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l'Odyffée, qui contient une grande fuite de voiages & de récits; & qu'aiant à le faire combattre pour l'établir en Italie, il auroit befoin d'avoir fans ceffe devant les yeux l'Iliade, qui eft remplie d'actions, de combats, & de tout ce ministére des dieux que demande la haute Poéfie. Enée voiage comme Ulyffe, & combat comme Achille. Virgile a fait entrer les quarante huit livres d'Homére dans les douze livres dont l'Enéide eft compofée. Dans les fix premiers on retrouve l'Odyffée prefque par tout, comme on retrouve l'Iliade dans les fix derniers.

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C'est un grand avantage & un grand titre de fuperiorité pour le Poëte Grec d'avoir été l'original que l'autre a copié; & l'on peut bien lui appliquer ce que dit Quintilien de Démofthéne par raport à Ciceron, que quelque grand que foit Virgile, Homére l'a fait en grande partie tout ce qu'il eft. Cet avantage néanmoins ne décide pas plei nement de leur mérite, & l'on disputera toujours auquel on doit donner la préférence.

Nous

a Cedendum verò in hoc quidem, quod & ille (Demofthenes) prior fuit,& ex magna parte Ciceronem, quantus eft, fecit. Lib.10.0.1.

Nous pouvons nous en tenir au ju- Ibid, gement de Quintilien, qui laiffant la question indécise, marque parfaitement en peu de mots ce qui diftingue ces deux excellens Poétes. Il dit qu'il y a plus de génie & de naturel dans l'un plus d'art & de travail dans l'autre ; & que ce qui manque à Virgile du côté du fublime, en quoi le Poéte Grec l'emporte fans conteftation, eft peutêtre compenfé par la jufteffe & l'exactitude qui régne également par tout dans l'Enéide. Et bercle, ut illi natura calefi atque immortali cefferimus, ita cura 3 diligentia vel ideo in hoc plus eft, quòd ei fuit magis laborandum: & quantum eminentioribus vincimur, fortaffe aqualitate penfamus. Il eft difficile de mieux caractérifer ces deux Poétes. L'Iliade & l'Odyffée font deux grands tableaux dont l'Enéide eft le racourci. Celui-ci veut être regardé de près: tout y doit être achevé. Mais les grands tableaux se voient de loin: il n'eft pas néceffaire que tous les traits y foient fi finis & fi réguliers; c'eft même un défaut dans un grand tableau qu'un foin trop fcru puleux.

HESIO D E.

1

ON DIT qu'Héfiode étoit né à Cu

mes

umque

fenem.

Eclog. 6.

mes ville d'Eolie, mais qu'il fut nourri & élevé à Afcra petite ville de Béotie qui depuis a paffé pour fa patrie: authi Afera Virgile l'appelle-t il le Vieillard d'Afcra. Les fentimens font fort partagés fur le tems où il a vécu. L'opinion la plus commune le fait contemporain d'Homére. De toutes fes piéces de poéfie il ne nous en refte que trois: 1o. les Ouvrages les Jours. 2°. La Théogonie, ou Généalogie des dieux. 3°. Le Bou II. Tome clier d'Hercule. J'en ai parlé ailleurs. de l'Hift. ancien.

AN. M.

3356.

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Quintilien trace ainfi fon caractère. Il arrive rarement à Héfiode de s'élever. Une grande partie de fes Ouvrages ne contient prefque que des. ,, noms propres. On y trouve pourtant d'utiles fentences pour la conduite de la vie. Il a affez de douceur dans l'ex,, preffion & dans le ftile. On lui don,, ne la palme dans le genre d'écrire médiocre.

"

"

POETES moins connus. TERPANDRE. Il étoit fort renommé

a Rarò affurgit Hefiodus, magnaque pars e jus in nominibus eft occupata: tamen uti es circa præcepta fententiæ, lenitafque verborum & compofitionis probabilis: daturque ei palma in illo medio dicendi genere. Lib. 10.

cap. I.

mé & post la Poéfie, & pour la MuLique.

lib. 4.

TYRTE'E. On croit qu'il étoit AN. M. d'Athènes. Ce Poéte fit une grande 3364. Paufan. figure dans la feconde guerre de Mef. féne. Il excelloit à chanter la valeur pag. 244 &c. guerriére. Les Spartiates avoient reçuplufieurs échecs qui leur avoient abatu le courage, L'Oracle de Delphes leur ordonna de demander aux Athé niens un homme capable de les aider de fes avis & de fes lumiéres. Tyrtée leur fut envoié. Le fuccès ne répondit pas d'abord à l'attente des Spartiates. Ils furent encore battus trois fois confécutivement, & reduits au defefpoir, ils étoient prêts de retourner à Sparte. Tyrtée les anima de nouveaux par fes Vers qui ne refpiroient que l'amour de la Patrie & le mépris de la mort. Aiant repris courage ils attaquérent les Mefféniens avec fureur; & la victoire qu'ils remportérent en cette occafion termina à leur avantage une guerre qu'ils ne pouvoient plus foutenir. Ils accordérent à Tyrtée le droit de bourgeoifie, titre qui ne fe prodiguoit pas à Lacédémone, & qui par là devenoit infiniment honorable. Le peu qui nous en refte, fait connoi

tre

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tre que fon itile étoit plein de force & de nobleffe. Il paroit lui-même transporté de l'ardeur dont il vouloit enflammer l'efprit de fes auditeurs.

Horat. in Tyrtæufque mares animos in Martia bella Art. Poët. Verfibus exacuit.

AN. M..

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DRACON. Célébre Législateur 3368. des Athéniens. Il avoit compofé un poéme de trois mille vers, intitulé vona, dans lequel il donnoit d'excellens préceptes pour la conduite de la vie.

AN. M.
3368.
Suidas.

Herod. té

lib. 4. sap. 36.

Tambl. in vit. Pythag.

ABARIS, Scythe de nation felon Suidas, furnommé par d'autres l'Hyperboréen. Il compofa plufieurs piéces de poéfie. On débitoit de lui des fables de la derniére abfurdiauxquelles il paroit qu'Hérodote même n'ajoutoit pas foi. Il fe contente de dire que ce Barbare avoit porté une fléche par tout le monde, & qu'il ne mangeoit rien. Jamblique va plus loin, & prétend qu'Abaris étoit porté fur fa fléche -au travers de l'air, & qu'il paffoit · ainfi les riviéres les mers & les lieux les plus inacceffibles, fans être arrêté par aucun obftacle. On dit qu'à

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