Capitaine renard allait de compagnie Là, chacun d'eux se désaltère. Après qu'abondamment tous deux en eurent pris, Puis sur tes cornes m'élevant, A l'aide de cette machine, Après quoi je t'en tirerai. -Par ma barbe! dit l'autre, il est bon; et je loue Les gens bien sensés comme toi. Trouvé ce secret, je l'avoue." 5 IO 15 20 25 Le renard sort du puits, laisse son compagnon, Pour l'exhorter à patience. "Si le ciel t'eût, dit-il, donné par excellence 5 Autant de jugement que de barbe au menton, Descendu dans ce puits. Or, adieu; j'en suis hors, 10 Qui ne me permet pas d'arrêter en chemin.” En toute chose il faut considérer la fin. LA FONTAINE. 15 66. L'AUMONE. Voici venir, amis, le dernier mois d'automne ; L'hiver sera, pour tous, plus rude qu'on ne croit, 20 Vous avez vu souvent, au seuil du presbytère Au sortir de l'église, hier, je l'ai cherchée : Ma mère en a pleuré, puis m'a donné pour elle; Dans notre livre de prières, Je l'ai lu bien souvent, amis, il est écrit Que tous les pauvres sont nos frères, La fortune, ici-bas, n'est pour nous qu'une épreuve. 5 IO 15 Tel est des livres saints l'enseignement suprême, Donnons, mais sans éclat, et même avec mystère, ALEX. GUIRAUD. 25 5 67. LE LABOUREUR ET SES ENFANTS. Travaillez, prenez de la peine: C'est le fonds que manque le moins. Un riche laboureur, sentant sa mort prochaine, Un trésor est caché dedans. Je ne sais pas l'endroit; mais un peu de courage Vous le fera trouver; vous en viendrez à bout. IO Remuez votre champ dès qu'on aura fait l'août: Creusez, fouillez, bêchez, ne laissez nulle place Où la main ne passe et repasse. 15 Le père mort, les fils vous retournent le champ, D'argent, point de caché. Mais le père fut sage Que le travail est un trésor. LA FONTAINE. 68. LE PREMIER LARCIN. N'abandonnez jamais le sentier de l'honneur, 20 Enfants, je vous le dis, malheur, cent fois malheur A qui fait un pas dans le crime ! Le chemin est glissant, on n'y peut s'arrêter: Est tôt ou tard entraîné dans l'abîme. Près d'un clos entouré d'épineux arbrisseaux, S'effaçait sous les fruits qui chargeaient ses rameaux. Et déjà de ce fruit savoure la douceur, Quand un chien se réveille, et ce gardien sévère Contre cet ennemi qui déjà le terrasse, 5 Le jeune homme est contraint de défendre ses jours: IO Et sa main, d'une bêche empruntant le secours, Aux aboîments du chien, le maître est accouru, Le coup part, le plomb siffle à l'oreille tremblante Mais cet infortuné, qu'emporte la colère, Il pleure vainement son malheur et ses torts. Malgré ses pleurs et ses remords Le jeune voyageur est conduit au supplice: VIENNET. 15 20 25 |