Page images
PDF
EPUB

DICTIONNAIRE

UNIVERSEL

D'ÉDUCATION

ET

D'ENSEIGNEMENT.

ABI

[blocks in formation]

ABIME. 1. La Genèse (VII, 11) mentionne l'abîme comme un vaste gouffre qui, toutes ses sources ayant été rompues, répandit à la face de la terre une moitié des eaux du déluge, dont l'autre moitié résulta des cataractes du ciel, ouvertes en même temps.

L'Apocalypse (IX, 6, 10) fait de l'abime un puits dont la clef fut donnée à une étoile tombée, du ciel, et qui l'ouvrit. Il s'éleva de ce puits une fumée comme celle d'une fournaise, d'où provinrent des espèces de sauterelles semblables à des chevaux de combat, avec des couronnes d'or, des visages d'hommes, des cheveux de femmes, des cuirasses de fer et une queue de scorpion. Il est conséquemment indubitable que l'abîme du commencement de la Bible, où les flots épurateurs de l'espèce humaine rentrèrent après que les méchants

ABS

furent noyés, est demeuré le grand réservoir dont nos puits artésiens démontrent l'existence, tandis que celui que désigne la fin de la même Bible, étant, au contraire, un foyer d'embrasement, ne peut être qu'un soupirail de cette région incandescente avouée par les plus savants géologues, qui s'étend à vingt ou trente lieues d'épaisseur sous nos pas, et dont les éruptions volcaniques sont également d'évidents témoignages.

Quant aux sauterelles sorties de la fumée de l'abîme, de graves docteurs de l'Eglise, à qui nous devons de si lucides commentaires sur des livres qu'on doit révérer d'autant plus qu'on les comprend moins, de grands docteurs, disons-nous, y reconnaissent les hérétiques. Pour eux, l'étoile qui donna à proprement parler la clef des champs à de si étranges bêtes fut la figure palpable de Luther.

ABRICOTIER. (Voyez ROSACÉES.) ABSTRACTION (du latin trahere abs, tirer hors, séparer). 1. J'ai vu une prairie; plus tard, j'imagine du vert,

sans plus songer à cette prairie, sans même que cette couleur, qui se peint à mon imagination, se fixe sur aucun objet précis. Voilà une idée abstraite. Quand je dis le vert, la blancheur, la vertu, la joie, je considère des qualités en dehors des substances dans lesquelles elles résident; je fais abstraction des êtres et de leurs autres qualités, et ces noms, qui expriment des manières d'être ou des qualités, sont des noms abstraits. L'abstraction, qui n'est autre chose que l'attention portée sur une face des objets, se retrouve dans les noms communs; ce qui nous amène à analyser deux choses qu'il est très-impor tant de bien distinguer la compréhension et l'étendue dans les noms.

Le mot être, par exemple, ne désigne toutes les substances auxquelles il s'applique que par la simple idée d'existence; le mot animal ajoute à l'idée de l'existence celle d'une substance organisée, douée de sensibilité et de locomobilité; le mot quadrupède ajoute encore à ces idées celle d'un être qui se meut au moyen de quatre pieds; enfin, le mot cheval augmente la somme de ces idées, de toutes les idées spéciales des formes particulières qui distinguent le cheval des autres espèces de quadrupèdes. Ainsi, le mot cheval comprend plus d'idées que le mot quadrupède; celui-ci plus que le mot animal, et ce dernier est supérieur à cet égard au mot être. Mais, d'un autre côté, le mot cheval ne renferme que tous les individus de l'espèce des chevaux, tandis que le mot quadrupède comprend, outre les chevaux, une multitude d'autres espèces, comme les chiens, les chats, les bœufs, les lions. Il a donc une étendue bien plus grande que le mot cheval. De même, le mot animal comprend beaucoup plus d'individus que le mot quadrupède, et le mot être beaucoup plus

le mot animal.-Le nombre des que idées partielles comprises dans un nom forme la compréhension de ce nom. Le nombre des individus ou des classes d'êtres compris dans la signification d'un nom forme l'éten

due de ce nom. De ces deux défini

tions, il résulte naturellement que plus un nom a de compréhension, moins il a d'étendue et réciproquement. (Voyez NOM.)

