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BERTAUD.

BERTAUD. J

EAN BERTAUD, né à Condé en 1522.& mort le 8 Juin 16-11. fut premier Aumônier de la Reine Catherine de Médicis. Il comptoit parmi les ancêtres Jean Bertaud Secretaire du Roi Charles VI. & qui fut employé par ce Prince dans les plus importantes affaires de ce tems-là. Henri III. ayant appellé notre Poëte auprès de lui, le fit Secretaire du Cabinet, fon Lecteur, & enfuite Confeiller d'Etat. Henri le Grand, qui lui étoit redevable en partie de fa converfion, lui donna l'Abbaye d'Aulnay en 1594. & l'Evêché de Sées, Ville de Normandie, en 1606. Nous avons de ce Prélat une Traduction ou Paraphrafe des Pleaumes en Vers François. Elle étoit fans doute admirable pour le tems où il vivoit; mais la lecture n'en feroit pas fupportable aujourd'hui. On ne

peut pas

dire la même chose des Stances

fuivantes, qui ont paru fi belles aux So- BERTAUD. litaires de P. R. qu'ils les ont mises à la tête de leur Commentaire fur Job.

STANCES.

Les Cieux inexorables

Me font fi rigoureux,

Que les plus miférables,

Se comparant à moi, s'eftimeroient heureux.

Mon lit eft de mes larmes
Trempé toutes les nuits:

Le fommeil par fes charmes,

Ne peut, lorsque je dors, affoupir mes ennuis.

Si je fais quelque fonge,

J'en fuis épouvanté ;

Car même fon menfonge

Exprime de mes maux la triste vérité.

La pitié, la juftice,

La conftance & la foi,

Cédant à l'artifice

Dans les cœurs des humains font éteintes pour

moi.

BERTAUD.

En un cruel orage
On me laiffe périr;

Et courant au naufrage,

Je voi chacun me plaindre, & nul me fecourir.

Félicité paffée,

Qui ne peux revenir,
Tourment de ma pensée,

Que n'ai-je, en te perdant, perdu le fouvenir?

REGNIER.

M

REGNIER.

ATHURIN REGNIER nâquit dans la Ville de Chartres le 21 Décembre 1573. Il étoit fils aîné de Jacques Regnier, Bourgeois notable de la même Ville; & de Simonne Defportes, fœur de l'Abbé Defportes, fameux Poëte de ce tems-là. Jacques Regnier qui étoit un homme de plaifir, fit bâtir en 1573. dans la Place des Halles un Jeu de Paume des démolitions de la Citadelle de Chartres, qui lui furent données par le crédit de fon beau-frere: &. comme ce tripot a porté le nom de tripotc'est Regnier tant qu'il a subsisté, apparemment ce qui a donné lieu de dire que Regnier le Satirique étoit fils d'un Tripotier. Il fut tonfuré le 31 de Mars 1582. par Nicolas de Thou, Evêque de Chartres. Quelques années après il obtint par dévolut un Canonicat dans l'Eglife de

Notre-Dame de la même Ville. Il eut en

REGNIER. core d'autres Bénéfices, & une pension de 2000 livres qu'Henri IV. lui donna en 1606. fur l'Abbaye des Vaux-de-Cernay, après la mort de l'Abbé Defportes qui en étoit revêtu. Regnier, dès fa premiere jeuneffe, marqua fon inclination à la Satire. Les Vers qu'il faifoit contre plufieurs particuliers, obligerent fon pere à l'en châtier plus d'une fois, en lui recommandant de ne point écrire, ou du moins d'imiter fon oncle, & de fuir la médifance. Le déréglement dans lequel il vêcut, ne le laiffa pas jouir d'une lonvie. Il mourut à Rouën dans fa quarantiéme année, le 22 d'Octobre 1613. Ses entrailles furent portées en l'Eglise Paroiffiale de Sainte Marie; & fon corps fut tranfporté à l'Abbaye de Royaumont où il voulut être enterré. Il s'étoit fait, dit-on, à lui-même cette Epitaphe badine. J'ai vêcu fans nul pensement,

gue

Me laiffant aller doucement

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