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Il faut fe fouvenir, pour entendre ces vers, que Mercure étoit le dieu. des Marchands, & le courier des dieux.

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Par la même raifon que vous voulez que je vous fois favorable dans vos achats & dans vos ven"tes, que vous fouhaitez de profpérer dans les affaires que vous avez à la ville & dans les pays étranngers, & de voir augmenter cha» que jour d'un profit confidérable celles que vous avez entreprises, » ou que vous êtes fur le point d'en»treprendre : par la même raison » que vous voulez que je vous ap» porte de bonnes nouvelles, à vous & à vos familles, & que je vous apprenne des chofes qui foient pour le bien de votre République: (car vous favez il y a longtems qu'il m'eft échu en partage d'etre le dieu des nouvelles, & de préfider au gain.) Par la même raifon donc que vous voulez que je vous accorde toates » ces chofes, & que je n'oub ie rien de ce qui peut vous procurer l'avancement de vos affaires : par cette mème raifon il faut auffi que, vous donniez une favorable atten

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,, tion à cette Piéce, & que vous en jugiez équitablement.

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On rencontre de tems en tems dans Plaute de fort belles maximes pour la conduite de la vie & pour la pureté des mœurs. J'en apporterai un exem ple, tiré de la piéce que j'ai déja citée. C'eft Alcméne qui parle à fon mari Amphitrion, & qui renferme en peu de vers tous les devoirs d'une femme fage & vertueufe.

A.2.fc.2. Non ego illam mihi dotem duco effe, quæ dos dicitur:

Sed pudicitiam, & pudorem, & fedatum

cupidinem,

Deum metum, parentùm amorem, & com gnatum concordiam :

Tibi morigera, atque ut munifica fim bonis, profim probis.

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Pour moi jestime que la véritable dot d'une femme n'eft pas l'ar » gent qu'elle apporte en fe mariant. C'est l'honneur, c'eft la pudicités " c'eft de favoir modérer fes défirs, d'avoir la crainte des dieux, d'ai"mer ceux de qui l'on a reçu naiffance, & de vivre en bonne

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» intelligence avec les parens. Je

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, n'ai jamais eu d'autre but, que de vous obéir en toutes chofes, de fecourir les gens de bien, & de pou voir leur être utile.

Mais pour quelques endroits de cette forte, combien y en a-t-il de contraires à la pureté des mœurs! Il eft bien fâcheux que ce reproche tombe prefque généralement fur les meil leurs Poétes du paganifme. On peut bien appliquer ici ce que dit Quinti- Lib. 1. lien de certaines poéfies dangereufes: cap. 8. Qu'il faut les laiffer abfolument ignorer à la Jeuneffe, s'il eft poffible, ou du moins les réserver pour un âge plus mûr, & pour un tems où les mœurs feront en fureté. Amoveantur, fi fieri poteft; fi minùs, certè ad firmius ætatis robur referventur... cùm mores in tuto fuerint.

TERENC E.

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Sueton. in

TERENCE naquit à Carthage AN. M. après la feconde guerre Punique, l'an 3818. de Rome 560. Il fut efclave de Té- vit. Terentius Lucanus Sénateur Romain, rent. qui, à caufe de fon efprit, non feu lement le fit élever avec beaucoup de foin, mais l'affranchit fort jeune. Ce fut ce Sénateur qui donna à ce PoéTome XII,

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te le nom de Térence. Car les Af franchis portoient ordinairement le nom du Maître qui les avoit mis en liberté.

Il étoit fort aimé & fort eftimé des premiers de Rome. Il vivoit fur-tout très-familiérement avec Lélius & Scipion l'Africain qui prit & qui ruina Numance, ce dernier étoit moins âgé que lui d'onze ans.

Il nous refte de Térence fix Comé dies. Quand il vendit aux Ediles la premiére, on voulut qu'il la lût auparavant à Cécile, Poéte Comique comme lui, & qui étoit fort eftimé à Rome lorfque Térence commença à y paroitre. Il alla donc chez lui, & le trouva à table. On le fit entrer; & comme il étoit fort mal vétu, on lui donna près du lit de Cécile un petit fiége, où il s'affit, & commença à lire. Mais il n'eut pas plutôt lu quelques vers, que Cécile le pria de fouper, & le fit mettre à table près de lui. Après fouper, il acheva d'entendre cette lecture, & en fut charmé. Il ne faut pas toûjours juger des hommes par le dehors. Un méchant habit, peut couvrir un excellent efprit.

L'Eu

L'Eunuque, qui eft une des fix Comédies de Térence, eut un fi grand Luccès, qu'elle fut jouée deux fois en un jour, le matin & le foir, ce qui n'étoit peut-être jamais arrivé à aucune piéce; & on la paia beaucoup mieux qu'aucune Comédie n'avoit été paiće jufques-là: car Térence en eut huit mil le felterces, c'est-à-dire mille livres.

C'étoit un bruit affez public que Scipion & Lélius l'aidoient à la compofition de fes piéces ; & il l'a augmenté lui même en ne s'en défendant que fort légérement, comme il fait dans le Prologue de fes Adelphes, qui eft est la derniére de fes Comédies. Pour ce que difent ces envieux, qu'il eft aidé dans fon travail par des hommes illuftres qui compofent avec lui, bien loin d'en être offenfé comme ils fe l'imaginent, il trouve qu'on ne lui fauroit donner une plus grande louange, puifque c'est une marque qu'il a l'honneur de plaire à des perfonnes qui vous plaifent, Messieurs, & à tout le peuple Romain; & qui en paix, en guerre, en toutes fortes d'affaires, ont rendu à la République en général, & à chacun en particulier, des fervices très confidérables, fans en être pour cela plus fiers ni plus orgueilleux.

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