Qu'on te béniffe dans les cieux, Ou ta gloire éblouit les yeux,
Qu tes beautez n'ont point de voiles, Où l'on voit ce que nous croyons, Où tu marches fur les étoiles,
Et d'où jufqu'aux enfers tu portes tes rayons.
Rares & fuperbes ouvrages, Merveilles, chef-d'œuvres divers, Qui paroiffez dans l'Univers, Venez rendre à Dieu vos hommages: Ce que vous avez de beauté, De richesse & de majesté, Vous le devez à fa puissance; Elle vous a formés de rien, Et la loi de fa Providence
Eft de votre grandeur l'infaillible foûtien.
Bénissez Dieu, troupes aîlées,
Anges qu'embrâfe fon amour,
Clairs flambeaux, qui dans ce féjour
Guidez nos ames.exilées :
Voûtes d'or, miracles roulans,
Globes de flamme étincelans,
Palais d'admirable ftructure, Trônes d'azur, fuperbes corps,
Beaux cieux, gloire de la nature,
Célébrez fa grandeur en vos charmans accords.
Mers' aux pilotes inconnuës,
Rendez graces au Souverain, Par qui fur des globes d'airain, Vous êtes en haut foutenuës: Et toi, pere de la clarté, Miroir de la Divinité.
Amour de la Terre & de l'Onde,
Cil du Ciel qui nous fais tout voir Roi des aftres, ame du Monde, Béni Dieu qui t'éclaire, & qui te fait mouvoir.
Louez fa grandeur fans-pareille,
Inconftant foleil de la nuit,
De qui le char roule fans bruit, Lorfque la Nature fommeille : Illuftre courriere des mois, Lune, dont les fecretes lois Gouvernent les plaines falées; Feux errans, céleftes flambeaux, Fleurs d'or, fur le ciel étalées, Aftres, béniffez Dieu qui vous a fait fi beaux.
Sources d'agréables orages, Efpoir des bleds à demi-morts, Voiles du ciel, fubtils nuages,
Louez Dieu, dont la main dispense vos trésors.
Horribles auteurs des tempêtes, Rois de l'air, terreur des nochers, Vents, qui des plus fermes rochers Ebranlez les fuperbes têtes;
Foudres, qui grondez dans les airs, Ravines, orages, éclairs, Effroi des ames criminelles; Armes dont le Ciel irrité
Punit ici-bas les rebelles, Béniffez du Seigneur la haute majefté.
Printems, qui fais pouffer les herbes, Hiver couronné de glaçons,
Eté, dont les riches moiffons Rendent nos campagnes fuperbes, Grêle, neige, broüillards épais, Louez le Seigneur à jamais, Célébrez fon Nom adorable; Tout ce qu'il produit est parfait,
Et cet Univers admirable,
De fon divin pouvoir n'eft qu'un leger effet.
Vieille nourrice des Humains,
Qui rends au travail de leurs mains La récompenfe avec ufure; Tertres, par leurs foins cultivez, Monts, jufques au ciel élevez, Prez fleuris, abondantes plaines, Vallons, de richeffes couverts, Louez les grandeurs fouveraines De l'adorable Auteur de vos trésors divers.
Fleuves, qui durant votre course, Vous enflant de mille ruiffeaux, Portez de fi pefans fardeaux, Béniffez Dieu dès votre fource; Et vous de qui le lieu natal Eft une coupe de cristal, Fontaines, ames des prairies,
Clairs ruiffcaux, d'un paifible bruit,
Le long de vos rives fleuries, Parlez de la Beauté qui jamais ne s'enfuit.
Fameux théâtre des naufrages,
Toi, dont les flots impétueux Viennent d'un pas refpectueux Baifer le fable des rivages; Creux & vafte empire du vent, Dont le calme eft fi décevant, Molle ceinture de la Terre,
Lien des peuples écartez,
Champ de la paix & de la guerre,
Mer, fais bénir ton Maître à tes flots redoutez.
Vivans écueils, lourdes baleines,
Reines de l'humide troupeau, Qui trouvez à peine affez d'eau Au milieu des liquides plaines; Hôtes de l'air & des forêts,
Dont les chanfons ont des attraits Qui charment fi bien nos oreilles ; où Dieu ne fait pas voir Moins de beautez & de merveilles, Terreftres animaux, béniffez fon pouvoir.
Félicité des miférables,
Dont les charmes délicieux,
Malgré le fort capricieux,
Rendent tous les hommes femblables; Enchanteur des foucis cuifans, Pere des menfonges plaifans, Mort qui nous conserves la vie, Sommeil, qui vois à tes pavots Toute la Nature affervie,
D'un Dieu toujours veillant adore le repos.
Vous, que la loi de la naiflance Eleve au trône paternel;
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