Eft-il rien de moins falutaire, Que d'être toujours fédentaire, Et dans un fauteuil de veloux, Etre exposée aux mêmes cloux, Que les malheureux dont fe jouë La Fortune avecque fa rouë? Quels efprits peut porter au tour Un air groffi de la vapeur
De douze chandelles brûlantes, De douze joücufes ardentes, Et d'autant de joueurs fiéfez, Qui de convoitise échauffez, Mêlent en commun les fuinées De leurs paffions allumées ?
Pour guérir les obftructions, Que caufent ces infections, Vous prendrez toutes les femaines, Six dragmes du Bois de Vincennes, Sur autant de feuilles de Cours, Teintes aux rayons des beaux jours; Pourvû qu'il s'en trouve de
Des contagieufes morfures
De certains infectes volans, Armez d'aiguillons & de dents, Qu'en vulgaire amours on appelle,
Efpece maligne & cruelle,
On écrit & l'on prononce aujourd'hui velours,
Dont la piquure & le poifon Sont à craindre en toute faifon. Deux livres d'air pris fur la plaine Voifine du lit de la Seine, Ou pris fur la cime du mont, Où Boulogne éleve le front, Er mis en conferve liquide Avec peu de ce frais humide, Qui tombe au coucher du Soleil, Vous feront un plus doux fommeil, Que tous les extraits chimériques Des chercheurs d'effences chimiques. Tournez l'efprit, jettez les yeux Ou fur la Terre, ou vers les Cieux; Toutes ces beautez végétables, Vos rivales & vos femblables, Les favorites du Printems, Et les filles des jeunes ans: Toutes ces Beautez éclatantes, Du Monde célefte habitantes, Qui font illuftres comme vous, Et comme vous ont l'efprit doux, Toujours fraîches, toujours feraines, Et fans remedès toujours faines, Ne doivent leur tempéramment Qu'au grand air, & qu'au mouvement,
L'oranger qui meurt dans la ferre,
Se porte bien en pleine terre ;
Et le myrthe frais en plein vent, Sous le couvert eft languiffant. Les tubereufes renfermées, Moins belles & moins parfumées, Par leur trifteffe & leur pâleur Semblent exprimer leur douleur.
Les Nymphes qui dans une eau vive, S'égayant le long de leur rive, Prennent librement les détours, Que l'affiéte donne à leur cours; En toute faifon toujours belles En tout âge toujours nouvelles, Se font fuivre par les Zéphirs Qui femblent de leurs chauds foupirs Et du battement de leurs aîles, Montrer l'amour qu'ils ont pour elles. L'aftre, pere de la fanté,
Comme pere de la beauté,
Le Soleil, par qui toutes chofes, Du fein de la Nature écloses, Ont la vie & le fentiment,
Ont l'embonpoint & l'agrément, Quelque riches, quelque pompeufes Que foient les maifons lumineuses, Jamais ni l'hyver, ni l'été, Dans un fiége d'or arrêté, N'y languit avecque les Heures, Les concierges de ces demeures: Tome II.
Il fe maintient, marchant toujours Du même train, du même cours, Le long de ces vaftes allées, De feux céleftes étoilées, Où le difpenfateur des tems, A marqué les mois & les ans.. Ainfi, Marquife, fi vous faites Ce que font ces belles Planetes, Votre visage toujours frais, Vos defirs toujours fatisfaits, Vous feront une destinée Auffi longue, auffi fortunée, Que votre mérite le veut,
Qui rangé fous les lois de l'innocente Aftrée, Loin des troubles du monde, & du tracas des
A fa mode & fans bruit peut voir couler ses jours! Purgé des vains abus de la folle Commune, I Il ne préfente point d'encens à la Fortune;
C'est à-dire, du commun des hommes.
Soit à celle qui tient le
Et fait avec les vents le deftin des vaiffeaux; Soit à celle qui régne où la Mort & la Guerre Fauchent à bras fanglans les peuples de la Terre; Soit à celle qui taille & moule de fes mains Les Dieux d'or & d'argent adorez des humains.. Ses deffeins renfermez dans les juftes limites, Qu'aux defirs naturels le devoir a prefcrites, Ne font point emportez par les illufions Que fuivent au hazard les folles paffions..
Tout ce qu'on voit de beau, de grand, de magni
Qui du char du Soleil tombe fur l'Amérique, Rubis & diamans, opales & faphirs, Inutiles appas des frivoles defirs;
N'ont rien de comparable aux vives pierreries, Qui parent fes jardins, & couvrent fes prairies. Etendu quelquefois à l'ombre d'une treille, Où le Silence dort & le Zéphire veille, Il aime à comparer le murmure des eaux Au doux gazoüillement d'une troupe d'oifeaux Cependant près de là, l'infortuné Tityre, Par la voix des rofeaux que fon haleine inspire, Se plaint d'Amarillis, qui rit de fon tourment, Et laiffe à décider leurs querelles au vent:
Le vent plus humain qu'elle, à fa plainte s'ar
Son troupeau, pour l'oüir, femble lever la tête..
« PreviousContinue » |