grand mérite. Mais Phédre a porté Quòd fi accufator alius Sejano foret, Il fe In prologi lib. 3. Ibid. Ibid. fe trouva choqué de quelques portraits défavantageux tracés dans ces Fables qui pouvoient le regarder. Mais comme ils étoient fans nom s'en faire l'application foi-même, c'étoit fe reconnoitre ou du moins fe fentir coupable, Phèdre aiant pu n'avoir en vûe que de décrier en général les vices des hommes, ainfi qu'il le déclare expreffément. Sufpicione fi quis errabit fua, Et rapiet ad fe quod erit commune omnium, Huic excufatum me velim nihilominus. On ne fait ni le tems, ni le lieu, ni aucune particularité de fa mort. On croit qu'il a furvécu à Séjan, qui mourut la 18e année de l'Empire de Tibére. Phèdre fe rend un témoignage bien honorable, en déclarant qu'il avoit arraché de fon cœur toute envie d'amaffer: Quamvis in ipfa natus penè fim fchola, I ne paroit pas auffi indiférent, ni auffi defintéreffé, par raport aux louanges; & il parle affez volontiers de fon propre mérite. Il étoit grand en effet, & nous n'avons rien, dans toute l'antiquité, de plus accompli que fes Fables, j'entens dans le genre fimple & naturel. Il eft furprenant qu'avec tout ce mérite Phédre ait été fi peu connu & fi peu célébré par les anciens Auteurs. Il n'y en a que deux qui en aient par- Epigr. 20 lé, Martial & Aviénus: encore dou- lib. 3. te-t-on que le vers où le premier nommé Phèdre, regarde le nôtre. Casaubon, qui étoit fi docte, n'apprit qu'il y avoit un Phèdre au monde, que par l'édition qu'en donna à Troies Pierre Pithou en 1596. Celui-ci en envoia un exemplaire au P. Sirmond qui étoit alors à Rome. Ce Jéfuite le montra aux favans de Rome, ils jugérent d'abord que c'étoit un Livre fuppofé. Mais, l'aiant examiné de plus près, ils changerent de fentiment, & crurent y rencontrer les caractères du fiécle d'Augufte. Le Pere Vavaffeur racon- In Tracta te cette petite avanture avec fon élégance ordinaire. Mr. de la Fontaine, qui a porté, dans tu de Lu dicra dia Etione. dans notre langue, ce genre d'écrire à fa fouveraine perfection, en marchant fur les traces de Phédre, a pourtant fuivi une route toute différente. Soit qu'il n'ait pas cru la langue Françoife fufceptible de cette heureufe fimplicité, qui dans l'Auteur Latin, charme & enléve tous les efprits debon goût; foit qu'il ne fe foit pas luimême trouvé propre à ce genre d'écrire; il s'eft fait un ftile tout particulier, dont la langue Latine n'est peut-être point non plus capable, & qui, fans être moins naïf & moins naturel, eft plus égaié, plus orné, plus libre, plus rempli de graces, mais de graces qui n'ont rien de faftueux ni d'affecté, qui ne font que rendre le fond des chofes plus gai & plus amufant. On en peut dire autant, ce me femble, par raport à Térence & à Moliére. Ils excellent tous deux dans leur genre, & ont porté la Comédie au plus haut point de perfection peut-être où elle puiffe arriver. Mais ce genre est tout différent. Térence l'emporte fur Moliére pour la pureté, la délicateffe, l'élégance du langage. D'un autre côté, notre Poéte eft infiniment au-deffus de Térence pour pour la conduite & l'intrigue des Etatis cujufque notandi funt tibi mores, Troifiéme âge de la Poefie Latine. J'AI DEJA dit que ce troifiéme age de la Poéfie Latine commençoie vers le milieu du régne de libére, Quelques uns des Poétes que je citerai d'abord pourroient être rangés parmi ceux du bon fiéclé, dont ils font fort proches pour le tems & pour le mérite. On croit pourtant y remar quer quelque différence. Horat. is Art Poët. Tome XII. G SENE |