ne l'étoient autrefois les vaftes campagnes de la Sibérie & de la Tartarie; mais elles vont le devenir par les grands établissemens de cet Empereur, dont tout fe reffent de proche en proche : la force d'un Etat ne doit donc pas fe. mefurer au terrein mais au nombre des citoyens & à l'utilité de leurs travaux.

L'Architecte qui bâtit un édifice, doit commencer par affurer les fondemens & les murs, fans quoi il ne peut avoir aucun deffein utile. Cet objet rempli, fon imagination fe promene librement fur tou

te forte d'embelliffemens; de même le Législateur, après avoir affuré la nourriture de fon peuple, doit ouvrir la porte à toutes fortes d'induftries,parmi lesquelles le Commerce maritime doit tenir fans contredit la premiere place, parce qu'il augmente notre balance de Commerce, en quoi confifte le vérita ble profit de la Nation.

L

XLII.

Du Luxe.

E Luxe eft toujours en proportion avec l'inégalité des fortunes; fi dans un Etat les richeffes font également partagées, il n'y aura point de Luxe; car il n'est fondé que fur les commodités qu'on fe donne par le travail des autres. Pour que les richeffes reftent également partagées, il faut que la loi ne donne à chacun que le néceffaire phyfique; fi l'on a au-delà, les uns dépenseront,

les autres acquerront, & l'inégalité s'établira. Comme par la conftitution des Monarchies, les richeffes y font inégalement partagées, il faut bien qu'il y ait du Luxe; fi les Riches n'y dépensent pas beaucoup, les Pauvres mourront de faim. Ainfi pour que l'Etat Monarchique fe foutienne, le Luxe doit aller en croiffant du Laboureur à l'Artifan, aux Négocians, aux Nobles, aux Magistrats, aux Grands Seigneurs, aux Prin

ces.

Les vagues déclamations qu'on a fait fur le Luxe & fes

ou

ouvriers, partent moins d'une faine connoiffance ou d'une fage févérité de mœurs, que d'un efprit chagrin & envieux.

Si les hommes étoient affez heureux pour se conduire par la pureté des maximes de la religion, ils n'auroient plus befoin de loix; le devoir ferviroit de frein au crime & de motif à la vertu ; mais malheureusement ce font les paffions qui conduisent, & le Législateur ne doit chercher qu'à les mettre à profit pour la fociété. Le Militaire n'eft valeureux que par ambition

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