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ment ce qu'il y a de principal dans ce qu'on appelle les Belles-Lettres. C'eft de toute la Li térature la partie qui a le plus d'agrément, qui jette le plus d'éclat, & qui, en un certain fens, eft le plus capable de faire honneur à une nation par des Ouvrages, qui font, s'il elt permis de s'exprimer ainsi, la fleur de l'efpiit la plus fine & la plus déliée. Je ne prétens pas par là diminuer rien du prix des autres fciences, dont je parlerai dans la Tome XII. A

Luite

fuite, & dont on ne peut faire trop de cas. Je remarque feulement que celles dont il s'agit ici ont quelque chofe de plus vif, de plus brillant, & de plus propre à fraper les hommes, & à exciter leur admiration; qu'elles font acceffibles à un plus grand nombre de perfonnes; qu'elles entrent plus dans le commerce & dans l'ufage univerfel des hommes d'efprit. La Poéfie affaifonne la folidité de fes inftructions par l'attrait du plaifir, & par de riantes images dont elle a foin de les revétir. L'Hiftoire, en nous racontant d'une maniere agréable & fpirituelle tous les événemens des fiécles paffés, pique & fatisfait notre curiofité & donne en même tems aux Rois, aux Princes, & aux perfonnes de tout état, d'utiles leçons, mais fous des noms empruntés, de peur de bleffer leur délicateffe. Enfin l'Eloquence fe montrant à nous, tantôt avec un air fimple & modefte, tantôt avec toute la pompe & toute la majefté d'une puiffante Reine charme les efprits & entraine les cœurs avec une douceur & une force, auxquelles il n'eft pas poffible de réfilter.

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A

Athénes & Rome, ces deux grands théatres de la gloire humaine, ont porté dans leur fein ce qu'il y a eu de plus grands hommes dans l'antiquité, foit pour la valeur & la fcience militaire, foit pour l'habileté dans le gouvernement. Mais ces grands hommes feroient-ils connus, & leur nom ne feroit-il pas demeuré enfeveli avec eux dans leurs tombeaux, fans le fecours des Arts dont je parle, qui leur ont donné une forte d'immortalité dont les hommes font fi jaloux ? Ces deux villes même qui font encore généralement ref pectées comme la fource primitive du bon goût en tout genre, & qui, au milieu du débri de tant d'empires en ont confervé un par raport aux Belles - Lettres qui ne perira jamais, ne doivent-elles pas cette gloire aux excellens Ouvrages de Poéfie, d'Hiftoire, & d'Eloquence dont elles ont enrichi l'univers?

Rome fembloit en quelque ma niére s'y être bornée; du moins elle n'a excellé pleinement que dans ces fortes de connoiffances, qu'elle regardoit comme plus utiles & plus brillantes que les autres. La Grèce

a été plus riche en matiere de fciences, & les a embraffé toutes fans diftinction. Ses Hommes illuftres fes Princes, fes Rois ont étendu leur protection à toutes les fciences en quelque genre que ce pût être. Pour ne point parler de tant d'au tres qui fe font rendu recommandables par cet endroit, à quoi Ptolemée Philadelphe a-t-il dû cette réputation qui l'a fi fort diftingué entre les Rois d'Egypte, finon au foin particulier qu'il a pris d'attirer dans fon Roiaume des Savans de toutes les espèces, de les combler d'honneurs & de récompenfes, & d'y fai re fleurir par leur moien tous les Arts & toutes les Sciences? La fameufe Bibliothéque d'Alexandrie enrichie par fa magnificence vraiment roiale d'un nombre fi confidérable de livres, & ce Mufée célèbre où s'affembloient tous les Savans, ont plus illuftré le nom de ce Prince, & lui ont acquis une gloire plus folide & plus durable, que n'auroient pu faire les plus grandes conquêtes.

Notre France ne le céde pas à P'Egypte en ce point, pour ne rien dire de plus. La fameufe Bibliothé

que

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