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DE

GAUME et Cie, éditeurs, 3, rue de l'Abbaye, Paris.

HISTOIRE

LA LITTÉRATURE FRANÇAISE

DEPUIS LE XVI SIÈCLE JUSQU'A NOS JOURS

PAR

FRÉDÉRIC GODEFROY

OUVRAGE COURONNÉ PAR L'ACADÉMIE FRANÇAISE

2e édition. 10 vol. in-8....

65 fr.

9 volumes sur 10 ont paru, le tome X paraîtra incessamment.

Encore trois mois peut-être, et le vaste ouvrage,, auquel Frédéric GODEFROY travaille depuis tant d'années avec une rare persévérance et toutes les ressources d'une inépuisable érudition, sera terminé. 9 beaux volumes, de 700 pages, en moyenne, ont déjà paru le 10° et dernier (2 des Prosateurs du XIXe siècle) ne tardera guère. Cela fera 6000 pages, toutes pleines de Notices biographiques très détaillées, d'extraits, parfois très étendus, et faits avec un goût exquis, accompagnés d'une foule de jugements critiques, marqués au coin du bon sens et de la plus sévère mesure. Dans ces pages, illuminées, pour ainsi dire, du merveilleux reflet des œuvres qu'elles reproduisent, on verra défiler, dans l'ordre chronologique, siècle par siècle, et presque année par année, le glorieux cortège de tous les esprits délicats et de tous les génies immortels qui ont contribué, à travers les âges, à donner tant d'éclat et d'autorité à notre litté

rature nationale.

Le volume du XVIe siècle nous introduit dans la familiarité des Guillaume Budé, des Scaliger, des Bernard de Palissy, de Théodore de Bèze, La Boétie, Rabelais, Calvin, Du Bellay, Montaigne, Marguerite de Valois, Agrippa d'Aubigné, saint François de Sales, etc., voilà pour les prosateurs; pour les poètes du même temps, nous faisons connaissance, sans avoir besoin de remuer la poussière des bibliothèques, avec les Pierre de Brach, les Mondoré, les Clément Marot, avec Ronsard, Baïf, Nicolas Rapin, Jean Le Houx, Grégoire, Revaudeau, Jean de Schelandre, et bien d'autres encore plus ou moins illustres, mais tous infiniment curieux à étudier.

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Avec les trois premiers volumes suivants, pour les prosateurs, et 1 pour les poètes, nous entrons, respectueusement, pourrait-on dire, dans ce temple de la perfection littéraire unie à la plus grande élévation de la pensée, qu'on appelle le XVIIe siècle; et sur les pas de Fr. GODEFROY, notre érudit Cicerone et notre infatigable guide, nous allons de surprise en surprise, admirant un à un tous ces chefs-d'œuvre, lisant pieusement les noms impérissables de ceux qui les créerent, de Descartes et de Pascal, des Corneille, des Arnauld, des Nicole, Retz,

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Louis XIV, Saint-Simon, Sévigné, Maintenon Fénelon et Bossuet, Bourdaloue et Malebranche, Molière, Boileau, La Fontaine et Racine!

La scène change avec le XVIIIe siècle; et c'est ici que le tact incomparable de M. Fr. GODEFROY se manifeste dans le choix de ses extraits, non moins que la rectitude de sa pensée dans les jugements qu'il porte sur les productions si diverses de ce siècle novateur et extraordinaire. Nous voyons passer, en deux volumes, les physionomies multiples et mobiles des Vauvenargues, des Champfort, des Helvétius; puis Vertot, Fleury, Montesquieu, Raynal, etc., Lesage, Marivaux; puis Jean-Jacques Rousseau, Diderot, Voltaire, Marmontel, Florian, Bernardin de Saint-Pierre, Volnay, Buffon, d'Alembert, Condorcet, Bailly, Laplace, Beaumarchais, Mirabeau, Maury, Cazalès, etc., et la foule bigarrée de tous ces pâles copistes de l'antiquité, qui pullulèrent dans notre littérature, de 1792

au Consulat.

Le XIXe siècle s'ouvre, comme une aube nouvelle, avec Chateaubriand et madame de Staël, pour les prosateurs; avec Soumet, de Vigny, Lamartine et Victor Hugo, pour les dont il ne reste plus qu'un seul à paraître, poètes. 4 volumes, -nous racontent, avec force détails inédits, la vie des littérateurs illustres contemporains, nous présentent de nombreux extraits de leurs productions, les plus achevées, et le XIXe siècle tout entier nous apparaît, avec toutes ses figures aimées et célèbres, depuis les Ancelot, les Viennet, les Frayssinous et les Royer-Collard, ces laborieux ouvriers de la première heure, jusqu'aux poètes et aux prosateurs des années mêmes où nous sommes, les de l'Isle, Banville, About, Alphonse Daudet, Sainte-Beuve, les Dumas fils, les Coppée, Leconte Maurice de Guérin, Thiers, Jules Simon, de Falloux, Louis Veuillot et monseigneur Dupanloup; et il est juste de dire que parmi les œuvres les plus considérables de ce siècle on caise, de Fr. GODEFROY, qui demeurera, de ce doit placer l'Histoire de la Littérature fransiècle même et de ceux qui l'ont précédé, le miroir le plus fidèle et le plus saisissant tableau.

