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43.

LA CAGE ET LES OISEAUX.

Avez-vous quelquefois, quand bien bas tout sommeille,
Quand le matin si doux lentement se réveille,
Avez-vous, chers enfants, écouté des oiseaux
Les bonjours radieux, les chants toujours nouveaux?
Avez-vous entendu souvent leur voix légère
Adresser au bon Dieu leur touchante prière ?
Puis caresser les fleurs, sauter sur les gazons
Et répéter gaîment leurs gentilles chansons?

Sans doute, direz-vous, je vois leur troupe heureuse 10 S'élancer dans les airs, étourdie et joyeuse;

Je l'entends se parler et chanter tour à tour, Tandis que moi, je reste assis pendant le jour Devant la table noire où, triste, je griffonne D'un long verbe ennuyeux, le mode et la personne; 15 Ou, sur le grand tableau, la baguette à la main, Des temps bien loin de nous je reprends le chemin, Des peuples qui sont morts me rappelant l'histoire, Il me faut de cent noms torturer ma mémoire, Dire et redire encore, les anciens, les nouveaux : 20 Oh! que bien plus heureux sont les petits oiseaux!

Pourquoi donc n'ai-je pas les ailes si légères
Des beaux papillons bleus, courant sur les bruyères ?
Les vents me seraient doux, l'air toujours spacieux;
Je m'en irais bien loin voyager dans les cieux !
25 Pourquoi ne suis-je pas la petite hirondelle ?
Je volerais aussi, m'enfuyant avec elle.

Partir? Oh! non, jamais! Comment quitter ainsi
Sa mère, ses parents, tous ceux qu'on aime ici ;

Le maître sérieux, les compagnons faciles,
Voilà nos bons amis, à nous, enfants dociles!
En pourrions-nous encor désirer de nouveaux ?
Oh! bien plus malheureux sont les petits oiseaux !

Enfants, vous l'avez dit, triste est souvent la cage,
Mais elle est douce aussi, quand on est bon et sage!
Ici-bas tout s'occupe et chacun comme vous;
L'oiseau pour ses petits bâtit un nid bien doux,
Il vole au fond des bois chercher leur nourriture,
Puis il revient chanter le Dieu de la nature !
Ses chants sont sa prière: imitons-le toujours;
Qui travaille et qui prie est béni tous les jours,
Vous, quand vous serez grands, au fond de votre cœur,
Rappelez-vous la cage et le pauvre oiseleur !

ISABELLE RODIER.

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ΙΟ

44.

LA VRAIE PARURE.

"Vois ces charmants bijoux, vois ces riches dentelles, 15 Ces frais rubans, ces étoffes nouvelles,

Disait Julie à Claire, aimable et belle enfant,
Mon père me les donne... Il est fier et content;
Moi... j'aime assez être admirée.

Sans mépriser pourtant ceux qui n'ont pas de bien. 20
Mais, Claire, tes parents ne te donnent donc rien?
Ta parure est si simple!— Ils me donnent sans cesse,
Dit Claire en souriant... Ma mère, avec tendresse,
Me donne des conseils que je garde en mon cœur
Comme un espoir, un gage de bonheur ;
Et mon père, si riche en science, en sagesse,

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Me donne des leçons... Il est fier et content,
Quand d'un talent nouveau je me montre parée,
Et
pour le rendre heureux, il faut que son enfant
Sans parure soit admirée."

45.

LOUISE-EUGENIE BALLY.

LES DEUX CHATS.

Mistigris, docile, propret,

Plein de douceur et de gentillesse,
Apprenant tout ce qu'on voulait,
Obéissant à sa maîtresse,
Devint un petit chat parfait.
Il sut bientôt, avec adresse,
Exécuter maints jolis tours,
Saluer avec politesse,
Faire la patte de velours,
Le mort, le gros dos, la toilette,
Le saut par dessus la manchette,
Et cætera. Bref, en un mot,
Il acquit d'un chat comme il faut
L'éducation bien complète.

Je ne puis, malheureusement,
En dire autant de son confrère;
Car celui-ci, tout au contraire,
Paresseux, farouche, gourmand,
Voleur, indocile, ignorant,
N'apprit rien; on n'en put rien faire,
Conséquence, hélas ! nécessaire
De l'obstination et de l'oisiveté !

Sans un peu de docilité

On ne réforme pas un mauvais caractère,
Et l'on n'acquiert quelque talent,
Qu'en travaillant.

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Alors embellissant ma vie,
Ces trois biens qui sont mon envie,
Formeraient un noeud solennel!
Puis au jour du réveil suprême
L'oiseau, l'astre et le cœur que j'aime,
Me diraient la route du Ciel.

LOUISA STAPPAERTS.

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ΤΟ

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47.

LA CHARITÉ.

Ta vie est belle, à toi: Dieu te fit pour fleurir,
Oh! ma rose nouvelle ;

Cours, bondis, les enfants semblent faits pour courir,
Ma petite gazelle;

5 Allons, que dans tes yeux de flamme et de velours Tout soit joie et délire ;

IO

Souris, car les enfants sont comme les beaux jours,
Ils sont faits pour sourire.

Mais vois-tu près de toi ces petits indigents?
La faim ternit leurs charmes ;
Ils sont comme les jours de pluie et d'ouragans,
Ils sont faits pour les larmes.

A leurs tristes berceaux on entend sangloter,
Tout est bonheur aux vôtres ;

15 La même heure en sonnant, pour vous semble chanter, Semble gémir pour d'autres!

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Dieu sourit quand l'hiver les pauvres sont contents:
Cours donc avec vitesse;

Que ta main à ton frère apporte en même temps
L'aumône et la caresse.

Donne une larme aussi, puis un mot d'amitié
Qu'il emporte en son gîte:

Vois-tu, mon séraphin, les pleurs de la pitié
Sont des pleurs d'eau bénite!

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