2. Le peu d'étendue de notre esprit fait qu'il ne peut comprendre parfaitement les choses un peu composées qu'en les considérant par parties. C'est ce qu'on peut appeler connaître par abstraction. Toute l'arithmétique est fondée là-dessus, et tout l'art consiste à compter par parties ce qu'on ne pourrait compter par le tout, car il serait impossible, quelque savant qu'on fût, de multiplier deux nombres de huit ou neuf chiffres chacun en les prenant tout entiers. Il en est de même de la géométrie, puisqu'on a fait abstraction de la substance des corps pour ne considérer que les dimensions. Un autre genre d'abstraction, c'est de remonter du simple au composé, de généraliser. Si je m'attache à considérer un triangle équilatéral sur le tableau, je n'aurai l'idée que d'un seul triangle; mais si, détournant mon esprit, je ne pense qu'à une figure limitée par trois lignes égales, cette idée me représentera tous les triangles équilatéraux, n'importe leurs dimensions. Si je considère seulement que c'est une figure bornée par trois lignes droites, je me formerai une idée qui peut me représenter toutes sortes de triangles. Si, enfin, faisant abstraction du nombre des lignes, je considère seulement que c'est une surface plane, cette nouvelle idée peut me représenter toutes les figures rectilignes, et ainsi je puis monter de degré en degré jusqu'à l'extension la plus complète. Il est visible que, par ces sortes d'abstractions, les idées, de singu-.. lières, deviennent communes, et les communes plus communes encore; ce qui nous conduit aux idées générales de genre, espèce, classe, ordre et famille. Selon les cas, il un nombre plus ou moins grand de caractères communs condensés dans l'idée générique, et aussi un plus ou moins grand nombre d'individus. Or,

y a

le nombre variable de caractères communs, assemblés pour former le genre ou l'espèce, en mesure la compréhension, et le nombre d'individus en détermine l'extension ou l'étendue. Il est évident que l'extension dans les genres comme dans les noms est toujours en raison inverse de la compréhension. On appelle genres les idées tellement communes, qu'elles s'étendent à d'autres idées qui sont encore universelles : le quadrilatère est genre à l'égard du carré et du trapèze; la substance est genre à l'égard du corps, substance étendue, et de l'esprit, substance pensante. Et ces idées communes, qui sont sous une plus commune et plus générale, s'appellent espèces, comme le carré et le trapèze sont les espèces du quadrilatère. La même idée peut être genre, étant comparée aux idées auxquelles elle s'étend, et espèce, étant comparée à une autre qui est plus générale, comme quadrilatère, qui est genre, relativement au carré et au trapèze, et espèce par rapport à la figure. Ce simple procédé de généralisation abstractive, qu'un enfant même pratique sans le vouloir, a une immense portée et d'incalculables résultats. On en trouvera de beaux exemples dans les sciences naturelles, et surtout dans la botanique. Ce n'est pas tout. Dieu, qui a tout fait avec ordre, poids et mesure, a dû disposer ce monde selon un plan régulier et simple, où l'unité s'unit à la variété pour former une harmonie digne de sa parfaite sagesse. C'est ce plan de l'univers, tel que Dieu l'a conçu et exécuté, que la généralisation s'efforce de retrouver sous le désordre apparent des êtres de ce monde. Incapable d'en saisir l'admirable ensemble, l'esprit humain en reconstruit çà et là quelques parties. Ces genres subordonnés les uns aux autres, ces espèces coordonnées régulièrement dans le genre, il conçoit que ce sont les anneaux d'une longue chaîne qui se déroule, sans s'interrompre nulle part, depuis le plus grossier et le plus imparfait des êtres jusqu'à Dieu. Tel est le sens et la

valeur de nos classifications. (Voyez CLASSIFICATION.)

Direction. La première leçon se fait à propos de la signification des noms, et la seconde à propos de l'origine des sciences.-Les élèves doivent connaître l'analyse grammaticale et logique. En lisant la leçon ou en l'exposant, le maître doit multiplier les exemples pour faire saisir les opérations de notre esprit et l'importance du sujet.

Devoirs écrits. 1. Définition des mots abstraction, attention, être, animal, quadrupède, compréhension, étendue, sensibilité, locomobilité, idée, individu, généralisation, genre, espèce, quadrilatere, carré, triangle. 2. Chercher l'étendue et la compréhension des mots végétal, arbre, herbe, légume, laitue, trèfle, fourrage, céréale, plante. 3. Dire les espèces qui sont dans les genres figure, polygone, quadrilatère, triangle.

