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Des idées saines puisées dans la raison ét dans la Religion sur ce qui importe le plus à notre bonheur; des règles les plus propres à nous en rapprocher; et des principales sources d'erreur qui tendent à nous en éloigner,

SECTION PREMIÈRE.

Des idées saines, etc.

RIEN n'est plus intéressant pour nous que

de nous former des idées justes sur Dieu, sur nous-mêmes, sur les rapports que nous pouvons avoir avec celui qui est le principe de notre existence, et sur les relations que nous avons avec les autres hommes.

Si nous étions des êtres indépendans, si nous ne devions qu'à nous-mêmes notre existence, et que nous n'eussions que nous pour arbitres de notre sort; n'ayant, dès-lors, rien reçu de qui que ce soit, ne devant rien à aucune cause étrangère, n'en pouvant rien craindre nirien attendre, nous n'aurions plus qu'à consulter nos forces, pour en faire la

mesure de nos droits et la règle de nos penchans.

Mais tout nous dit que nous dépendons d'une cause extérieure, quant à notre existence; que nous ne nous la sommes pas donnée, et qu'il n'est pas en notre pouvoir de la prolonger ici-bas au gré de nos désirs. Tout nous dit, à ne consulter même que la structure de notre corps (1), que nous avons été formés par une cause intelligente et sage. Tout nous apprend que la matière étant indifférente, de sa nature, au mouvement ou au repos, étant susceptible de tel ou tel mouvement, sans en avoir aucun de déterminé, ni qui lui soit nécessaire, pouvant en changer par la rencontre d'autres corps, perdre en tout ou en partie celui qu'elle a reçu, et en acquérir un autre plus ou moins considérable, et souvent contraire, n'ayant en un mot que des mouvemens communiqués d'après certaines loix qui lui sont prescrites; ellen'a point conséquemment de mouvement par elle-même, par son essence; qu'elle dé

(1) Voyez Galien, De usu partium; Neuwentyt, l'Existence de Dieu, démontrée par les Merveilles de la Nature, première partie, où l'on traite de la structure du corps de l'homme; Derham, Théologie Physique, 1. 4. Lisez aussi ce que dit à ce sujet Cicéron, de Nat. Deor. 1. 2, n. 53-6r. 1

pend d'un souverain moteur, et que ce n'est point à elle qu'est dû l'arrangement de cet univers, où tout est contingent, où toutes les parties sont dans une dépendance réci proque et dans un perpétuel changement. Tout nous dit que cet arrangement n'est point l'effet du hasard, qui n'est qu'un mot vide de sens, et qui n'offre, en dernière analyse, que des effets sans cause proprement dite; mais qu'il répond, comme la structure de notre corps, à un principe souverainement puissant, et rempli d'intelligence et de sagesse. Dans les plus petites parties de ce monde, ainsi que dans les plus grandes, dans l'insecte qui rampe ou qui vole (1), dans la plante qui végète, dans ces pro

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(1) Nous ne citerons ici que deux espèces d'insectes par ni une foule d'autres, qu'on ne peut se lasser d'admirer; la teigne, qui a des procédés si industrieux et si peu connus, et le cousin, dont l'aiguillon est un composé si parfait et si merveilleux, quoique nous nous en doutions si peu. Voyez les Mémoires de Réaumur, pour servir à l'Histoire des Insectes, t. III, second Mém. et les suivans; t. IV, troisième Mém.

des

» Ce que nous connoissons, dit M. de Réaumur, corps aussi peu à la portée de uos yeux, que le sont les parties, qui, par leur réunion, forment l'aiguillon complet d'un cousin, suffit au moins pour nous faire trouver des caractères frappans d'une puissance et d'une intelligence sans bornes, dans la trompe d'ua si petit insecte. Si on eûtsu, du tems de Pline, ce que les microscopes nous

ductions sans nombre, répandues sur la surface de la terre, comme dans ces étoiles qui brillent au firmament, ces soleils, ces vastes corps qui roulent avec tant d'ordre dans des espaces où l'imagination se perd, où l'esprit se confond ( 1 ), tout publie cette puissance infinie, et cette suprème sagesse qui l'accompagne (2). L'enchaînement des dif

ont appris de la structure de cette trompe, il eût été encore plus fondé à soutenir que nous devions plus d'admiration aux cousins, malgré leur petitesse, qu'aux éléphans chargés de tours «.

(1) Voyez la Théologie astronomique de Derham.

(2) Je ne sais, dit Voltaire, s s'il y a une preuve métaphysique plus frappante, et qui parle plus fortement à l'homme que cet ordre admirable qui règne dans le monde; et si jamais il y a eu un plus bel argument que ce verset: Cæli enarrant gloriam Dei. (Les Cieux racontent la gloire de Dieu) «. Aussi Newton ne trouvoit pas de raisonnement plus convaincant et plus beau en faveur de la Divinité, que celui de Platon, qui fait dire à un de ses interlocuteurs: Vous jugez que j'ai une ame intelligente, parce que vous appercevez de l'ordre dans >mes discours et dans mes actions; jugez donc, en > voyant l'ordre de ce monde, qu'il y a une ame souve> rainement intelligente «. Volt. Métaph. c. I.

» Est-ce donc ê're homme, dit également Cicéron, que d'attribuer, non à une cause intelligente, mais au hasard, les mouvemens du ciel si certains, le cours des astres si régulier, toutes ces choses si bien liées, si bien proportionnées, et conduites avec tant de raison, que notre raison s'y perd elle-même? Quand nous voyons des machines qui se meuvent artificiellement, une sphère, une horloge, et autre semblables, nous ne doutons pas que

férens êtres, leurs rapports immenses, leurs proportions entre eux pour en faire un même tout, démontrent l'unité de celui qui les a formés; et puisque les effets, quels qu'ils soient, ne peuvent être plus excellens que leur cause nous sommes forcés d'en conclure qu'il renferme éminemment en lui comme principe unique, tout ce qui peut se trouver de perfections dans les êtres qu'il a créés.

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S'il les a produits, c'est lui qui les conserve; s'il les a produits avec intelligence, il les dirige vers les fins les plus dignes de sa sagesse, et conformément à leur nature; les êtres physiques, par des loix qu'ils sont contraints de

l'esprit n'ait eu part à ce travail. Douterons-nous que le monde soit dirigé, je ne dis pas simplement par une intelligence, mais par une excellente, une divine intelligence, quand nous voyons le ciel se mouvoir avec une prodigieuse vitesse, et faire succéder annuellement l'une à l'autre les diverses saisons qui vivifient, qui conservent tout? Car enfin, il n'y a plus besoin de preuves: il n'y a qu'à examiner, avec des yeux attentifs, la beauté des choses dont nous rapportons l'établissement à une Providence divine «. Cic. de Nat. Deor. 1. 2, n. 38.

Ce sont ces mêmes considérations qui ont fait dire à Voltaire: Je serai toujours persuadé qu'une horloge prouve un horloger, et que l'univers prouve un Dieu «.

Voyez ci-dessus, page 27, la preuve tirée uniquement des diverses espèces d'animaux, et à laquelle nous avons défié les Athées de répondre d'une manière nette et pré

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