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Plut. in

Alex. P. 672.

Alexandre le Grand, lorfqu'il ruina la ville de Thébes patrie de notre illuf tre Poéte, rendit, long-tems après fa mort, un jufte & glorieux hommage à fon mérite dans la perfonne de fes defcendans, qu'il difcerna du refte des citoiens de cette ville malheureuse, & dont il ordonna qu'on prit un foin particulier.

J'ai parlé ailleurs de quelques ouvrages de Pindare, à l'occafion d'Hiễ fon on peut confulter l'endroit, Tome III.

S. VI.

DES POETÉS ELEGIAQUIS. ELEGIE, felon Didyme, vient de é exéyew. dire, hélas! felon d'au tres, de eλeov λeyew. dire des chofes touchantes. Les Grecs, dont les Latins ont fuivi l'exemple, compoférent leurs poéfies plaintives, leurs Elégies, en vers Hexamétres & Pentamétres entrelacés. Depuis, toute piéce écrite en vers Hexamétres & Pentamétres, a été appellée Elegie, quelqu'en fût le fujet, gai ou trifte.

Horat. in Verfibus impariter junctis querimonia priArt. poët. mùm,

Mox etiam inclufa eft voti fententia compos.

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Il ne nous reste aujourd'hui aucune Elégie Grecque, prise dans le premier fens, fi ce n'eft celle qu'Euripide a inférée dans fon Andromaque qui ne contient que quatorze vers. On ne fait point qui eft l'inventeur de l'Elé gie.

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Quis tamen exiguos Elegos emiferit auctor Grammatici certant, & adhuc fub judice lis eft.

Comme elle étoit deftinée dans fa premiére institution aux gémiffemens & aux larmes, elle ne s'occupa d'abord que de malheurs & d'infortunes. Elle n'exprima d'autres fenti mens, elle ne parla d'autre langage que celui de la douleur. Négligée, comme il fied aux perfonnes affligées, elle cherchoit moins à plaire qu'à toucher: elle vouloit exciter la pitié, & non l'admiration. Enfuite on l'emploia à toutes fortes de fujets, & fur tout à la paffion de l'amour. Mais elle retint toujours fon même caractére, & fe fouvint de fa premiére origine. Ses penfées furent toujours naturelles & éloignées de toutes recherches d'efprit, fes fen

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AN. M. 3230.

3408.

timens tendres & délicats, fes expreffions fimples & faciles; & toujours elle conferva cette marche inégale dont Ovide lui fait un fi grand mérite, (In pedibus vitium caufa decoris erat) & qui donne à la poéfie Elégiaque des Anciens, tant d'avantage fur la nôtre.

Périandre, Pittacus, Solon, Chilon, Hippias écrivirent en vers Elégiaques leurs préceptes de religion, de morale, de politique: en quoi ils eurent pour imitateurs Théognis de Mégare, & Phocylide. Plufieurs des Poétes dont j'ai parlé jufqu'ici ont compofé auffi quelques Elégies: mais je ne raporterai ici que ceux qui fe font appliqués particuliérement à ce genre de poéfie, & je n'en choifirai qu'un petit nombre.

CALLINUS. Il étoit d'Ephéfe. C'est un des plus anciens Poétes Elégiaques. On conjecture qu'il fleuriffoit vers le commencement des Olimpiades.

AN. M. MIMNERMUS, de Colophon, ou de Smyrne. Il étoit contemporain de Solon. Quelques uns le font inventeur du vers Elégiaque. Du moins il lui donna fa perfection, & peut-être

fut-il le premier qui tranfporta l'Elégie des funerailles à l'amour. Les fragmens qui nous reftent de lui ne refpirent que la volupté, & c'eft fur ce pié qu'Horace en parle.

Si, Mimnermus uti cenfet, fine amore jocif- Horat.

que

Nil eft jucundum, vivas in amore jocifque.

Epift. 6. lib. I.

AN. M.

SIMONIDE, dont les vers étoient fi touchans, pourroit être rangé par- 3444mi les Poétes Elégiaques: mais je l'ai placé ailleurs.

PHILETAS de Cos, & CALLI- AN. N MÁQUE de Cyréne, vécurent tous 3724deux à la Cour de Ptolémée Philadel phe, dont Philétas fut certainement Précepteur, & Callimaque, à ce qu'on croit, Bibliothéquaire. On regardoit Quintil. celui-ci comme le Maître, de l'Elégie, lib.10. c.14 & celui qui y avoit le mieux réuffi: Cujus (Elegia) princeps habetur Callimachus; & on donnoit le fecond rang à Philétas: fecundas, confeffione plu rimorum, Philetas occupavit.

Voila le fentiment de. Quintilien. Mais Horace paroit déférer le rang à Mimnermus au-deffus de Callim aque Tome XII.

C

Si plus adpofcere visus,

Cal

Epift. 1

Fit Mimnermus, & optive cognomine crefeit, lib. 2.

Callimaque avoit embraffé tous les gentes de Litérature.

S. VIE

DES POETES AUTEURS d'Epigrammes.

L'EPIGRAMME eft une espéco de poéfie courte, fufceptible de toutes fortes de fujets, qui doit finir par une pensée vive, nette, & jufte. Ce mot, en Grec, fignifie Infcription. Celles que les Anciens mettoient aux tombeaux, aux ftatues, aux temples, aux arcs de triomphe, étoient quelquefois en vers, mais dont le caractère éroit une grande fimplicité. On a depuis attaché ce nom à l'efpéce de poéfie dont je parle. L'Epigramme eft renfermée ordinairement dans un petit nombre de vers: quelquefois pourtant on lui donne plus d'étendue.

J'ai dit que cette poéfie étoit fufceptible de toutes fortes de fujets. Cela est vrai, pourvû qu'on ait foin d'en écar ter toute médifance, & toute obfcénité.

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a

La liberté que les Poétes Comi-. ques s'étoient donnée à Athénes d'atta

quer

a In vitium libertas excidit, & vim Dignam lege regi. Lex accepta, chorufque Turpiter obticuit. Horat. in Art. Poët.

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