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Dans ma chambrette,

V'là qu' maman m' dit : « C'est bon!
Mamzell' Suzon,

Vous avais donc...

Tra dera, la, la, la, la, la,

N' faut pas danser comm' ça,

La, la, la, la,

L'amour vous attend là. »><

DUCRAY-DUMINIL.

LA PETITE THÉRÈSE

RONDE DES VENDANGEURS

AIR connu.

CLEF DU CAVEAU: 33.

C'est la petite Thérèse,
Qui voudrait du chasselas :

All' en voit beaucoup cheux Blaise,
Mais Blaise n'en donne pas.

V'là qu'un soir alle s'échappe

Pour l'y voler du raisin;

Las! doit-on mordre à la grappe

Dans la vigne à son voisin?

Ce sont les moineaux, je gage,
Dit notre homme en ajustant
Un chapiau, comm' c'est l'usage,
Sur un bâton de sarmant.
Les oiseaux, par cette attrape,
S'enfuiront de mon jardin;
Ils iront mordre à la grappe
Dans la vigne à mon voisin.

Il croyait qu'on intimide
Fillette comme un oisiau;

Mais bon ! rian ne la décide
A fuir devant un chapiau.
Or Thérèse en rit sous cape,
Et le soir nouviau larcin,
All' revient mordre à la grappe
Dans la vigne du voisin.

Blaise à la parfin s'apprête
L'i-même à faire le guet;
Du chapiau couvrant sa tête,
I's' plante au lieu du piquet.
La belle y viant, il la happe
Par son jupon de basin :

« Vous v'nez donc mordre à la grappe Dans la vigne du voisin? »

Voilà que Blaise en furie,
Pour la punir comme il faut,
Fait d'abord tant qu'alle crie,
Et puis qu'all' ne sonne mot.
Reste à savoir s'il la frappe...
Contentons-nous du refrain:
N'allons pas mordre à la grappe
Dans la vigne du voisin.

PIIS ET BARRÉ.

THOMAS

RONDE DE CADICHON

AIR connu.

CLEF DU CAVEAU: 85.

C'est le biau Thomas
Qu'est passeu de not' rivière;

Les amants n' l'aim'nt pas,

Et les mamans ne l'aiment guère :
S'il passe un garçon,

« Vit'! payez-moi donc...

(Parle.) Allons, allons, payez-moi, et entrez.

Un in

stant, monsieur Thomas: vous qui êtes si poli, d'ordinaire! Payez, ou sinon. Eh! v'là vot' payement. »

Mais il passe gratis les filles,
Quand ell's sont jeunes et gentilles.
Thomas, vraiment,

Est accommodant.

Avec sa maman,
Alix arrive au passage;

La barque à l'instant,

Touche et s'éloigne du rivage,
Alix dans l' bateau,

La mère au bord d' l'eau :

(Parlé.) « Monsieur Thomas, monsieur Thomas, vous m'oubliez. La mère, l' courant m'entraîne; je reviendrai. Ma fille! ma fille! - Elle n' court aucun risque. indigne, c'est indigne! >

Tout ça s'arrange de la sorte,
Qu'la fille rit et la mèr' s'emporte.
Thomas, vraiment,

Est accommodant.

Il touch' l'aut' bord

Et revient chercher la mère.

On sent ben qu' d'abord
Ell' n' pouvait parler d' colère;
Mais, en arrivant :

« T'nez, v'là vot' argent.

C'est

(Parlé.) Allons, prenez, que j'aille rejoindre ma fille. Comm' vous m' regardez !

Prenez donc, mauvais sujet. Merci, la mère. Pourquoi refusez-vous c't argent?

C'est que...

Vot' fill', qu'est aussi bon' que belle,

A payé pour vous et pour elle. »
Thomas, vraiment,

Est accommodant.

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La mère Bontemps

S'en allait disant aux fillettes :
Dansez, mes enfants,
Tandis que vous êtes jeunettes;
La fleur de gaieté

Ne croît point l'été :

Née au printemps comme la rose,
Cueillez-la dès qu'elle est éclose:
Dansez à quinze ans,

Plus tard, il n'est plus temps.

A vingt ans, mon cœur

Crut l'amour un dieu plein de charmes ;

Ce petit trompeur

M'a fait répandre bien des larmes :

Il est exigeant,

Boudeur et changeant;

Fille qu'il tient sous son empire

Fuit le monde, rêve et soupire.

Dansez à quinze ans,

Plus tard il n'est plus temps.

Les jeux et les ris Dansèrent à mon mariage;

Mais bientôt j'appris

Qu'il est d'autres soins en ménage :
Mon mari grondait,

Mon enfant criait.

Moi, ne sachant auquel entendre,
Sous l'ormeau pouvais-je me rendre?
Dansez à quinze ans,

Plus tard, il n'est plus temps.

L'instant arriva

Où ma fille me fit grand'mère.
Quand on en est là,
Danser n'intéresse plus guère :
On tousse en parlant,

On marche en tremblant;
Au lieu de sauter la gavotte,

Dans un grand fauteuil on radote.

Dansez à quinze ans,

Plus tard, il n'est plus temps.

Voyez les amours
Jouer encor près de Louise.

Elle plaît toujours,
Au bal elle serait de mise:
Comme moi pourtant,

Sans cesse on l'entend
Dire et redire à ses fillettes,
Si gentilles, si joliettes :

« Dansez à quinze ans,

Plus tard, il n'est plus temps. >>

PH. DE LA MADELAINE.

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