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Celui qui m'égayait de son gentil ramage,
Dont vous étiez jaloux,

A péri tristement enlevé de sa cage;
Ah! c'en est fait de vous!

Allez, ce trait cruel vous ravit ma tendresse !
Je voulais pardonner;

Mais mon cœur attristé de votre humeur traîtresse,
Dit qu'il faut condamner.

Fuyez, fuyez bien loin, redoutez ma présence;
Je ne veux plus vous voir,

Et de ne plus jamais juger sur l'apparence
Je me fais un devoir.

ISABELLE RODIER.

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19.

L'ENFANT ET L'ÉTOILE,

Dors, mon enfant, car dans la plaine
Les fleurs se ferment lentement;
Déjà du soir la fraîche haleine
Dans les rameaux bruit doucement,
L'étoile du soir étincelle,

Et dit en m'entendant gémir:

Quel est donc cet enfant rebelle

Qui boude et ne veut pas dormir?"

Vois comme ta sœur est gentille,
Elle dort dans son petit lit:

Sage et bonne petite fille,

L'étoile du soir lui sourit;

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Tandis qu'elle ne t'aime guère
Et semble fuir loin de tes yeux...
Ah! tu fais du mal à ta mère !
L'étoile va le dire aux Cieux.

"De grâce, exauce ma prière,
Ma mère, ne me gronde pas;
Que ton œil me soit moins sévère,
Docile, je te tends les bras,
Sous ton doux baiser qui m'effleure
Je veux m'endormir sans souci...
Ma petite étoile, à cette heure,
Oh! viens donc me sourire aussi !

La jeune mère qui se penche
Sur le front de l'ange endormi,
Bénit tout bas l'étoile blanche,
Qui le guide d'un œil ami,
Et l'étoile qui, bienfaisante,
Sur les deux jeunes enfants luit,
Par sa lumière caressante,
Chasse les spectres de la nuit.

LOUISA STAPPAERTS.

20.

LE BONSOIR D'UNE PETITE FILLE.

:

Le jour bien loin de nous emporte sa lumière
Sur le pied de mon lit, ma mère, viens t'asseoir,
Puis après, au bon Dieu, je dirai la prière
Qu'on répète le soir.

Près de toi tout est bon, ô ma mère chérie !
Tu me gardes toujours tes baisers les plus doux,
Et je ne suis jamais heureuse ni ravie

Qu'assise à tes genoux.

Tu me dis Dieu si bon, que je l'aime en mon âme;
Tu le montres partout, sur l'arbre, sur la fleur,
Dans la voix de l'oiseau, dans le soleil en flamme,
Dans le fond de mon cœur.

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Du haut de ton ciel bleu, tu veilles sur la terre,
Bon Dieu, qu'on ne peut voir, mais qu'on dit si puissant; 10
Oh! garde-moi toujours avec ma tendre mère
Sous ton bras bienfaisant!

Montre-la, dans un rêve, à mon âme ravie ;
Et si je dors longtemps, que l'ange Raphaël
Reporte mon amour et mon cœur et ma vie,
A toi, Maître du Ciel.

Mère, tu reviendras quand paraîtra l'aurore,
Je te verrai sourire et me tendre la main ;
Pour me bénir aussi, viens m'embrasser encore;
Adieu, mère, à demain !

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ISABELLE RODIER..

21.

LA BERGERONNETTE.

Pauvre petit oiseau des champs,
Inconstante bergeronnette,
Qui voltiges vive et coquette,
Et qui siffles tes jolis chants;

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Bergeronnette si gentille,

Qui tournes autour du troupeau ;
Par les prés sautille, sautille,
Et mire-toi dans le ruisseau !

Va, dans tes gracieux caprices,
Becqueter la pointe des fleurs,

Ou poursuivre aux pieds des génisses
Les mouches aux vives couleurs.

Reprends tes jeux, bergeronnette,
Bergeronnette au vol léger;

Nargue l'épervier qui te guette !...
Je suis là pour te protéger.

C'est ton doux chant dont je raffole;
Tu es un bon ami

pour

moi!

Bergeronnette, vole, vole,

Bergeronnette devant moi!

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CH. DOVALLE.

22.

L'ECOLIER ET LE VER A SOIE.

Dans un collège un écolier
Peu studieux, et n'aimant guère
A feuilleter une grammaire,
S'ennuyait d'être prisonnier.
L'enfant avait un ver à soie,
Son amusement et sa joie.

Un jour, le regardant qui filait son cocon,
Dont il s'enveloppait et faisait sa prison,

Il disait: "Mon ami, ta sottise est extrême,
A quoi bon t'enfermer toi-même ?"

Le ver lui répondit: "Ce n'est pas sans raison
Qu'à filer je mets mon étude;

Pour fruit de mon travail et de ma solitude,
Je serai bientôt papillon."

Leçon où la sagesse brille,

Et dont le sens est assez clair:

S'il n'avait pas filé, ce ver
Serait toujours resté chenille.

23.

L'ENFANT ET LE JARDINIER.

Un marmot découvrit, au pied d'un vieux prunier,
Un gros ver blanc, et le tua bien vite,
En accusant cette engeance maudite
De mille maux. Le jardinier

D'applaudir; puis mon drôle

Grimpe sur l'arbre, attrape un hanneton
Vite du fil, ensuite la chanson:

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"Hanneton, vole, vole, vole..."

Le jardinier laisse faire l'enfant,

Et lui dit: "Mon ami, quelle idée est la vôtre ?
Vous tuez l'un, vous jouez avec l'autre :
Les deux ne font qu'un cependant:

Ver blanc, il ronge la racine,

Et hanneton il dévore le fruit :

Sous une forme, il est voleur de nuit
Et sous une autre il assassine.
Quand on le juge sur la mine,
Voilà comme un fripon séduit."

VITALIS.

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