ABYSSINIE. (Voyez ÉGYPTE.) ACACIA. (Voyez LÉGUMINEUSES.) ACCORD (dans la famille). 1. « Un accord parfait entre le père et la mère est la première base de l'éducation.» - «C Quand on est obligé de gronder un enfant et que ses torts méritent même un châtiment, tout est perdu pour le bien qui doit résulter de la peine que vous lui faites et de celle que vous vous infligez à vous-même, si une seule personne dans la famille n'est pas d'un accord parfait avec celui qui a prononcé le châtiment. Je ne dis pas seulement que cette nécessité est indispensable de la part du père et de la mère, des aïeuls, des oncles, des frères et sœurs; soyez même assurés de la conduite du dernier des domestiques. L'enfant puni cherche la moindre consolation; il est flatté d'entendre blâmer ses parents. S'il voit un commun accord sur la faute qu'il a commise, il reste seul avec lui-même, et, ne trouvant nul moyen d'appuyer ses excuses, il reste convaincu de ses torts, et en est plus porté au repentir. » (Mme Campan, Education des filles, t. I, p. 54;

Lettre sur le devoir d'une gouvernante.)

62 «Au sein des familles où l'harmonie conjugale n'a pas survécu à la June ideo miel, où l'estime et la complaisance mutuelles ont fait place aux petites jalousies d'autorité et aux sombres accès du caprice, il n'est pas rare de voir le bien-être et le bonheur des enfants sacrifiés au génie de la dispute. Dans ces familles, tout ce qui encourt le reproche ou le blâme de l'un est justifié ou applaudi par Pautre. Quand cette contrariété des forces s'établit, nous pouvons dire adieu à tout progrès. » (Miss Hamilton, Lettres sur les premiers principes d'Education, liv. VII.)

"

Le désaccord dans la famille peut provenir, non-seulement du contraste fondamental des humeurs et des goûts dont parle Miss Hamilton, mais aussi de l'imprévoyance et de la faiblesse des parents. « Quand on s'occupe de l'éducation, on croit n'avoir affaire qu'aux enfants; mais on s'aperçoit bientôt qu'il faudrait reprendre celle des parents.» (Mme de Rémusat, Essai sur l'Education, p.220.) La première condition pour faire une bonne éducation, c'est que ceux qui la font soient d'accord dans leurs vues. Pour cela, il faut que tout soit subordonné à un règlement de discipline qui prévoie les fautes les plus fréquentes chez les enfants et quí indique les punitions à infliger. (Voyez REGLEMENT.) S'il n'y a pas accord entre les époux sur la conduite à tenir, quelle que soit d'ailleurs leur bonne volonté, le mari agira dans un sens et la femme dans un autre. L'enfant s'appuiera de sa mère contre son père et de son père contre sa mère; ilise considérera entre eux comme une puissance, et dans un tel état de choses, son jugement séra faussé, son amour-propre effrayant; les vices naîtront en foule, grandiront promp tement, et il sera peut-être impossi ble de corriger plus tard cet enfant gâté. Mais si les parents ont des principes arrêtés, si l'enfant est redressé et averti à chaque faute involontaire, pani avec calme et sans fai

[ocr errors]

blesse quand il commet des fautes graves, encouragé et récompensé quand il fait bien, les parents ont fait ce qu'ils doivent, et Dieu fera le reste.

Direction. A propos d'un enfant mal élevé, dont les élèves ne connaissent pas la famille, le maître pourra parler utilement des dangers du désaccord dans la famille; il profitera également de toutes les circonstances pour en parler aux parents de ses élèves, s'il y a lieu.

Devoir écrit. Rédaction: causes et conséquences du désaccord dans la famille.

ACEPHALES. (Voyez MOLLUSQUES.) ACHAB. (Voyez NEUVIÈME SIÈCLE.) ACHILLE. (Voyez TREIZIÈME SIÈCLE.)

ACIDES et ALCALIS. (Voyez OXYDES.)

ACONIT. (Voyez RENONCULACÉES.) ACOTYLEDONES. Les plantes acotylédones, ou cryptogames, sont celles qui n'offrent point d'organes apparents de fructification, ni par conséquent de graines, d'embryons et de cotylédons. Toutes, néanmoins, sont pourvues de corpuscules qui servent à reproduire l'espèce, et auxquels on donne le nom de spores ou de semicules. Ces plantes présentent des formes très-variées et une organisation qui, dans les différents groupes, s'élève graduellement de l'état le plus simple à une organisation progressive croissante. On en distingue plusieurs familles, dont les plus importantes sont les suivantes : fougères, plantes ordinairement herbacées, deviennent quelquefois arborescentes dans les régions tropicales, et s'élèvent alors à la manière des palmiers. Les plantes de cette famille donnent beaucoup de potasse par l'incinération. Les jeunes pousses et les racines servent dans quelques pays à la nourriture de l'homme et des animaux. Les fougères croissent spontanément dans les bois et les lieux incultes, et sont d'un grand usage pour la litière des bestiaux. Les feuilles servent aussi pour l'emballage,

