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Courtifanne appellée Rhodope: c'elt cette Rhodope qui fit bâtir une dés Pyramides d'Egypte.

Sapho avoit composé un affez grand nombre de piéces, dont il ne nous en refte que deux, qui font juger que les louanges que lui ont donné tous les fiécles pour la beauté, la tendreffe, le nombre, l'harmonie, & les graces infinies de fes vers, ne font point fans fondement. Auffi lui donna-t-on le nom de dixiéme Mufe; & ceux de Mityléne firent graver fon image fur leur monnoie.

Il feroit à fouhaiter que la pureté de fes mœurs eût répondu à la beauté de fon génie, & qu'elle n'eût pas deshonoré fon fexe & la poéfie par fes: vices & par fes déréglemens.

On dit qu'au defefpoir & furieufe de Popiniâtre réfiftance que Phaon jeune homme de Lesbos oppofoit à fes défirs, elle fe précipita dans la mer du haut du promontoire de Leucade en Acarnanie: reméde emploié affez ordinairement dans la Gréce par ceux qui étoient malheureux dans leur paffion..

ANACREON.

Ce Poéte étoit de Téos, ville d'Ionie. Il paffa beaucoup de tems à la Cour de Polycrate, ce Tyran de Samos, fameux par la

prof

AN. M

3512.

p. 228.

profpérité conftante de fa vie & par fa fin tragique ; & il fut non feulement de tous les plaifirs, mais encore de In Hipp. fon Confeil. Platon nous apprend £229. qu'Hipparque, l'un des fils de Piff. trate, envoia un vaiffeau de cinquan te rames à Anacréon, & lui écrivit fort obligeamment pour le conjurer de vouloir bien venir à Athènes, fes beaux Ouvrages feroient eftimés & goûtés comme ils le méritoient, On dit que la joie & le plaifir faifoient fon unique étude, & ce qui nous res te de fes piéces en fait foi. On voit par tout dans fes vers que fa main écrit ce que fon cœur fent. Leur délicateffe fe fait mieux fentir qu'on ne peut l'exprimer. Rien ne feroit plus eftimable que fes poéfies, fi elles avoient un meilleur objet.

AN. M.

3444

SIMONIDE. Il étoit de l'île de Cée une des Cyclades dans la mer Egée. Il écrivit, dans le dialecte Dorique, le fameux combat naval de Salamine. Son a ftile étoit délicat naturel, agréable. Il étoit touchant, &

a Simonides tenuis, alioqui fermone proprio & jucunditate quadam commendari poteft. Præcipua tamen ejus in commovenda mifera

2 & excelloit à exciter la compailion: c'étoit là fon talent propre & perfonnel par où les Anciens l'ont caractérisé.

Paulum quidlibet allocutionis
Moeftius lacrymi Simonideis. Catull.

Horace en parle de même :

Sed ne relictis, Mufa procax, jocis,
Ceæ retractes munera næniæ.
Od. 1. lib. 2.

IBYCUS. Nous ne connoiffons AN. M que fon nom, & il refte de lui peu de 3464. fragmens.

3552.

BACCHYLIDE. Il étoit de l'ile A N. M. de Cée, fils d'un frére de Simonide. Hiéron préfera fes Poémes à ceux de Pindare dans les Jeux Pythiens. Ammien Marcellin dit que la lecture de ce Poéte faifoit les délices de Julien l'Apostat.

PINDARE. Quintilien le met à A N. M. la tête des neuf Poétes Lyriques de 3528. la Grèce. Ce qui fait fon mérite perfonnel & fon caractère dominant, c'est cette nobleffe, cette grandeur cette fublimité, qui l'éléve fouvent au-deffus des régles ordinaires, auxqueltione virtus, ut quidam in hac eum parte omnibus ejufdem operis auctoribus præferant. Quintil. lib. 10. cap. 1.

quelles il ne faut pas exiger que les productions des grands génies foient fervilement affujetties. On voit dans fes Odes un effet fenfible de cet enthousiasme dont j'ai parlé d'abord. Il pourroit même y paroitre un peu trop de hardieffe, fi un mélange de traits plus agréables n'y fervoit d'adouciffement. Le Poéte l'a bien fenti; & c'est ce qui lui a fait de tems en tems répandre des fleurs à pleines mains, en quoi fa rivale, la célébre Corynna, lui a même reproché l'excès.

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Véritablement Horace ne le loue que par le caractère de fublimité. Selon lui, c'est un cygne qu'un effort impétueux & le fecours des vents élé vent jufques dans les nues: c'est un torrent, qui, groffi par l'abondance des eaux, renverfe tout ce qui s'oppofe à l'impétuofité de fon cours. Mais, à le regarder par d'autres endroits, c'eft un ruiffeau paifible, dont l'au claire & pure coule fur un fable d'or entre des rives fleuries. C'eft une abeille, qui, pour compofer fon nectar, ramaffe fur les fleurs ce qu'elles ont de plus précieux.

Son ftile eft toujours proportionné à

fa

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La maniere de penfer, ferré, concis, & fans trop de liaifons dans les mots: l'efprit en découvre affez dans la fuite des chofes qu'il traite, & les vers en ont plus de force. Le foin d'ajufter des transitions ne feroit que rallentir le feu du Poéte, en donnant à l'enthousiasme le tems de fe refroidir.

En parlant, comme j'ai fait, de Pindare, je ne prétens pas le donner pour un Auteur fans défauts. Il en a, qu'il eft difficile d'excufer: mais le nombre & la grandeur des beau tés qui les accompagnent doivent les couvrir, & les faire prefque disparoitre. Il falloit qu'Horace bon juge en toute matiere, mais fur tout en celle-ci eût conçu une haute idée de fon mérite , puifqu'il ne craint point de dire qu'on ne peut, fans une témérité vifible, prétendre Pégaler. Pindarum quifquis ftudet amulari, &c.

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Pindare eut une dangereufe rivale lian. 1. dans la perfonne de CORYNNA, 13. c. 25. qui fe diftingua dans le même genre de poéfie que lui, & qui lui enle va cinq fois la palme dans les difputes publiques. Elle fut furnommée la Mufe Lyrique.

Ale

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