Ainsi dit: ainsi fait. Les mains cessent de prendre, Les bras d'agir, les jambes de marcher. Tels sont les mots faut-il vous rappeler; dans ces beaux vers de la Tragédie d'Athalie, par Racine. Faut-il, Abner, faut-il vous rappeler le cours La Disjonction supprime les particules conjonctives, pour rendre le discours plus vif et plus animé. En voici un exemple (a) Voyez ce mot, dans les notes, à la fin de ce Volume. (b) Voyez ce mot, ibid. (c) Voyez ce mot, ibid. (d) Voyez ce mot, ibid. (e) Voyez ce mot, ibid. phrase. tiré de l'Oraison funebre de Turenne (a), par Mascaron. «Les dehors même de la guerre, le son » des instrumens, l'éclat des armes, l'ordre » des troupes, le silence des soldats, l'ar» deur de la mêlée, le commencement, » les progrès et la consommation de la victoire, les cris différens des vaincus et » des vainqueurs attaquent l'âme par tant » d'endroits, qu'enlevée à tout ce qu'elle "a de sagesse et de modération, elle ne » connoît plus Dieu ni elle-même ». Péri- La Périphrase ou Circonlocution est d'un fréquent usage chez les Orateurs et les Poëtes. Ils l'emploient pour étendre, orner, ennoblir une idée simple et souvent commune. C'est ainsi que Boileau s'est servi d'un tour très-noble et très-harmonieux, pour dire qu'il avoit cinquante-huit ans accomplis. Mais aujourd'hui qu'enfin la vieillesse venue, Mascaron, pour dire que 'Turenne avoit été enseveli dans le tombeau de nos Rois, a employé cette belle périphrase. « Le Roi, pour donner une marque im» mortelle de l'estime et de l'amitié dont »il honoroit ce grand Capitaine, donne » une place illustre à ses glorieuses cen (a) Voyez ce mot, dans les notes, à la fi de ce Volume. dres, parmi ces Maîtres de la terre, » qui conservent encore, dans la magni»ficence de leurs tombeaux, une image » de celle de leurs trônes ». I 1. Des figures de mots qui sont Tropes. Les principales figures de mots qu'on nomme tropes, sont la métaphore, l'allégorie, la metonymie, la synecdoque, l'ironie et l'hyperbole. Méta Tous les tropes sont, à proprement par-phor. ler, autant de métaphores, puisqu'ils sont des mots dont on a changé la signification propre, pour leur en donner une qui est empruntée. Cependant on appelle métaphore seulement, une espéce de tropes, par lequel on transporte un mot de sa signification propre à une signification nouvelle, qui ne fui convient qu'en vertu d'une comparai son qui est dans l'esprit. Par exemple, quand on dit : cette campagne est riante, le mot riante n'a plus sa signification propre et primitive, ne signifiant plus qui rit. Mais il signifie agréable à la vue; et cela, par comparaison entre le sens propre du mot riante, qui ne peut s'appliquer qu'aux personnes, et entre le plaisir que cause la vue d'une belle campagne. Cette comparaison enveloppée que renferme la métaphore, donre une idée de plus, et fait par-là une beauté. Mais quoiqu'il soit de l'essence de la métaphore de renfermer une comparaison, l'une et l'autre ne doivent pas être confondues. Qu'on dise d'un guerrier: il s'élançoit comme un lion au milieu des ennemis ; c'est une comparaison elle est exprimée par les termes mêmes. Qu'on dise de ce guerrier ce lion s'élançoit au milieu des ennemis; c'est une métaphore. La comparaison n'est alors que dans l'esprit : aucun terme ne l'exprime. La disette des mots propres a 'd'abord donné lieu aux métaphores: elles ont ensuite servi à grossir les trésors de l'éloquence et de la poésie. La métaphore en effet est une des figures qui donnent le plus de grâce, de force et de noblesse au discours, pourvu qu'elle soit employée à propos, avec goût et avec justesse. On dit fort bien, par exemple, que la géographie et la chronologie sont les deux yeux de l'histoire, parce qu'en la personnifiant, on doit nécessairement lui supposer des yeux, par l'un desquels elle voit les lieux, et par l'autre, les temps. Mais un écrivain qui a du goût et de la justesse dans l'esprit, ne dira point que les rayons du soleil sont les éclairs de l'œil ardent du jour. Bien moins encore appelera-t-il un cadran, le greffier solaire. On ne doit jamais tirer la métaphore d'aucun objet bas et dégoûtant. Le P. de Colonia jésuite, dans sa rhétorique latine, reproche avec raison à Tertulien d'appeler le déluge universel, la lessive de la nature. Mais en évitant cet excès, il faut prendre garde de ne pas tomber dans l'excès con traire. Toute métaphore trop hardie est vicieuse. Telle est celle qu'emploie Corneille dans sa Tragédie d'Héraclius, lorsqu'il dit: La vapeur de mon sang ira grossir la foudre. Elle est trop forte elles est gigantesque. Dites en autant de celle-ci de J.-B. Rous seau. Arbres dépouillés de verdure, Malheureux cadavres des Bois.... Si les idées qu'excitent les termes métaphoriques, ne peuvent pas être liées, la métaphore est défectueuse. On a reproché à Malherbe d'avoir dit dans son Ode à Louis XIII : Prends ta foudre Louis, et va comme un Lion. Il falloit plutôt dive, comme Jupiter. Les idées de foudre et de lion ne peuvent point se concilier. On a reproché aussi à J.-B. Rousseau d'avoir dit: Et les jeunes zéphirs de leurs chaudes haleines Out fondu l'écorce des eaux. Fondre l'écorce ne peut point se dire au propre. Fondre se dit de la glace ou des métaux. On ne doit donc pas dire au figuré, fondre l'écorce des eaux. Racine n'est pas moins repréhensible d'avoir dit : Vous verrez Et de sang et de morts vos campagnes jonchées. On dit bien dans le sens métaphorique des |