Les

et les cendres pour faire du verre. La fougère mâle, ou polypode, dont la racine pousse, une multitude de fibres, par lesquelles elle s'attache à la surface des murs et des vieux arbres, possède de grandes vertus comme vermifuge, surtout contre le ténia, ou ver solitaire, qui peut atteindre une longueur de 6 à 8 mètres, et qui se loge ordinairement dans l'intestin grêle. On emploie sa racine en poudre, qu'on doit prendre à jeun. Les capillaires, espèces de petites fougères dont le feuillage est très-délié, et qui croissent dans les fentes des rochers et des murs de puits, sont d'un grand usage en pharmacie. On les prend en infusion; on en prépare aussi un sirop employé avec succès contre le catarrhe pulmonaire. Les mousses sont de petites plantes annuelles ou vivaces qui aiment les lieux humides ou ombragés; elles se réunissent, pour la plupart, en touffes plus ou moins volumineuses, soit sur la terre ou les rochers, soit sur le tronc des arbres ou sur les toits et les murailles de nos vieilles habitations. Les mousses ne sont point alimentaires, et elles sont privées de propriétés médicinales. Elles jouent toutefois un rôle important. Leurs générations, qui se succèdent rapidement et envahissent sans cesse les endroits stériles, préparent pour l'avenir une terre végétale; la tourbe en est formée presque tout entière. Elles protégent les troncs des arbres contre les rigueurs des froids, et fournissent aux oiseaux de quoi faire leurs nids. Les algues sont des plantes aquatiques d'une organisation extrêmement simple, composées de cellules plus ou moins allongées, qui, par leur réunion, forment des filaments déliés comme des cheveux. Leurs corpuscules reproducteurs sont renfermés, soit dans l'intérieur du tissu, soit dans des réceptacles extérieurs en forme de tubercules. Ces plantes sont d'une couleur verdâtre ou rougeâtre; elles vivent dans l'eau douce ou salée. Les algues sont généralement recueillies comme engrais. Les paysans rassemblent en

la mer apporte

monceaux celles que sur le rivage, et les répandent sur le sol ou les font sécher pour les brûler et extraire de leurs cendres la soude et l'iode qu'elles contiennent. Quelques algues sont alimentaires, comme l'ulve étendue et le varech comestible en Ecosse. L'hirondelle salangane, que l'on trouve en Chine et dans les îles de l'océan Indien, fait son nid d'une matière gélatineuse qu'elle tire des fucus, genre de la famille des algues. Ce nid, apprêté avec art, devient un mets délicat, très-recherché des Chinois. Les fucus sont souvent remarquables par leur longueur, qui peut atteindre 100 mètres; par les brillantes couleurs de leur feuillage et la forme curieuse de leurs fructifications. Le fucus natans transforme en certains endroits la surface des mers en vastes tapis de verdure qui ont plus d'une fois trompé et effrayé les compagnons de Christophe Colomb; les marins mangent cette plante, et la nomment raisin de mer, à cause de ses vésicules disposées en grappes. -Les lichens sont des plantes qui vivent sur l'écorce des arbres, sur la terre humide ou sur les rochers les plus stériles. Ce sont des végétaux singuliers qui n'ont ni racines, ni tiges, ni feuilles, ni fleurs, et qui se présentent souvent comme des dartres (leichen en grec) sous la forme de pellicules. Parfois, ce n'est qu'une poussière de diverses couleurs qui s'étend sur toute la surface d'un monument ou d'un rocher. La substance des lichens est le plus souvent sèche et comme cornée; dans quelques espèces, elle se réduit, par l'ébullition, en une gelée que l'on emploie comme aliment. Le lichen d'Islande, réduit en poudre et séché, produit une farine avec laquelle les habitants de ce pays préparent des potages très-nutritifs. Mêlée à une certaine quantité de farine de blé, cette poudre donne un pain qui, malgré son amertume, est un bon aliment. On l'emploie en médecine contre les catarrhes chroniques. Le lichen des rennes est trèsabondant dans les climats glacés du Nord, où les rennes en font presque

« PreviousContinue »