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Je ne

fai pas ce que figni fie ici ce mot. Il pourroit bien s'y étre glif Sé quelque fau

te.

On pourroit croire pourtant qu'il ne s'eft fi mal défendu, que pour faire fa cour à Lélius & à Scipion, à qui il favoit bien que cela ne déplaifoit pas. Cependant, dit Suétone dans la vie de Térence qui lui eft attribuée, ce bruit s'eft accru de plus en plus, & eft venu jufqu'à notre tems.

Le Poéte Valgius, qui étoit contemporain d'Horace, dit pofitivement, en parlant des Comédies de Té

rence:

Hæ quæ vocantur fabulæ, cujus funt?
Non has, qui jura populis recenfens * dabat,
Honore fummo affectus fecit fabulas?

"

Ces Comédies, de qui font-elles? Ne font-elles pas de cet homme comblé d'honneur, & qui gouver,,noit les peuples avec tant de juf ,, tice? Ou, qui donnoit la loi aux peuples avec puiffance & autorité.

"

Soit que Térence voulût faire ceffer le reproche qu'on lui faifoit de donner les Ouvrages des autres fous fon nom, ou qu'il eût deffein d'al ler s'inftruire à fond des coutumes & des mœurs des Grecs pour les mieux représenter dans fes piéces: quoiqu'il

en

en foit, après avoir fait les fix Co. médies que nous avons de lui, & n'aiant pas encore trente-cinq ans, il fortit de Rome, & on ne le vit plus depuis.

Quelques-uns difent qu'il mourut fur mer à fon retour de Gréce, d'où il remportoit cent huit piéces qu'il avoit traduites de Ménandre. Les autres affurent qu'il mourut en Arcadie dans la ville de Stymphale, fous le Confulat de Cn. Cornelius Dolabella, & de M. Fulvius; & qu'il mourut d'une maladie que lui caufa la douleur d'avoir perdu les Comédies qu'il avoit traduites, & celles qu'il avoit faites lui-même.

Térence n'eut qu'une fille, qui, après fa mort, fut mariée à un Chevalier Romain, & à laquelle il laissa une maifon & un jardin de vingt árpens fur la voie Appienne.

d'un

Ciceron, dans une piéce de vers qui avoit pour titre Léimon, mot Grec qui fignifie Prairie, avoit ainfi parlé de Térence:

Tu quoque, qui folus lecto fermone, Terenti, Converfum expreffumque Latina voce Mer

nandrum.

In medio populi fedatis vocibus effers, Quidquid come loquens, atque omnia dulcia linquens.

C'est-à-dire & vous aufi, Térence, dont le ftile eft fi poli & fi plein de charmes, vous nous traduifez nous rendez parfaitement Ménandre, & lui faites parler avec une grace infinie la lan gue des Romains, en faisant un choix très-jufte de tout ce qu'elle peut avoir de plus délicat de plus doux.

Ce témoignage fait honneur à Té rence mais les vers qui l'expriment n'en font pas beaucoup à Ciceron.

Voici les vers de Céfar que j'ai annoncés. Ce grand homme, qui écrivoit avec tant de force & de justeffe, & qui avoit fait même une Tragédie Grecque intitulée Oedipe, dit, en s'a dreffant à Térence :

Tu quoque, tu in fummis, ô dimidiate Me nander,

Poneris, & meritò, puri fermonis amator. Lenibus atque utinam fcriptis adjuncta foret vis

Comica, ut æquato virtus poleret honore Cum Græcis, neque in hac defpectus parte jaceres !

Unum

Unum hoc maceror,

"

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Terenti.

& doleo tibi deeffe,

Toi auffi demi Ménandre, tu es

,, mis au nombre des plus grands Poć,,tes, & avec raifon, pour la pureté de ton ftile. Eh! plut aux dieux », que la douceur de ton langage fût "accompagnée de la force qui convient à la Comédie, afin que ton mérite fût égal à celui des Grecs, & qu'en cela tu ne fuffes pas fort ,, au- deffous des autres! Mais c'est ,, ce qui te manque, Térence; & c'eft , ce qui fait ma douleur.

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Le grand talent de Térence confifte dans un art inimitable de peindre les mœurs & d'imiter la nature avec une fimplicité fi naïve, & fi peu étudiée, que chacun fe croit capable d'écrire de la même forte & en même tems fi élégante & fi ingenieufe, que perfonne pu jamais en approcher. Auffi estce par ce talent, c'eft-à-dire par cet art merveilleux répandu dans toutes les Comédies de Térence, qui charme & enléve fans avertir & fans fraper par rien de brillant, qu'Horace caractérife ce Poéte :

n'a

Vincere Cæcilius gravitate, Terentius arte, Epift. (Dicitur.)

D 4

lib.

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Terentii fcripta funt in

genere

Térence joint à une extrême puz reté de langage, & à un ftile fimple & naturel, toutes les graces & toute la délicateffe dont fa langue étoit fufceptible; & parmi tous les Auteurs Latins, il n'y en a point qui ait autant approché que lui de l'Atticisme c'eft-à-dire de ce qu'il y avoit de plus fin, de plus délié, de plus parfait chez les Grecs. Quintilien, en parlant de Térence, dont il fe contente de dire que les Ecrits étoient fort élégans, remarque que le langage Roelegantif main ne rendoit que très imparfaitement cette fineffe de goût & cette grace inimitable refervée aux Grecs feuls, & qui ne fe trouvoit même que dans le dialecte Attique. Vix levem› confequimur umbram, adeo ut mihi fermo ipfe Romanus non recipere videatur illam folis conceffam Atticis venerem quando eam ne Graci quidem in alio genere lingua obtinuerint. Il eft facheux que la matiére de ces Comédies les rende dangereufes à la Jeuneffe. Je m'en fuis expliqué au long dans le Traité des Etudes.

fima.

AN. M. 3856.

LUCIL E.

LUCILE, (Caius Lucilius.) Che

va

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