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AN. J. C.

350.

afin que les Chrétiens fe puffent paffer des Auteurs profanes pour apprendre les Belles- Lettres.

Le fils, qui étoit Sophifte, c'est-àdire Rhéteur & Philofophe, fit des Dialogues à la maniere de Platon, pour expliquer les Evangiles & la doctrine des Apôtres.

La perfécution de Julien dura fi peu, que les Ouvrages des Apollinaires furent inutiles; & l'on revint à la lectu re des Auteurs profanes. Auffi de toutes leurs poéfiés ne nous eft-il refté que la Paraphrafe des Pfeaumes compofée par Appollinaire l'ancien qui eu le

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malheur de donner dans des fentimens hétérodoxes fur Jésus-Chrift.

S. GREGOIRE de Naziance, contemporain d'Apollinaire, compofa auffi un grand nombre de vers de toute efpéce: Suidas les fait monter à trente mille. On n'en a confervé qu'une partie. Ils furent, pour la plupart, l'occupation & le fruit de fa retraite. Quoiqu'il fût pour lors dans un âge fort avancé, on y trouve tout le feu & toute la vigueur que l'on pourroit fouhaiter dans les Ouvrages d'un jeune homme.

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qui lui fervoit à lui-même d'amuse ment dans fa folitude, & de confolation dans fes maladies, il avoit en vûe les jeunes gens, & ceux qui aimoient les Belles Lettres. Pour les retirer des chanfons & des poéfies dangereuses, il vouloit leur fournir un divertiffe ment, non feulement innocent, mais encore utile, & leur rendre la vérité agréable. Il y a lieu de croire auffi, qu'une de fes vues avoit été d'opposer des poéfies où il n'y eût rien que d'e xact & d'orthodoxe, à celles d'Apol linaire qui étoient mélées de beau coup d'opinions contraires à la foi.

C'étoit rappeller la Poéfie à fon inftitution primitive, que de la fai re fervir ainfi à la religion. Il ne traitoit dans ses vers que des fujets de pieté, qui puffent animer, purifier, inftruire, ou élever l'ame à Dieu. En y propofant aux Chrétiens une fainte doctrine, il en bannit toutes les ordures & toutes les folies de la Fable; & il auroit cru profaner fa plume, que de l'emploier à faire revivre dans fes poéfies les divinités payennes, que Jefus Chrift étoit venu abolir.

Voila quels devroient être nos mo déles, Je parle ici d'un Saint qui avoit B 2

toute

toute la beauté, la vivacité, la folidité d'efprit qu'on peut imaginer. Il avoit été inftruit dans les Belles - Lettres par ce qu'il y avoit de plus habiles Maîtres dans le paganifme. Il avoit lu avec un extrême foin tous les Poétes anciens, & l'on en rencontre fouvent des traces même dans fes Ouvrages de profe. Mais, content d'y avoir pris le bon goût de la poéfie, & d'en avoir bien étudié & fenti toute la fineffe & toute la délicateffe, il n'a jamais emploié dans les fiennes aucune des divi nités profanes; & ce n'eft que plufieurs fiécles après qu'elles ont été rapellées dans les poémes. Ce qui étoit condanné & défendu dans ces beaux fiécles de l'Eglife, doit-il maintenant nous être Dans le permis? J'ai traité ailleurs cette maTome du tiére avec quelque étendue.

premier

420.

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Traité des Pour l'honneur de la Poéfie & Etudes. des Poétes, je ne dois pas omettre ¡AN. J. C. EUDOCIE, fille du Sophifte Léonce Athénien, laquelle, avant que d'être devenue Chrêtienne, & d'avoir époufé P'Empereur Théodofe le Jeune, s'appelloit Athénaïs. Son pére lui avoit donné une excellente éducation, & l'avoit rendue extrêmement habile. Elle joignoit à une beauté de vifage

extraordinaire, une beauté d'efprit encore plus grande. Elle fit un poéme Héroïque fur la victoire que fon mari remporta contre les Perfes. Elle compofa beaucoup d'autres piéces fur des fujets pieux. On en doit fort regreter la perte.

SYNESIUS Evêque de Ptolémaïde, étoit du même tems. Ils ne nous refte de lui que dix Hymnes.

J'ai paffé fous filence plufieurs Poétes dont il est parlé dans les Auteurs, mais qui font peu connus ; & je crains même d'en avoir raporté encore un trop grand nombre de cette espéce.

Je vais maintenant parler des Poétes Tragiques & Comiques. Mais comme j'ai traité cette double matiere avec affez d'étendue dans le Ve. Tome de cette Hiftoire, je ne ferai prefque ici que marquer le nom de ces Poétes, & le tems où ils ont vécu.

S. II.

DES POETĖS TRAGIQUES.

THESPIS eft a regardé comme Av. J. C.

B 3

3408.

l'in

a Ignotum tragicæ genus inveniffe Camœnæ Dicitur, & plauftris vexiffe poëmata Thef

pis,

Quæ canerent agerentque peruncti fæcibus

ora.

Horat. in Art. poet.

l'inventeur de la Tragédie. Il eft-aifé de juger combien dans ces premiers tems elle étoit groffiére & imparfaite. Il barbouilloit de lie le vifage de fes Acteurs, & les promenoit de village en village fur un tombereau, d'où ils repréfentoient leurs piéces. Il vivoit Plut. in du tems de Solon. Ce Sage Législateur affiftant un jour à une de ces repréfentations, dit, en frapant la terre avec fa canne: Je crains bien que ces fictions poétiques & ces mensonges ingénieux ne paffent bientôt dans nos actes & dans nos contracts.

Solone. pag. 95.

AN. M.

3598.

ESCHYLE a commença å perfectionner la Tragédie, & à la mettre en honneur. Il donna à fes Acteurs un mafque, un ́habit plus décent, une chauffure plus haute, appellée Cothurne, & leur conftruifit un petit théatre. Son ftile eft noble & même fublime,

fon

a Poft hunc perfonæ pallæque repertor honestæ.

fchylus, & modicis inftravit pulpita

tignis,

Et docuit magnumque loqui, nitique cothurno.

Horat. ibid.

b Tragoedias primus in lucem fchylus protulit, fublimis, & gravis, & grandiloquus, fæpe ufque ad vitium. Quintil. lib. 10. cap. 1.

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