: où fa raison se perd. Les Hommes, au plus haut point de leur perfection, font toujours des Hommes foibles inconftans, fujets à l'erreur & aux miféres humaines ; enfin des êtres très-imparfaits ils fe dépouillent fouvent de bien des préjugés reçus, pour en adopter de plus extravagans. Dans l'Homme tout eft borné, fi on le regarde par rapport à Dieu; dans l'Homme tout est infini fi on le compare aux autres créatures. Il fe trouve dans l'Homme un mélange finguhier de perfections & de vices, de force & d'impuiffance, de de grandeur & de foibleffe, talens & d'ignorance on vante l'excellence de fon efprit, la profondeur de fes connoiffances, la fidélité de fa mémoire, le nombre de fes talens, tout cela doit être le fujet de fon admiration & non le fondement de fon orgueil. L'orgueil naît en l'Homme de l'idée trop avantageuse qu'il s'eft formée de fon prétendu mérite : il ne faut donc pour remédier à l'orgueil que s'apprécier foi-même avec justesse, mais qu'il eft difficile de fe peser exactement quand on tient foi-même la balance. L XII. Du Mariage. A continence publique eft naturellement jointe à la propagation de l'espéce. C'est une régle tirée de la nature, moins il y a de gens mariés, moins il y a de fidélité dans les mariages. Quelques foient les avantages qu'on trouve dans le mariage, ils ne valent pas fouvent celui d'en être privé. Dans les causes ordinaires de féparation, on donne le tort à la femme, mais fou la vent le mari est cause que femme a tort. La plupart des maris, par leurs foupçons impertinens, & leur brusquerie envers leurs femmes, font à la fin devenus ce qu'ils appréhendoient d'être. La vie d'un jaloux fe paffe à chercher un fecret dont la découverte détruit fa félicité. La communauté des biens entre le mari & la femme eft très-convenable dans le gouvernement Monarchique, parce qu'elle intéreffe les femmes aux affaires domeftiques, & les rapelle, comme malgré elles, au soin de leur maison. XIII Des Femmes. Left contre la raison & contre la nature que les Femmes foient maîtreffes dans la maison, mais il ne l'eft pas qu'elles gouvernent un empire; dans le premier cas l'etat de foibleffe où elles font ne leur permet pas la prééminence; dans le fecond, leur foibleffe même leur donne ordinairement plus de douceur & de modération. C'est un des avantages des |