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>> toutes les noires tempêtes. Les tritons >> conduisoient les chevaux et tenoient » les rênes dorées. Une grande voile de » pourpre flottoit dans l'air au-dessus du >> char: elle étoit à demi enflée par le » souffle d'une multitude de petits zé» phirs (a), qui s'efforçoient de la pousser » par leurs haleines. On voyoit au milieu » des airs Eole (b) empressé, inquiet et » ardent. Son visage ridé et chagrin, >> voix menaçante, ses sourcils épais et » pendans, ses yeux pleins d'un feu som»bre et austère, tenoient en silence les >>fiers aquilons (c), et repoussoient tous les » nuages. Les immenses baleines et tous les » monstres marins faisant avec leurs na>> rines un flux et un reflux de l'onde amere, » sortoient à la hâte de leurs grottes pro» fondės, pour voir la Déesse "..

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Voyez aussi dans dylle des Oiseaux par madame Deshoulieres, cette peinture si riante et si animée. Les objets y sont présentés dans une espéce de contraste, qui ne fait qu'augmenter le charme et le piquant de cette courte description.

L'air n'est plus obscurci, par des brouillards épais. Les prés font éclater les couleurs les plus vives; Et dans leurs humides palais,

L'hiver ne retient plus les naïades (d) captives. Les Bergers accordant leur musette à leurs voix,

(a) Voyez ce mot, dans les notes, à la fin de ce Volume.

(b) Voyez ce mot, ibid. (c) Voyez ce mot, ibid. (d) Voyez ce mot, ibid. Tome I.

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D'un pied léger foulent l'herbe naissante;

Les troupeaux ne sout plus sous leurs rustiques toîts. Mille et mille oiseaux à-la-fois

Ranimant leur voix languissante,

Réveillent les échos endormis dans ces bois.
Où brilloient les glaçons, on voit naitre les roses.
Quel Dieu chasse l'horreur qui regnoît dans ces lieux?
Quel Dieu les embellit? le plus petit des Dienx
Fait seul tant de métamorphoses.

Il fournit au printemps tout ce qu'il a d'appas.

Enfin je citerai pour modèle d'hypotipose ces vers pittoresques du poëme des quaire parties du jour, par le C. de B***.

Ce grand astre, dont la lumière
Enflamme la voûte des cieux,
Semble au milieu de sa carrière
Suspendre son cours glorieux.
Fier d'être le flambleau du monde,
Il contemple du haut des airs
L'olimpe, la terre et les mers
Remplis de sa clarté féconde,
Et jusqu'au fond des enfers
Il fait rentrer la nuit profonde,
Qui tui disputoit l'univers.

Toute la nature en silence
Attend que le Dieu de Delos (a),
De son char lumineux s'élance
Dans l'humide séjour des flots.
Tandis que des géants horribles,

(a) Voyez ce mot, dans les notes, à la fin de ce Volume.

Qu'un bras immortel enchaîna,
Embrâsent de leurs feux terribles

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Les monts de Vésuve (a)et d'Etna (b);
Lassés de leurs fardeaux énormes,
Les Cyclopes à (c) demi nuds,

Reposent leurs têtes difformes

Sur leurs travaux interrompus.

Et ce charmant tableau du même Auteur, dans son poëme des quatre saisons:

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Bacchus (d) de pampres couronné
Ouvre la scène des vendanges;
Il brille, il marche environné
D'Amours (e) qui chantent ses louanges.
On voit danser devant son char
Les Satyres (f) et les Driades (g):
Un Faune (h) enivré de Nectar,
Remplit la coupe des Ménades (i).
Les jeux (k) qui le suivent toujours
Répandent des fleurs sur ses traces:
Ses tigres conduits par les grâces (7),
Sont caressés par les Amours.

Momus (m), Terpsichore (n), Thalie (0),
Egypans (p), Centaures (4), Sylvains(r),

(a) Voyez ce mot, dans les notes, à la fin de ee Volume.

() Voyez ce mot, ibid. (c) Voyez ce mot, ibid. (d) Voyez ce mot, ibid. (e) Voyez ce mot, ibid. (f) Voyez ce mot, ibid. (g) Voyez ce mot, ibid. (h) Voyez ce mot, ibid. (i) Voyez ce mot, ibid.

(k) Voyez ce mot, ibid. (1) Voyez ce mot, ihid. (m) Voyez ce mot, ibid. (n) Voyez ce mot, ibid. (0) Voyez ce mot, ibid. (p) Voyez ce mot, ibid. (9) Voyez ce mot, ibid. (r) Voyez ce mot, ibid.

Ethopée.

Viennent annoncer aux humains
L'heureux retour de la Folie.
Le Soleil voit en se levant

La marche du vainqueur du Gange;
Et porté sur l'aile du vent,
L'Amour (a) annonce la vendange.
Pan (b), dans le creux de ce rocher,
Foule les présens de l'Automne
A ses yeux la jeune Erigone (c)
Folâtre, et n'ose s'approcher.
Le Nectar tombe par cascade ;
L'onde et le vin sont confondus;
Et l'orne de chaque naïade
Devient la tonne de Bacchus.
Les flots de la liqueur sacrée
Couvrent la campagne altérée ;
Tout boit, tout s'enivre, tout rit,
Et de la joie immodérée

Jamais la source ne tarit.

L'Ethopee

les moeurs et le carac tère. En voici un bien bel exemple que nous fournit Labruyere.

"La fausse grandeur est farouche et inao»cessible comme elle sent son foible, » elle se cache, ou du moins ne se mon»tre pas de front, et ne se fait voir » qu'autant qu'il faut pour imposer, et > ne paroître point ce qu'elle est, je veux » dire, une vraie petitesse. La véritable

(a) Voyez ce mot dans les notes, à la fin de ce Volume.

(b) Voyez ce mot, ibid.
(c) Voyez ce mot, ibid.

» grandeur est libre, douce, familière, po"pulaire. Elle se laisse toucher et manier: » elle ne perd rien à être vue de près; » plus on la connoît, plus on l'admire. » Elle se courbe par bonté vers ses in»férieurs, et revient sans efforts dans » son naturel. Elle s'abandonne quelque» fois, se néglige, se relâche de ses avan»tages, toujours en pouvoir de les re» prendre et de les faire valoir. Elle rit,

joue et badine, mais avec dignité. On » l'approche tout ensemble avec liberté » et avec retenue. Son caractère est no

» ble et facile, inspire le respect et la » confiance, et fait que les princes nous » paroissent grands et très-grands, sans "nous faire sentir que nous sommes petits ».

Cette figure est familière au Poëte, à l'Orateur, et sur-tout à l'Historien. Mais celui-ci obligé de présenter la vérité telle qu'elle est, développe le caractère de ses personnages, pour le faire connoître dans toute son étendue; et sans trop s'attacher aux autres ornemens de l'art, il n'emploie que des couleurs simples et naturelles. On peut prendre pour modèle en ce genre le portrait du Cardinal de Richelieu (a), tracé par le P. Bougeant, dans sa belle Histoire du traité de Westphalie. Le voici. Je ne craindrai point qu'on 1 trouve trop long.

« Malgré les portraits odieux que des

(a) Voyez ce mot, dans les notes, à la fin de ce Volume.

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