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Faifons retentir les louanges

Du Dieu dont le pouvoir nous a sauvé des fers,
Et qui pour nous arma les Anges,

Si-tôt que contre nous s'armerent les enfers.

Je fçai que fa force & fa gloire
Se lifent fur le front des cieux;
Mais dans cette illuftre victoire

Leur éclat brille beaucoup mieux :
Elle apprend à toute la Terre

Qu'il tient entre fes mains le fort des combattans, que fans lancer le tonnerre,

Et

Il peut d'une parole abattre les tyrans.

Tel qu'on voit du haut des montagnes
Defcendre un torrent furieux

Dans le fein des vertes campagnes,
De qui l'émail charme les yeux;

Tel de l'orgueilleufe Affyrie

Sort le

camp

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Et l'on n'oppose à sa furie

Que des foldats craintifs, & de foibles rem

parts.

Devant lui vole une pouffiere,
Qui le couvre d'un voile épais,
Le Soleil en perd fa lumiere,
La terre gémit fous le faix.

GODEAU.

Les chevaux tariffent les fleuves,

GODEAU. La plaine retentit d'un effroyable bruit;

Et partout on ne voit que preuves

De ce que peut un Roi que la fureur conduit.

Tout eut fuccombé fous fes armes,
Et fes efcadrons triomphans,

Devant nos yeux baignez de larmes,
Euffent égorgé nos enfans:

Il eut laiffé dans nos familles
Les veftiges cruels d'un infolent bonheur ;
Et fa rage épargnant nos filles,
Leur cut vendu la vie aux dépens de l'honneur

L'effet eut fuivi la menace

De ces facriléges Guerriers,
Si Dieu, laffé de leur audace,
N'eut abattu leurs vains lauriers:
Le Seigneur contre eux fe déclare ;
Il prononce l'arrêt de leur dernier deftin ;
Et pour verfer leur fang barbare,
Nos foldats généreux méprisent le butin.

Grand Dieu, qui nous vis dans la

guerre

Le jouet d'un Prince infolent,

Enfin tu lances le tonnerre

Dont le coup nous fembloit fi lent:

Tu nous fais voir que la prudence

Sans ton divin secours ne peut rien affermir,
Et que l'œil de ta Providence

Veille, quand les mortels l'accufent de dormir.

Pour payer des faveurs fi grandes,

O Monarque de l'Univers!

Nous n'avons point d'autres offrandes
Que nos cœurs, nos voix & nos Vers:
Nous les confacrons à ta gloire;

Nos cœurs te garderont une éternelle foi ;
Tu vivras dans notre mémoire,

Et nos chants n'auront point d'autres fujets que toi.

Que la Terre te rende hommage;

Que l'ame de chaque mortel,
Où l'on voit luire top image,

Soit ta victime & ton autel:

Souvent les grands dons te déplaisent,

Tu n'aimes pas toujours les honneurs de l'en

cens;

Mais toujours nos larmes t'appaifent, Et toujours tu reçois des foupirs innocens.

Lorfque notre ingrate malice

Te met les armes à la main,
Contre les traits de ta justice
Le pécheur fe défend en vain :

GODEAU.

D'une parole tu renverses

GODEAU. Ces Rois, qui jufque au ciel élevoient leur or

gueil;

Et par mille routes diverfes

Leurs injuftes deffeins trouvent un même écueil.

Telle n'eft point la destinée
De ceux qui redoutent ta loi;
Leur innocence eft couronnée,
Ta gloire eft le prix de leur foi:
Jamais pour eux tu ne fommeilles,
Jamais l'évenement ne trompa leur deffein;
Leurs plaintes touchent tes oreilles,

Et lorfqu'on les poursuit, tu leur ouvres ton fein.

Vous vous trompez, fuperbes Princes,
Quand livrez à votre fureur,

Vous penfez remplir nos Provinces
De fang, de carnage & d'horreur :
Ce Dieu puissant à qui nous fommes,

Se mocque

dans le Ciel de votre vanité;
En penfant attaquer des hommes,
Votre rage s'attaque à la Divinité.

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Votre fang vengera nos larmes,

Nous rirons devant vous de vos tourmens divers;
Vous ferez blefsez de vos armes,

Et nous verrons vos corps la pâture des vers.

PARAPHRASE DU CANTIQUE DES TROIS ENFANS
1 Benedicite omnia opera Domini Domino.

ESPOIR de toute ame affligée,
Grand Dieu, notre unique recours;
Par qui la trame de nos jours,
Malgré les feux eft prolongée;
SEIGNEUR, dont la puiffante main,
Des fers d'un tyran inhumain
Sauva nos ancêtres fidelles,

Que ton nom foit toujours béni;

Que par

des chanfons immortelles

On célébre à jamais ton pouvoir infini.

Que dans le féjour où ces Anges,
Qui ne font que flamme & qu'ardeur,
Servent de trône à ta grandeur,
On chante tes faintes louanges:

1 Trois jeunes hommes ayant refufé d'adorer la ftatuë de Nabuchodonofor, ce Prince les fit lier & jetter dans une fournaife ardente. Ils n'en reçurent aucun dommage ? & l'Ange du Seigneur qui y étoit defcendu, chanta fes louanges avec eux, Chap. III, de la Prophétie de Daniel.

GODEAU

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