Il faut souvent chercher la mansarde et l'autel: Car la porte du pauvre est la porte du Ciel; La Charité, la Foi, c'est moi qui te le dis, Nous portent, mon enfant, jusques au Paradis, ANAÏS SEGALAS. 48. L'INONDATION. La pauvre enfant ! Comme un déluge Jusqu'à ses pieds les vagues roulent, La pauvre enfant! Une autre épreuve Sa prière a dompté le fleuve, Mais sa mère n'est plus là ! Nos bras, sur la plage voisine, N'ont-ils sauvé qu'une orpheline? Prions! prions! que le Dieu des douleurs, 5 ΙΟ 15 20 5 La pauvre enfant! Voilà sa mère Donnons, donnons; quand nous avons du pain, ÉMILE DESCHAMPS. ΙΟ 15 49. L'HIRONDELLE ET LE MOINEAU FRANC. Un jour le moineau franc disait à l'hirondelle: "Comment faites-vous donc, la belle, Pour vivre ainsi sans bruit, sans haine et sans courroux? Et du matin au soir nous sommes en querelle; On se bat, et la paix souvent naît de la mort. 25 Je sais pour l'apaiser un moyen infaillible. -Et quel est-il, dites-moi? - LA DOUCEUR." Pour bien vivre en famille, et d'un ami, d'un frère, EDMOND DE FONTANES. 50. LES DIX FRANCS D'ALFRED.' Alfred était, je pense, Un enfant tel que vous, ayant huit à neuf ans, Bien, bien riche !... Il avait dans sa bourse dix francs, Ce qui faisait encor ces dix francs-là plus beaux. Mais l'idée arriva d'en chercher la dépense, 5 ΙΟ Tantôt il la voyait en beau cheval de bois; Tantôt c'était un livre... Un livre !... Alors sa mère Lui laissant tout l'honneur de ce qu'il allait faire. 15 Sur le livre son choix à la fin se fixa. Charmant enfant! Combien sa mère l'embrassa! C'est qu'aussi c'était bien, savez-vous? C'est qu'un livre C'est là, nous, qui venons à vos jeux nous mêler, Vous ne comprenez pas, amis ?... Mais il faut lire, 20 25 E 51. LE PETIT MENTEUR. "Au loup! au loup! à moi!" criait un jeune pâtre, Et les bergers entre eux suspendaient leurs discours, Trompés par les clameurs du rustique folâtre : Tout venait, jusqu'au chien, tout volait au secours. 5 Ayant de tant de cœurs éveillé le courage, Tirant l'un du sommeil et l'autre de l'ouvrage, Il se mettait à rire, et se croyait bien fin. "Je suis loup," disait-il. Mais attendez la fin. Un jour que les bergers au fond de la vallée, 10 Appelant la gaîté sur leurs aigres pipeaux, Confondaient leurs repas, leurs chansons, leurs troupeaux, 15 Pas un n'abandonna la danse ni la table. Et pour punir l'enfant qu'il traitait de rebelle, 20 Il lui montrait les dents, déchirait ses habits; Et le pauvre menteur, élevant ses prières, N'attristait que l'écho: ses cris n'amenaient rien. 25 On ajoute (et vraiment c'est pitié de le croire), "Il ne ment pas, dit-on; il tremble! il saigne ! il pleure! Quoi! c'est donc vrai, Colas?" Il s'appelait Colas. "Nous avons bien ri tout à l'heure ; Et la brebis est morte! Elle est mangée... hélas ! ” On le plaignit. Un rustre, insensible à ses larmes, Mme DESBORDES-VALMORE. 5 52. LE LOUP ET LA CIGOGNE. Les loups mangent gloutonnement. Qu'il en pensa perdre la vie : Un os lui demeura bien avant au gosier. De bonheur pour ce loup, qui ne pouvait crier, Près de là passe une cigogne. Il lui fait signe; elle accourt Voilà l'opératrice aussitôt en besogne. Elle retira l'os; puis, pour un si bon tour, Elle demanda son salaire. "Votre salaire ! dit le loup: Vous riez, ma bonne commère ! D'avoir de mon gosier retiré votre cou! Ne tombez jamais sous ma patte." ΙΟ 15 20 25 LA FONTAINE. |