l'oifiveté rendent fouvent inu tiles les talens que la nature leur donne ; la fourberie, la perfidie & le foupçon ne font point rares parmi eux. Leurs Prêtres fur-tout poffédent au fouverain degré l'art de fe faire valoir & de parvenir à leur but; il y en a, dit-on, qui cachent un défir de vengeance fous des apparences fi trompeuses, qu'il eft impoffible de s'en appercevoir que quand le coup eft porté. Il ne faut pas croire que les affaffinats foient fi communs en Italie que quelques Auteurs

ont voulu le perfuader. Les

Italiens ont encore un pen

chant fingulier pour la jaloufie & pour l'amour; mais cette derniere paffion n'eft-elle pas le foible de tous les hommes?

L

XXXIV.

Des Anglois..

Es Anglois prennent leur parti brufquement

& l'exécutent de même ; cela paroît par la quantité de gens qui fe tuent eux-mêmes, & par le grand nombre de mariages inégaux qui fe font parmi eux. On entrevoit en eux un petit reste de férocité, qui eft le fond de leur ancien

caractere; ils tiennent quelque chofe des différentes Nations qui les ont fubjugués, Ils boivent comme les Saxons; ils aiment la chaffe comme les Danois; les Normans leur ont laiffé la chicane & les faux témoins; ils ont retenu des Romains l'inclination pour les fpectacles fanglans & pour le mépris de la mort. L'efprit de frivolité, fi commun en France, commence à fe répandre parmi eux ; ils pourront à la vérité acquérir par ce moyen des airs, des manieres & des façons qui feront plus de nôtre goût, mais

ils perdront auffi l'habitude de penfer & d'écrire profon dément.

L

X X X V.

Des François

Es François ne parlent prefque jamais de leurs femmes, c'eft qu'ils ont peur d'en parler devant des gens. qui les connoiffent mieux qu'eux. Il y a parmi eux des hommes très-malheureux que perfonne ne confole, ce font les maris jaloux ; il y en a que tout le monde hait, ce

ont les maris jaloux ; il y en a que tous les hommes méprifent, ce font encore les maris jaloux : auffi n'y a-t-il pas de pays où ils foient en fi petit nombre qu'en France.. Un mari qui aime fa femme,, eft un homme qui n'a pas affez de mérite pour fe faire aimer d'une autre. Les Fran-çois ne fe piquent gueres de conftance; ils croyent qu'il est aussi ridicule de jurer à une femme qu'on l'aimera toujours, que de foutenir qu'on fe portera toujours bien. Quand ils promettent à une femme qu'ils l'aimeront roujours, ils fuppofent qu'elle