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AN. M.

3952.

Nil nimiùm, Cæfar, ftudeo tibi velle placere ;
Nec fcire utrum fis ater an albus homo.

Ces vers, quelque injurieux qu'ils fuffent, ne fervirent qu'à faire éclater la modération de la perfonne offensée. Céfar ne diffimula pas fon mécontentement, mais il fe contenta d'obliger le Poéte à lui faire fatisfaction, & il l'invita à fouper pour le foir même.

Une fimplicité élégante, des graces naturelles, font le caractère de Catulle. Heureux, s'il n'avoit point deshono ré fouvent cette aimable naïveté par une impudence Cynique.

LABERIUS: [Decimus.] LABERIUS, Chevalier Romain réuffit admirablement à faire des Mimes, qui étoient des petites piéces Comiques. A Rome, un homme de naiffance qui compofoit des poéfies, pour le Théatre, ne fe dégradoit point; mais il ne pouvoit les repréfenter luimême fans fe deshonorer. Malgré cette opinion établie de longue main, Jule Céfar preffa vivement Labérius de monter fur le Théatre pour y jouer une de fes piéces, & lui donna pour cet effet une fomme confidérable. Le

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Poéte s'en défendit longtems, mais enfin il falut ceder. Les a priéres d'un Prince en de pareilles occafions, font des ordres. Dans le Prologue de cette piéce, Labérius exhale fa douleur d'une maniere fort refpectueuse pour Céfar, & en même tems fort touchante. C'est un des plus beaux morceaux de l'antiquité. Je l'ai inferé tout entier avec la traduction dans le premier Tome du Traité des Etudes de la feconde Edition. Macrobe nous l'a confervé avec quelques autres fragmens de la mème piéce.

Il nous apprend auffi que ce Chevalier Romain, outré de dépit d'avoir vu ainfi fa vieilleff: deshonorée, pour s'en venger en la maniere feule dont il le pouvoit, fit malignement couler dans la piece dont nous venons de parder quelques traits piquans contre Céfar. Un Valet maltraité par fon Maî tre, s'écrioit: Romains, à mon fecours; nous perdons la liberté.

Porro, Quirites! Libertatem perdimus.
Et peu après il ajoutoit: Il faut nécef-

Tom. XII.

E

Sai

a Poteftas non folùm fi invitet, fed &, fi fupplicet, cogit. Macrob.

Quod eft potentiffimum imperand,genus, togabat qui jubere poterat, Aufon.

fairement que celui qui fe fait craindre de beaucoup de perfonnes, en craigne auffi lui-même beaucoup.

Neceffe eft multos timeat, quem multi ti

ment.

Tout le peuple, à ces traits, reconnut Céfar, & jetta les yeux fur lui. Quand la piéce fut finie, Céfar, comme pour le réhabiliter dans la dignité de Chevalier Romain, à laquelle il avoit dérogé par complaifance pour dui, le gratifia d'un anneau, qu'on pouvoit regarder comme de nouvelles lettres de nobleffe. Labérius alla enfuite pour prendre fa place parmi les Chevaliers, qui fe ferrérent de telle forte qu'il n'en trouva point.

SYRU S.

P. SYRUS étoit Syrien de nation -d'où dui eft venu fon furnom de Syrus. D'efclave qu'il étoit à Rome, où on l'avoit amené encore enfant, il devint affranchi très jeune, & fut inftruit avec beaucoup de diftinction. Il -excella dans la poélie Mimique, où il devint le rival de Labérius, & qu'il furpaffa même au jugement de Jule Céfar. Mais on croit que cette préfé

renco

rence qu'il lui donna ne fut que pour mortifier Labérius, qui avoit jetté dans fa piéce quelques traits malins contre lui.

Nous avons un Ouvrage de Syrus, qui renferme des Sentences en vers Jambes libres, rangées felon l'ordre alphabétique. Sénéque le pere raporte la fentiment de Caffius Sévérus, qui mettoit ces Sentences au-deffus de ce qu'il ya de meilleur dans les Poétes Comiques & Tragiques. C'est beaucoup di re. Sénéque le fils le regardoit auffi comme un excellent modéle.

On a donné depuis peu au Public une traduction de ces Sentences, & d'un Poéme de Cornelius Sévérus intitulé l'Etna, qui n'avoient jamais paru dans notre langue. On doit favoir gré aux Auteurs, qui cherchent ainfi à l'enrichir d'Ouvrages anciens qui lui font inconnus, & nouveaux pour elle. * M. A Ce Traducteur obferve que la Bruy. carias de ere a répandu dans fes caractéres pref- Avocat que toutes les Sentences de P. Syrus; au Confeil, & il en raporte plufieurs exemples, tels que ceux-ci.

*

Fortuna ufu dat multa, mancipio nihil.

Levis eft fortuna: citò repofcit, quod dedit.
E 2
» La

Sérionne

Od. 1

lib. 2.

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La fortune ne donne rien: elle ne fait que prêter pour un tems.

De

main elle redemande à fes favoris, ,, ce qu'elle femble leur donner pour » toujours.

Mortem timere crudelius eft, quàm mori.

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La mort n'arrive qu'une fois, & fe fait fentir à tous les momens de la vie. Il est plus dur de l'appréhender, que de la fouffrir.

Eft vita mifero longa, felici brevis ?

La vie eft courte pour ceux qui font dans les joies du monde: elle ne paroit longue qu'à ceux qui languiffent » dans l'affliction.

ע

رو

POLLION.

POLLION, (C. Afinius Pollio) homme Confulaire, & célébre Orateur avoit auffi compofé des Tragédies Latines, fort eftimées de fon tems. Horace en parle plus d'une fois.

Paulum feveræ Mufa Tragœdiæ.

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Defit théatris.

Pollio regum

Facta canit pede ter percuffo.

Virgile en fait auffi mention avec

éloge.

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