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Lyfimaque. Le Philofophe lui parla avec tant d'effronterie, que l'Intendant de ce Prince qui fe trouva préfent, lui dit: Je croi, Théodore, que tu t'imagines qu'il n'y a pas de Rois, non plus que de dieux.

On croit que ce Philofophe fut à la fin condanné à mort, & qu'on l'obligea de prendre du poifon.

Nous voions ici combien cette doctrine impie de l'Athéifme, contraire à la créance commune & immémoriale des hommes, fcandalife & révolte généralement tous les peuples, jufqu'à être jugé digne de mort. Elle doit fa naiffance à des maitres plongés dans la débauche de la bonne chére & des femmes, & qui fe propofent la volupté des fens pour leur derniére fin.

ARTICLE SECOND.

De la fecte Mégarique.

ELLE fut établie par EUCLIDE, qui étoit de Mégare, ville d'Achaie, près de l'Ifthme de Corinthe. Il étu dioit actuellement fous Socrate à Athé. nes, lorfque furvint le

cret, qui donna lieu en Z 4

célébre Dé

partie à la

guerre

guerre du Péloponnefe, & qui défendoit aux citoiens de Mégare, fous peine de mort, de mettre le pié dans Athénes. Un danger fi préfent ne put refroidir fon zèle pour l'étude de la fageffe. Déguifé en femme il entroit le foir dans la ville, paffort la nuit chez Socrate, & fortcit avant le jour, faifant ainsi réguliérement tous les jours Amplius prefque dix lieues tant pour aller que pour revenir. Il eft peu d'exemples d'une ardeur fi vive & fi conftante.

viginti

milia.

Il changea peu de chofes dans les fentimens de fon Maître. Après la mort de Socrate, Platon & les autres Philofophes, qui craignoient les fuites de cette mort, fe retirérent chez lui à Mégare, & ils y furent fort bien reçus. Son frere, un jour, dans un mou. vement de colére, & pour quelque mécontentement particulier, lui aiant dit: Que je périffe, fi je ne me venge de vous. Et moi, reprit Euclide, que je périffe, fi par ma douceur je ne viens point à bout de vous corriger de ces violens emportemens, & de vous rendre autant mon ami que vous l'étiez par le paflé.

L'Euclide dont nous parlons, est différent d'Euclide le mathématicien,

qui étoit auffi de Mégare, mais qui fleurit plus de quatre-vingt dix ans. après, fous le premier des Ptolémées.

Il eut pour fucceffeur EUBULIDE, qui avoit été fon difciple. Diodore fuccéda à celui-ci. Nous verrons dans la fuite que ces trois Philofophes contribuérent beaucoup à jetter dans les difputes de Dialectique un mauvais goût de raifonnemens fubtils, & uniquement fondés fur des fophifmes.

Je paffe prefque fous filence ce qui regarde les deux fectes Eliaque & Erétrique, qui renferment peu de chofes, importantes.

ARTICLE

TROISIEME. Des fectes Eliaque & Erétrique.

JE CONFONDS enfemble & tranche en peu de mots ces deux fectes, qui ne renferment rien d'important.

La fecte Eliaque fut fondée par Phadon l'un des plus chers difciples de Socrate. Il étoit d'Elée dans le Péloponnefe.

L'Erétrique fut ainfi nommée d'Erétrie ville d'Eubée, patrie de Ménédé, me fon fondateur.

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ARTICLE QUATRIEM E Des trois fectes Académiciennes.

PARMI toutes les fectes qui for tirent de l'école de Socrate, la plus célébre fut L'ACADEMICIENNE, ainfi appellée du lieu où fe tenoient fes affemblées, qui étoit la maifon d'un ancien Héros d'Athénes nommé ACADEMUS, fituée dans un faux-bourg de cette ville, où Platon enfeigna. Nous avons vû dans l'hiftoire de Cimon " que ce Général Athénien, qui cherchoit à fe diftinguer autant par l'amour des fciences & des favans, que par les exploits guerriers, orna & embellit l'Académie de fontaines & d'allées d'arbres pour la commodité des Philofophes qui s'y affembloient. Depuis ce tems, tous les lieux où le font affemblés les gens de Lettres, ont été appellés Académies.

On compte trois Académies, ou trois fectes Académiciennes. Platon fut le chef de l'ancienne, ou de la premiére. Arcéfilas, l'un de fes fucceffeurs, approrta quelques changemens dans fa philofophie, & fonda, par cette réforme, ce qu'on appelle la

moienne

moienne ou la feconde Académie. On attribue à Carnéade l'établiffement de la nouvelle ou troiliéme Académie. Nous verrons bientôt ce qui en faifoit la différence.

§. I.

De l'ancienne Académie.

CEUX qui la firent fleurir en fe fuccédant les uns aux autres, furent Platon, Speufippe, IXénocrate, Polémon, & Crator.

PLATON.

428.

PLATON naquit la prémiére an- A N. M. née de la LXXXVIIIe. Olympia- 3576. de. Il fut d'abord appellé Ariftocle du Av. J. C. nom de fon grand pere: fon maître de Palestre l'appella Platon, à cause de fes épaules larges & quarrées ; & ce fut le nom qui lui refta. Pendant qu'il étoit encore au maillot, un jour qu'il dormoit fous un myrte, on dit qu'un effain d'abeilles fe pofa fur fes levres, d'où l'on augura que cet enfant deviendroit un homme éloquent, dont le ftile feroit d'une grande douceur. La chofe arriva, quoi qu'il faille penfer de l'augure; d'où lui est resté

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