C'est dans la ville de Bordeaux Qu'est arrivé trois beaux vaisseaux ; Les matelots qui sont dedans, Ma foi, ce sont de bons enfants.
Il y a une dam' dans Bordeaux Qui aime bien les matelots: «Ma servante, allez-moi quéri Le matelot le plus joli. »
« Beau matelot, mon bel ami, Madame vous envoie quéri : Montez là-haut, c'est au premier, Collation vous y ferez. »>
Trois jours, trois nuits, sans décesser; Mais, au bout des trois jours passés, Le matelot s'est ennuyé.
Le matelot s'est ennuyé,
Par la fenêtre a regardé :
« Madame, donnez-moi mon congé; Il fait beau temps, j' veux m'en aller.
<< Beau matelot, si tu t'en vas Mal de moi tu parleras ; Tiens, voilà cent écus comptés, Sera pour boire à ma santé. »
Le matelot, en s'en allant,
Fit rencontre du président :
« Beau président, beau président, Je suis satisfait et content.
Beau matelot, mon bel ami, Répète-moi ce que t'as dit:
Monsieur, je dis qu'il fait beau temps Pour aller sur la mer voguant. »
Le matelot, dans son vaisseau, S' mit à chanter des airs nouveaux : « Vivent les dames de Bordeaux, Qui aiment bien les matelots! >>
La grande célébrité de cette vieille parade, plus que séculaire, ne date toutefois en réalité que de la fin du dernier siècle; ce fut en 1796 qu'un paillasse des boulevards, du nom de Rousseau, la mit en vogue et, trente années durant, grâce à lui, à l'illustre Bobeche, elle désopila la rate des flâneurs du boulevard du Temple.
Un jour, près de la ville De Bruxelles, en Brabant, Des bourgeois fort dociles L'accostèrent en passant. Jamais ils n'avaient vu Un homme si barbu.
Son habit, tout difforme Et très-mal arrangé,
Leur fit croire que cet homine Était fort étranger,
Portant, comme ouvrier, D'vant lui, un tablier.
On lui dit : « Bonjour, maître! De grâce, accordez-nous La satisfaction d'être Un moment avec vous. Ne nous refusez pas, Tardez un peu vos pas.
- Messieurs, je vous proteste Que j'ai bien du malheur; Jamais je ne m'arrête, Ni ici, ni ailleurs;
Par beau ou mauvais temps, Je marche incessamment.
Entrez dans cette auberge, Vénérable vieillard, D'un pot de bière fraîche Vous prendrez votre part; Nous vous régalerons
Le mieux que nous pourrons.
J'accepterais de boire
Deux coups avecque vous; Mais je ne puis m'asseoir, Je dois rester debout.
Je suis, en vérité, Confus de vos bontés.
De savoire votre âge Nous serions curieux; A voir votre visage, Vous paraissez fort vieux: Vous avez bien cent ans, Vous montrez bien autant.
La vieillesse me gêne; J'ai bien dix-huit cents ans, Chose sûre et certaine, Je passe encor douze ans : J'avais douze ans passés Quand Jésus-Christ est né.
- N'êtes-vous pas cet homme, De qui l'on parle tant, Que l'Écriture nomme Isaac, Juif errant?
De grâce, dites-nous, Si c'est sûrement vous.
-Isaac Laquedem
Pour nom me fut donné;
Né à Jérusalem,
Ville bien renommée :
Oui, c'est moi, mes enfants, Qui suis le Juif errant.
Juste cie!! que ma ronde Est pénible pour moi! Je fais le tour du monde Pour la cinquièm' fois; Chacun meurt à son tour, Et moi je vis toujours.
Je traverse les mers, Les rivièr's, les ruisseaux,
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