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fon élocution grande & élevée, fouvent jusqu'à l'enflure.

Cym. P

483.

Dans une difpute publique entre Pl. in les Poétes Tragiques, établie à l'occafion des os de Théfée que Cimon avoit raportés à Athénes, le prix fut ajugé à Sophocle. Efchyle eut une fi grande douleur de voir un jeune Poéte venir lui enlever la gloire de primer fur le théatre dont il étoit depuis longtems en poffeffion, qu'il ne put pas foutenir davantage le féjour d'Athénes. Il en partit & fe retira en Sicile chez le Roi Hiéron. Il y mourut d'une mort bien finguliére. Comme il dormoit dans une campagne la tête nue, une aigle laiffa tomber une pefante tortue fur la tête qui étoit chauve, & qu'elle prit pour une roche. De, quatre-vingt dix Tra-gédies qu'il avoit compofées, il n'y en eut que vingt-huit, & felon d'autres que treize, où il remporta la victoire.

Suill

SOPHOCLE & EURIPIDE. Ces AN. M. d'eux a Poétes parurent enfemble, & 3532. illuftrérent beaucoup le théatre Athénien par des piéces également admirables, quoique d'un ftile bien diffé

B 4

rent.

a Longè clariùs illuftraverunt hoc opus Sophocles atque Euripides: quorum in difpari dicendi via uter fit poëta melior, inter pluri mos quæritur. Quintil. ibid.

AN. M.

3564.

AN. M.

3580.
Plut. in
Moral.
P. 853.

rent. Le premier étoit grand, élevé, fublime le fecond tendre, touchant, & rempli de maximes excellentes pour les mœurs & pour la conduite de la vie. Les fuffrages du public furent partagés à leur égard, comme ils le font aujourd'hui parmi nous à l'égard des deux Poétes qui ont fait tant d'honneur à notre Théatre, & qui l'ont mis en état de le difputer à celui d'Athénes.

S. III.

DES POETES COMIQUES. EUPOLIS, CRATINUS, & ARIS TOPHANE ont rendu fort célébre la Comédie appellée Ancienne, qui a tenu lieu chez les Grecs de Satyre. Elle poffédoit dans la derniére perfection ce qu'on nommoit Atticifme, c'est-à-dire ce qu'il y avoit dans le ftile de plus élégant, de plus fin, de plus délicat, dont les autres poéfies ne pouvoient approcher. J'en ai parlé ailleurs.

MENANDRE. Il fut le chef & l'auteur de la Nouvelle Comédie. Plutarque le préfére infiniment à Ariftophane. Il admire en lai une plaifanterie douce, fine, délicate, fpirituelle, & qui ne s'écarte jamais des régles de la probité la plus auftére: au lieu que

les

les railleries d'Ariftophane améres & mordantes emportent la piéce, déchirent fans aucun ménagement la réputation des plus gens de bien, & violent avec une impudence effrenée toutes les loix de la modeftie & de la pudeur. Quintilien a ne craint point d'a- ' vancer que Ménandre a effacé tous ceux qui ont écrit avant lui dans le même genre, & que par l'éclat de fa réputation il a entiérement obfcurci leur nom. Mais le plus grand éloge qu'on puiffe faire de ce Poéte eft de dire, que Térence, qui n'a prefque fait que copier fes piéces, eft regardé par les bons Juges comme beaucoup inférieur à fon original.

Aulu-Gelle nous a confervé quelques Lib. 2. endroits de Ménandre imités par Céci- cap. 23lius ancien Poéte Comique Latin. A la premiére lecture il avoit trouvé les vers de celui-ci fort beaux. Mais il avoue que dès qu'il les eut comparés avec ceux du Poéte Grec, toute leur beauté difparut, & qu'ils lui parurent pitoiables. On ne rendit pas à Ménandre, de fon vivant toute la juftice qui lui étoit

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B5

a Atque ille quidem omnibus ejufdem operis auctoribus abftulit nomen, & fulgore quodam fuæ claritatis tenebras obduxit. Ibid.

AN. M.

3280.

AN. M.

3460. Sukias.

étoit dûe. De plus de cent Comédies
qu'il fit repréfenter, il ne remporta la
palme que dans huit feulement. Soit
cabale & confpiration contre lui,
foit mauvais goût des Juges, PHILE-
MON, qui ne méritoit certainement
que la feconde place, lui fut prefque
toujours préféré.

On a expliqué dans le Ve. Tome
tout ce qui regarde l'ancienne Comé-
die, la Moienne, & la Nouvelle.

S. IV.

DES POETES JAMBIQUES.

ARCHILOQUE, natif de Paros inventeur des vers Jambes, vivoit du tems de Candaule Roi de Lydie. Voiez ce qui en eft dit Tome II. vers la fin.

HIPPONAX étoit natif d'Ephéfe. En ayant été chaffé par les Tyrans qui y dominoient, il alla s'établir à Clazoméne. Il étoit laid, petit, & menu: mais fa laideur a fervi à l'immortalifer; car il n'eft guéres connu que par les vers Satyriques qu'il compofa

a Philemon, ut pravis fui temporis judiciis Menandro fæpe prælatus eft, ita confenfu omnium meruit credi fecundus. Quintil. ibid.

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pofa contre deux fréres Sculpteurs, Bupalus & Athénis, qui avoient fait fa figure la plus ridicule qu'il leur avoit été poffible. Il lança fur eux une grêle de vers fi mordans & fi violens, que, felon quelques-uns, ils fe pendirent de dépit. Mais Pline obferve qu'on avoit d'eux plufieurs ftatues faites depuis ce tems-là. On attribue à Hipponax l'invention du vers Scazon, où le Spondée a pris la place de l'Iambe qui fe trouve toujours au dernier pié du vers qui porte ce nom.

S. V.

DES POETES LTRIQUES.

On appelle Poéfie Lyrique, celle qui étoit faite pour être chantée fur la Lyre, ou fur d'autres inftrumens pareils. Ses compofitions fe nomment Odes, c'est-à-dire Chants, & fe distribuent en Strophes ou Stances.

Le but de la Poéfie eft de plaire à l'imagination. Mais fi les différens genres de poéfie, comme l'Idylle, P'Elégie, le poéme Epique, vont à ce but par des moiens différens, l'Ode y parvient plus fûrement, parce qu'elle les embraffe tous ; & que de même B 6 qu'un

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