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fouvent: On ne critique que les bons Ouvrages, c'est même leur donner un degré de bonté qu'ils n'avoient

pas. Il s'enfui

vroit de ce raisonnement, ou que tous les Ouvrages de V... qui ont effuyé fouvent lá cenfure la plus amére, font bons, ou que tous les Ecrits de Fontenelle, qui ont obtenu dans tous les tems les éloges les plus diftingués, font mauvais. Fauffes conféquences! Confultons le fentiment des Auteurs. En eft-il parmi eux à qui les Critiques faffent plus de plaifir que les applaudiffemens? L'amour propre, dont Pempire fe fait fentir dans

tous les hommes à chaque instant, démentiroit leur aveu. Il est donc vrai de dire que moins un Ouvrage prête à la fatyre, plus il doit être excellent ; que plus un Auteur entraîne les fuffrages du grand nombre, moins il doit avoir mauvaise idée de fes productions. Celles de Fontenelle lui ont attiré autant de partifans, que celles de V... lui ont fufcité d'antagonistes : mon deffein au reste n'est pas d'exalter l'un aux dépens de l'autre ; je conviendrai même que V... a le don de charmer & d'étonner fes Lecteurs, mais Fontenelle a le talent de

*

les inftruire & de captiver leur eftime. Enfin pour critiquer comme il faut M. de V... & pour louer comme il convient M. de Fontenelle faudroit avoir le caractere de l'un & l'efprit de l'autre.

il

-V I.

Des Rois.

A puiffance des Rois at

Lété

a

été prife fur celle des peres; ils font à l'égard de leur peuple ce que font les peres à l'égard de leurs enfans: une nation eft pour fon Roi, ce qu'une famille eft

pour fon chef; le refpect & l'obéiffance font l'hommage des peuples, la vigilance & l'amour font l'ame des Rois: la foumiffion des uns & l'autorité des autres feront leur durée & leur bonheur.

Ce n'eft pas fans raifon que

les Anciens ont dit dans leurs
Ecrits que les peuples feroient
heureux, quand les Rois fe-
roient Philofophes, parce
que la Philofophie change-
roit le Héros le plus fangui-
naire & le plus cruel en un
Héros humain & pacifique,
& le Prince borné
Prince éclairé.

en un

Un

Un Prince qui aime la Religion & qui la craint, est un lion qui céde à la main qui le flate ou qui l'appaise: celui qui craint la Religion ou qui la hait eft comme les bêtes fauvages qui mordent la chaîne qui les empêche de fe jetter fur ceux qui paffent:: celui qui n'a point du tout de Religion eft cet animal terrible qui ne sent sa liberté que lorsqu'il déchire & qu'il dévore.

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