sance avoit élevés. Vous immolez à > votre souveraine grandeur de grandes > victimes, et vous frappez, quand il » vous plaît, ces têtes illustres que vous » avez tant de fois couronnées ». A l'homme en général : c'est ce qu'on Des plantes, des métaux tu connois la vertu, Et sur tant de choses savant, Tu ne te connois pas toi-même. A des personnes mortes: tel est l'exemple que nous en offrent les derniers de ces beaux vers que Racine met dans la bouche de Phèdre en proie à tous les remords de son amour criminel pour Hippolyte. Où me cacher? fuyons dans la nuit infernale. (a) Voyez ce mot, dans les notes, à la fin de ce Volume. Je crois voir de ta main tomber l'urne terrible; Je crois te voir cherchant un supplice nouveau, Toi-même de ton sang devenir le bourreau. Pardonne. Un Dieu cruel a perdu ta famille, Reconnois sa vengeance aux fureurs de ta fille. A des villes, à des provinces: tel est cet endroit de l'Oraison funèbre de Turenně (a) par Fléchier. «Villes, que nos ennemis s'étoient » déjà partagées, vous êtes encore dans » l'enceinte de notre empire. Provinces, » qu'ils avoient déjà ravagées dans le » désir et dans la pensée, vous avez en. core recueilli vos moissons. Vous du>> rez encore, places que l'art et la na»ture ont fortifiées, et qu'ils avoient des» sein de démolir; et vous n'avez trem» blé que sous des projets frivoles d'un » vainqueur en idée, qui comptoit le » nombre de nos soldats, et qui ne son»>geoit pas à la sagesse de leur capitaine ». A des êtres métaphysiques qu'on person nifie: c'est ce qu'a fait Jean-Jacques Rousseau, dans cet endroit de son Discours sur les Lettres. « O vertu, science sublime des âmes » simples, faut-il donc tant de peines et » d'appareil pour te connoître? Tes prin. »cipes ne sont-ils pas gravés dans tous » les cœurs; et ne suffit-il pas, pour » apprendre tes lois, de rentrer en soi (a) Voyez ce mot, dans les notes, à la fin de ce Volume. » même, et d'écouter la voix, de sa con >> science dans le silence des passions »? Enfin à des êtres insensibles: tels sont ces beaux vers de Racine le fils dans son poëme sur la Religion: Quel bras peut vous suspendre, innombrables étoiles? Nuit brillante, dis- nous qui t'a donné tes voiles. Ainsi que dans nos champs il seme la poussière. On voit encore un exemple de cette espèce d'apostrophe, dans ces vers du Poëme des quatre Saisons, du C. de B**, Arbres dépouillés si long-temps, Couronnez vos têtes naissantes, Et de vos fleurs éblouissantes Parez le trône du printemps (a). (a) Voyez ce mot, dans les notes, à la fin de ce Volume, Elevez vos pampres superbes On a pu juger par tous ces exemples, que l'apostrophe est une des figures les plus propres a exciter les passions, à remuer, à maîtriser les ámes. Mais il faut qu'elle soit amenée avec art, et que l'esprit de l'auditeur y ait été insensiblement disposé. Quand il a été attiré par dégrés, ému saisi, c'est alors qu'il doit être frappé, enlevé avec violence. L'Exclamation est assez semblable à (a) Voyez ce mot, dans les notes, à la fin de ce Volume. l'apostrophe: elle éclate par des interjections, pour exprimer un vif sentiment de l'âme. Virgile en fournit un exemple dans cet endroit de l'Enéide. « O Ilion! (a) ô ma chère patrie! ô » murs célèbres par tant d'exploits! le » cheval fut quatre fois arrêté à l'entrée » de la ville. Nous l'entendîmes quatre » fois retentir du bruit des armes qu'il ren» fermoit. Rien ne put dessiller nos yeux; » et nous plaçâmes le monstre fatal à » l'entrée du Temple de Minerve. (b) » Voici encore une bien belle exclamation que fait Bossuet dans son Orasion fu nèbre de Henriette-Anne d'Angleterre (c), Duchesse d'Orléans. « O nuit désastreuse! ô nuit effroya» ble, où retentit tout-à-coup comme un » éclat de tonnerre, cette étonnante nou» velle: Madame se meurt, Madame est » morte ». Ces paroles si touchantes arrachérent des sanglots à tout l'auditoire; et l'Orateur lui-même, après les avoir prononcées, fut obligé de s'arrêter. L'Epiphonème est une espèce d'excla- Epiphomation ou une réflexion courte et vive nemo, à la fin d'un récit, comme on va le voir dans cet endroit de l'Eneide. « L'Infortuné Priam (d), se voyant (a) Voyez ce mot, dans les notes, à la fin de ce Volume. (b) Voyez ce mot, ibid. (c) Voyez le mot Angleterre, ibid. (d) Voyez ce mot, ibid. Tome I.» N |