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"Apprends-moi donc une chanson,"
Demandait la bavarde pie

A l'agréable et gai pinson,

Qui chantait au printemps sur l'épine fleurie.
Allez, vous vous moquez, ma mie;
de votre espèce, ah! je gagerais bien
Que jamais on n'apprendra rien.

A

gens

Eh quoi la raison, je te prie ?

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- Mais c'est que, pour s'instruire et savoir bien chanter,

Il faudrait savoir écouter,

Et babillard n'écouta de sa vie.

Mme DE LA FÉRANDIÈRE.

5

8.

LE CORBEAU ET LE RENARD.

Maître Corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage;

Maître Renard, par l'odeur alléché,

Lui tint à peu près ce langage:
"Hé! bonjour, Monsieur du Corbeau,
Que vous êtes joli! que vous me semblez beau !
Sans mentir, si votre ramage

Se rapporte à votre plumage,

Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois." IO A ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie, Et pour montrer sa belle voix,

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Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
Le Renard s'en saisit et dit: "Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout flatteur

Vit aux dépens de celui qui l'écoute.

Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute."
Le Corbeau, honteux et confus,

Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.

LA FONTAINE.

9.

LE LIERRE ET LE ROSIER.

Un lierre, en serpentant au haut d'une muraille, 20 Voit un petit rosier, et se rit de sa taille. L'arbuste lui répond: "Apprends que sans appui J'ai su m'élever par moi-même;

Mais toi, dont l'orgueil est extrême,

Tu ramperais encor sans le secours d'autrui."

LE BAILLY.

10.

5

ΙΟ

LE RAT DE VILLE ET LE RAT DES CHAMPS.

Autrefois le Rat de ville
Invita le Rat des champs
D'une façon fort civile
A des reliefs d'ortolans.

Sur un tapis de Turquie
Le couvert se trouva mis.
Je laisse à penser la vie
Que firent ces deux amis.

Le régal fut fort honnête,
Rien ne manquait au festin :
Mais quelqu'un troubla la fête
Pendant qu'ils étaient en train.

A la porte de la salle
Ils entendirent du bruit.
Le Rat de ville détale;
Son camarade le suit.

Le bruit cesse, on se retire:
Rats en campagne aussitôt
Et le citadin de dire:
"Achevons tout notre rôt.

C'est assez, dit le rustique,
Demain vous viendrez chez moi.
Ce n'est pas que je me pique
De tous vos festins de roi:

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20

Mais rien ne vient m'interrompre
Je mange tout à loisir.
Adieu donc. Fi! du plaisir
Que la crainte peut corrompre."

LA FONTAINE.

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11.

LE CHANT DES OISEAUX.

Que chantez-vous, petits oiseaux ?
Je vous regarde et vous écoute.
C'est Dieu qui vous a faits si beaux;
Vous le chantez sans doute.

Son nom vous anime en ces bois:
Vous n'en célébrez jamais d'autre.
Faut-il que mon ingrate voix
N'imite pas la vôtre ?

Vos airs si tendres et si doux
Lui rendent tous les jours hommage.
Je le bénis bien moins que vous

Et lui dois davantage.

LE PÈRE DE LATOUR.

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12.

LES DEUX GOURMANDS.

Voulez-vous bien finir, minette,
Et me laisser mon déjeuner !
Depuis une heure je vous guette,
Et je vous vois bien en cachette
Chercher à me le dérober...

Fi!... que c'est laid d'être gourmande;
Bien sûr, si maman vous voyait,
Elle qui veut que l'on attende,
A cette heure elle vous battrait.
Sous ma main votre tête blanche
Pour être caressée se penche,
Vous voulez encor me tromper.
Ne sais-je pas qu'une caresse

Peut n'être qu'un des tours d'adresse
Qui vous servent à m'attraper!
Ou voudriez-vous qu'en ma tasse,
Attendrie enfin, je vous fasse
Puiser à votre aise avec moi?
Va-t'en, gourmande, et de ma crème,
Non, tu n'auras pas, sur ma foi ;
Car j'en aurais moins pour moi-même
Si je partageais avec toi.

JENNY ANGELET, née DE COURCELLES.

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ΙΟ

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13.

L'OREILLER D'UN ENFANT.

Cher petit oreiller! doux et chaud sous ma tête,
Plein de plume choisie, et blanc, et fait pour moi!
Quand on a peur du vent, des loups, de la tempête,
Cher petit oreiller, que je dors bien sur toi!

20

Beaucoup, beaucoup d'enfants, pauvres, nus et sans mère,
Sans maison, n'ont jamais d'oreiller pour dormir;
Ils ont toujours sommeil! O destinée amère !
Maman, douce maman! cela me fait gémir.

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