CORBEIL, Typ. et stér. CRÉTÉ.

DE LA

LITTÉRATURE FRANÇAISE

AU

XIX SIÈCLE

PAR

FRÉDÉRIC GODEFROY

AUTEUR

DE L'HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE FRANÇAISE DEPUIS LE XVI SIÈCLE JUSQU'A NOS JOURS

Couronnée par l'Académie française.

PARIS

GAUME ET Cie, EDITEURS

3, RUE DE L'ABBAYE, 3

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1880

Droits de traduction et de reproduction réservés.

626084-170

HISTOIRE

DE LA

LITTÉRATURE FRANÇAISE

AU DIX-NEUVIÈME SIÈCLE

PROSATEURS

LES INITIATEURS DU MOUVEMENT LITTÉRAIRE AU XIX SIÈCLE

CHATEAUBRIAND

1768-1848

Le grand génie de décadence qui s'appelle CHATEAUBRIAND doit ouvrir notre livre comme il ouvre le siècle qui subira si puissamment son influence.

François-René de Chateaubriand descendait de ces fiers Chateaubriand de Beaufort qui tiennent aux premiers comtes, ensuite ducs de Bretagne. Il naquit à Saint-Malo, le 4 septembre 1768. Nous ne le suivrons pas dans l'histoire intime de sa jeunesse; mais, laissant de côté les souvenirs de ses premières années, les rêves poétiques et les projets littéraires de son adolescence, nous arriverons tout de suite à son œuvre de début, écrite et publiée pendant le douloureux exil de l'émigration: Essai historique, politique et moral sur les révolutions anciennes et modernes, considérées dans leurs rapports avec la Révolution française, Londres, 1797. Bien plus tard l'auteur, dans une seconde édition annotée, ne ménageant pas plus son amour-propre que XIX SIÈCLE.

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ses principes, s'est moqué comme il convenait du ton suffisant, la bouffissure et de l'extravagance sceptique de ce premier barbouillage d'écolier. Suivant ses propres expressions, l'éducation chrétienne qu'il avait reçue avait laissé des traces profondes dans son cœur, mais sa tête était troublée par ses souffrances, par les livres qu'il avait lus, par les sociétés qu'il avait fréquentées; jeune et malheureux, il ne savait plus, à ce triste moment de sa vie, que penser en littérature, en morale, en religion. Dans l'Essai sur les Révolutions, on sent l'élève de Jean-Jacques pour lequel il professa si longtemps un chaleureux enthousiasme, et l'ami de Parny qu'il savait par cœur dès le bas âge, dont il faisait ses délices, qu'il n'a jamais oublié et qu'il loue encore dans ses mémoires posthumes; on y sent aussi le pyrrhonien et l'holbachien. Le jeune gentilhomme breton méconnaît et repousse tous les principes élevés; cependant, à travers les ténèbres de ce livre de doute et de douleur, il se glisse un rayon de la lumière chrétienne qui brilla sur son berceau. Comme il le dit lui-même, on voit dans l'Essai que sa raison, sa conscience, ses penchants démentaient son philosophisme, et qu'il retombait avec autant de joie que d'amour dans les vérités religieuses 1.

Ce livre, qui, malgré toutes ses défectuosités, annonçait un écrivain original et puissant, ne le fit connaître qu'en Angleterre. Un an à peine après sa publication, un grand deuil, la nouvelle de la mort de sa mère, dont les derniers jours avaient été attristés par la pensée de ses erreurs, le ramena brusquement à la foi de son enfance. Selon ses propres expressions, il ne céda point à de grandes lumières surnaturelles, sa conviction sortit du cœur ; il pleura, et il crut.

Pour réparer le mal qu'il avait fait et causé, il entreprit un ouvrage sur les Beautés poétiques et morales de la religion chrétienne, intitulé plus tard le Génie du Christianisme. Après le 18 brumaire, il rentra en France, et y retrouva plusieurs amis, Fontanes principalement, qui l'associa à la rédaction du Mercure de France. Il donna dans ce recueil, en 1801, le roman d'Atala ou les Amours de deux sauvages dans le désert, comme un épisode détaché du Génie du Christianisme, dont l'objet était de montrer le tableau intéressant d'un peuple chasseur et d'un peuple laboureur, « la religion, première législatrice des hommes, les dangers de l'ignorance et de l'enthousiasme religieux, opposés aux lumières, à la charité et au véritable esprit de l'Évangile, les combats des passions et des vertus dans un cœur simple, enfin le triomphe du christianisme sur le sentiment le plus fougueux et la crainte la plus terrible : l'amour et la mort. »

Atala n'eut guère d'abord qu'un succès de ridicule. L'armée classique, l'abbé Morellet en tête, comme le dit Chateaubriand lui-même, fondit sur sa Floridienne 2. Joseph Chénier répondait à ceux qui pla

1 Essai, 2 édit., t. I, p. 172.

Litt. angl., 5o partie.

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