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HOMERE.

Héro. lib. 2.

cap. 53.

avant AŃ. M. d'Hé. 3120.

L'EPOQUE du tems où Homére a Herod. vécu n'eft pas bien certaine. dote la place quatre cent ans lui. Ufférius met la naiffance rodote l'an du Monde 3520. Ainfi celle d'Homére a dû être vers l'an 3120, c'eft à dire 340. ans après la prise de Troie.

Le lieu de fa naiffance n'eft pas plus affuré. Sept villes fe difputérent cet honneur: Smyrne femble l'avoir emporté fur les autres.

J'ai parlé du Poéme Epique & d'Homére vers la fin du fecond Tome de cette Histoire, & avec beaucoup plus d'étendue dans le premier Tome du Traité des Etudes, où j'ai effaié de faire fentir les beautés de ce Poéte.

Il paroit que Virgile, à juger de fes vûes par fon Ouvrage, ne fe propofa rien moins que de difputer à la Grèce l'avantage du poéme Epique, & c'eft de fon rival même qu'il emprunta des armes pour le combat tre. Il comprit qu'aiant à faire venir des rives du Scamandre le Héros de fon poéme, il auroit befoin d'imiter

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Av. J. C.

884.

l'Odyffée, qui contient une grande fuite de voiages & de récits; & qu'aiant à le faire combattre pour l'établir en Italie, il auroit befoin d'avoir fans ceffe devant les yeux l'Iliade, qui eft remplie d'actions, de combats, & de tout ce miniftére des dieux que demande la haute Poéfie. Enée voiage comme Ulyffe, & combat comme Achille. Virgile a fait entrer les quarante huit livres d'Homére dans les douze livres dont l'Enéide eft compofée. Dans les fix premiers on retrouve l'Odyffée prefque par tout, comme on retrou ve l'Iliade dans les fix derniers.

C'est un grand avantage & un grand titre de fuperiorité pour le Poëte Grec d'avoir été l'original que Pautre a copié; & l'on peut bien lui appliquer ce que dit Quintilien de Démofthéne par raport à Ciceron, que quelque grand que foit Virgile, Homére l'a fait en grande partie tout ce qu'il eft. Cet avantage néanmoins ne décide pas pleinement de leur mérite, & l'on difputera toujours auquel on doit donner la préférence.

Nous

a Cedendum verò in hoc quidem, quòd & ille (Demofthenes) prior fuit,& ex magna parte Ciceronem, quantus eft, fecit. Lib.10.6,3.

Nous pouvons nous en tenir au ju- Zbisk gement de Quintilien, qui laiffant la question indécife, marque parfaitement en peu de mots ce qui diftingue ces deux excellens Poćtes. Il dit qu'il y a plus de génie & de naturel dans l'un plus d'art & de travail dans l'autre ; & que ce qui manque à Virgile du côté du fublime, en quoi le Poéte Grec l'emporte fans conteftation, eft peutêtre compenfé par la jufteffe & l'exactitude qui régne également par tout dans l'Enéide. Et hercle, ut illi naturæ cælefti atque immortali cefferimus, ita cura & diligentiæ vel ideo in boc plus eft, quòd ei fuit magis laborandum: & quantum eminentioribus vincimur, fortaffe aqualitate penfamus. Il est difficile de mieux caractériser ces deux Poétes. L'Iliade & l'Odyffée font deux grands tableaux, dont l'Enéide eft le racourci. Celui-ci veut être regardé de près: tout y doit être achevé. Mais les grands tableaux 'fe voient de loin: il n'eft pas néceffaire que tous les traits y foient fi finis & Gi réguliers; c'est même un défaut dans un grand tableau qu'un foin trop fcrupuleux.

HESIO D E.

ON DIT qu'Héfiode étoit né à Cu

'mes

umque

mes ville d'Eolie, mais qu'il fut nourri & élevé à Afcra petite ville de Béotie qui depuis a paffé pour fa patrie : auffi Afera Virgile l'appelle-t il le Vieillard d'Afcra. fenem. Les fentimens font fort partagés fur le Eclog. 6. tems où il a vécu. L'opinion la plus commune le fait contemporain d'Ho mére. De toutes fes piéces de poéfie il ne nous en refte que trois: 1°. les Ou vrages & les Jours. 2°. La Théogoni?, ou Généalogie des dieux. 3°. Le Bou II. Tome clier d'Hercule. J'en ai parlé ailleurs. de l'Hift.

ancien.

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Quintilien trace ainfi fon caractère. Il a arrive rarement à Héfiode de s'élever. Une grande partie de fes Ouvrages ne contient prefque que des. ,, noms propres. On y trouve pourtant d'utiles fentences pour la conduite de la vie. Il a affez de douceur dans l'ex,, preffion & dans le ftile. On lui don,, ne la palme dans le genre d'écrire médiocre.

"

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AN. M.

3356.

POETES moins connus. TERPANDRE. Il étoit fort renom. mé

a Rarò affurgit Hefiodus, magnaque pars e jus in nominibus eft occupata: tamen uti.es circa præcepta fententiæ, lenitafque verborum & compofitionis probabilis: daturque ei palma in illo medio dicendi genere. Lib. 10. cap. I.

mé & pour la Poéfie, & pour la Mufique.

TYRTE'E. On croit qu'il étoit AN. M. d'Athènes. Ce Poéte fit une grande 3364. Paufan figure dans la feconde guerre de Meslib. 4. féne. Il excelloit à chanter la valeur pag. 244. guerriére. Les Spartiates avoient reçu plufieurs échecs qui leur avoient abatu le courage, L'Oracle de Delphes leur ordonna de demander aux Athéniens un homme capable de les aider de fes avis & de fes lumiéres. Tyrtée leur fut envoié. Le fuccès ne répondit pas d'abord à l'attente des Spartiates. Ils furent encore battus trois fois confécutivement, & reduits au defefpoir, ils étoient prêts de retourner à Sparte. Tyrtée les anima de nouveaux par fes Vers qui ne refpiroient que l'amour de la Patrie & le mépris de la mort. Aiant repris courage ils attaquérent les Mefféniens avec fureur; & la victoire qu'ils remportérent en cette occafion termina à leur avanta ge une guerre qu'ils ne pouvoient plus foutenir. Ils accordérent à Tyrtée le droit de bourgeoisie, titre qui ne fe prodiguoit pas à Lacédémone, & qui par là devenoit infiniment honorable. Le peu qui nous en refte, fait connoi

tre

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