EPITRE A M*** MONSIEUR, ETRE moins jaloux de fa réputation, qu'enyvré du défir de s'enrichir, croupir dans une ignorance groffiere, & ne reconnoître pour gens de mérite que les favoris de la fortune, tel étoit autre fois le caractere des Finan ciers ; caractere aussi méprifable qu'il étoit injurieux à l'humanité, ca ractère auffi commun dans un tems plus reculé qu'il eft rare de nos jours. En effer combien y en a-t-il parmi nos modernes Fi nanciers qui préferent la gloire d'encourager les talens, d'exceller eux-mêmes dans toute forte de connoiffances, à la folle ambi tion d'entaffer richesses fur richeffes? Ce trait vous regarde, Monfieur, plus que personne : il eft d'au tant plus flateur pour vous que vous êtes encore dans un âge où, pour l'ordinai re, la vivacité des paffions étouffe les confeils de la raifon; elle vous a cependant toujours fervi de guide, Auffi quel's progrès n'avez-vous pas fait dans la connoiffance de plufieurs Langues, des Belles Lerures, de l'Hiftoire Natu relle? Malgré les occupa tions de votre état, vous trouvez encore des momens 2 pour orner votre efprit : vos converfations ont l'avantage de réunir l'utile & l'agréable. C'eft fur-tout auprès de vous MONSIEUR, que j'ai appris à difcerner le bon d'avec le médiocre de nos Auteurs. C'est à votre goût que je dois le choix que je vous préfente de quelques-unes de leurs penfees. |