle eft, fera la condannation de beaucoup de Chrêtiens. Car elle nous montre qu'un parfaite obéiffance, un entier devouement, une pleine refignation à toutes les volontés de Dieu, étoient regardées par le Paganifme même, comme des devoirs indifpenfables de la Créature à l'égard de celui de qui elle tient l'être. Ce Philofophe a connu le terme des devoirs & des vertus : il a eu le malheur d'en ignorer le principe.

Epictete étoit à Rome dans le tems que S. Paul y faifoit tant de converfions, & que le Chriftianifme naiffant brilloit avec tant d'éclat par la conftance inouïe des Fidéles. Mais, loin de profiter d'une fi vive lumiere, il blafphemoit contre la foi des premiers Chrêtiens, & contre le courage heroï- que des Martyrs. Dans le IV. chapitre du VIIe. Livre d'Arrien, Epictéte, après avoir montré qu'un homme qui

fent

[ocr errors]

fent fa liberté, & qui eft perfuadé que
rien ne lui peut nuire parce qu'il a Dieu
pour Libérateur, ne craint ni les fa-
tellites ni les épées des Tyrans, ajou-
te: LA FOLIE ET LA COUTUME ont pu
porter quelques-uns à les méprifer, com-
me elles y portent les Galiléens; & la C'est ain
raifon & la démonftration ne pourront le
fi que les
faire? Il n'y avoit rien de plus oppofé étoient
à la doctrine. Evangelique, que l'or- appellés.
gueil Stoïcien.

CHAPITRE TROISIEME.

HISTOIRE DES PHILOSOPHES.

J'A

DE LA SECTE ITALIQUE.

'AI DEJA DIT que la fecte Italique fut ainfi appellée, parce que c'eft dans cette partie de l'Italie appellée la grande Gréce, qu'elle a été établie par Pythagore.

Je partagerai ce Chapitre en deux Articles. Dans le premier j'expoferai la vie de Pythagore, & celle d'Empédocle le plus célébre de fes difciples. Dans le fecond je raporterai le partade la fecte Italique en quatre autres fectes.

ge

[blocks in formation]

Chretiens

1

[ocr errors]

ARTICLE PREMIER..

PYTHAGORE..

Ding LA PLUS commune opinion eft Laert. que Pythagore étoit de Samos, & fils de Mnéfarque Sculpteur. Il fut d'abord difciple de Phérécide, que l'on met au nombre des fept Sages. Après la mort de fon Maître, comme il avoit un defir extraordinaire de s'inftruire, & de connoitre les mœurs des étrangers, il abandonna fa patrie & tout ce qu'il avoit, pour voiager.

AN. M.

344.

Av. J.C. 5.64,

Il demeura un tems affez confidérable en Egypte, pour y converfer avec les Prêtres, & pour apprendre d'eux ce qu'il y avoit de plus caché dans les: mystéres de leur religion & de leur fageffe. Polycrate écrivit en fa faveur à Amafis Roi d'Egypte, afin qu'il le traitât avec diftinction. Pythagore paffa eufuite dans le pays des Caldéens, pour connoitre la Science des Mages. On prétend qu'il a pu voir à Babylone Ezéchiel & Daniel, & profiter de leur lumiéres. Après avoir voiagé dans divers endroits de l'Orient, il alla en Créte, où il fit une liaison très étroite avec le fage Epiménide. Enfin, après

s'être ainfi enrichi de differentes connoiffances, dans les divers pays qu'il parcourut, il revint à Samos, chargé de précieufes dépouilles qui avoient été le but, & qui étoient le fruit de fes voiages.

Le chagrin qu'il eut de voir fa patrie opprimée par la tyrannie de Polycrate, lui fit prendre la réfolution de s'exiler volontairement. Il paffa dans. cette partie de l'Italie qui a été appellée la grande Gréce, & s'établit à Crotone dans la maifon de Milon le fameux Athléte, où il enfeigna la Philofophie.. C'eft de là que la fecte dont il a été l'auteur, s'eft appellée Italique.

9.

Avant lui, comme je l'ai déja obfer- Tufc. vé, ceux qui excelloient dans la con- Quaft. noiffance de la nature, & qui fe renlib.5.n.. doient recommandables par une vie réglée & vertueufe, étoient appellés Sages, σοφό.. Ce titre lui paroiffant trop faftueux, il en prit un autre, qui faifoit voir qu'il ne s'atribuoit pas la poffeffion de la fageffe, mais feulement le defir de la pofféder. Il s'appella donc Philofophe, c'est-à-dire Amateur de la fageffe.

La réputation de Pythagore fe répandit bientôt dans toute l'Italie, &

Tufc. Quest

lib. I. n.

38.

3472.

4. n. 3.

lui attira un grand nombre de difciples. Quelques-uns ont mis de ce nombre Numa qui fut élu roi de Rome : mais ils fe trompent. Pythagore fleuriffoit au tems de Tarquin dernier Roi des Romains, c'est-à-dire l'an de RoAN. M. me 220, ou, felon Tite - Live, fous Servius Tullius. L'erreur * de ceux Tufc. qui l'ont fait comtemporain du Roi Quæft.lib. Numa, eft glorieuse à l'un & à l'autre. Car on ne tomba dans cette penfée que parce qu'on crut que Numa n'auroit pu faire paroitre tant d'habileté & de fageffe dans le gouvernement, s'il n'avoit été difciple de Pythagore. Ce qui eft certain, c'eft que dans la fuite fa réPlut. in putation étoit fort grande à Rome. Il faloit que l'on y eût conçû une grande pag. 65. idée de ce Philofophe, puifqu'un OraPlin. lib. cle, pendant la guerre contre les Samnites aiant ordonné aux Romains d'ériger deux ftatues, l'une au plus brave & l'autre au plus fage des Grecs, ils les firent dreffer en honneur d'Alcibiade & de Pythagore. Pline trouve ce double choix fort étonnant.

Num.

34.cap.6.

[ocr errors]
[ocr errors]

Il faifoit fubir à fes écoliers un rude noviciat de filence, qui duroit pour le

moins

* Ovide a fuivi cette fauffe tradition au XVe, Livre des Métamorphoses.

« PreviousContinue »