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Si certain poëte m'apporte

Un drame aussi long qu'ennuyeux,

De peur que je n'ouvre ma porte,
Je t'ordonne de sonner creux.
Mais quand un débiteur honnête
Viendra, chargé d'un sac bien plein,
A mon oreille satisfaite

Fais entendre un son argentin.

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Heureux qui, dans sa maisonnette, Dont la neige a blanchi le toit, Nargue les chagrins et le froid, Au refrain d'une chansonnette! Que les soirs d'hiver sont charmants, Lorsqu'une famille assemblée Sait, par divers amusements, Égayer, égayer la veillée.

Assis près de sa bien-aimée, Voyez le paisible Lapon, Lorsque la neige à gros flocon Tombe sur sa hutte enfumée; Autour du feu, dans ce réduit, La famille entière assemblée Semble trouver six mois de nuit Trop courts, trop courts pour la veillée.

J'aime surtout une soirée

Où l'on parle de revenants,

Alors qu'on entend tous les vents

Siffler autour de la contrée.

A ces récits intéressants

Toute la troupe émerveillée

Tremble, écoute, et voudrait longtemps

Prolonger, prolonger la veillée.

VILLEMONTEZ.

LA MONTRE

CLEF DU CAVEAU 533.

La montre est de la vie humaine
Le modèle le plus parfait;
Elle a constamment une chaîne,
Et va par un ressort secret :
Elle s'arrête à la limite

Et ne saurait la dépasser;
Quoiqu'elle aille toujours trop vite,
L'homme se plaît à l'avancer.

Ingénieux, dans ma tendresse,
J'ai toujours deux montres sur moi;
Pour être auprès de ma maîtresse,
J'en fais un différent, emploi :
L'une avance, je la regarde

Quand vient l'heure du rendez-vous ;
Mais je prends celle qui retarde
Quand il faut quitter ses genoux.

Les femmes, pour suivre l'usage,
Portent les montres dans leur sein;
Mais ce précieux assemblage
Les expose à plus d'un larcin.
Ainsi, dans la même demeure,

Par la mode on voit allier

Ce qui fait souvenir de l'heure
Et ce qui la fait oublier.

ÉTIENNE.

Gracieux badinage d'une de nos célébrités du premier empire. C'est qu'à cette grande époque, si peu littéraire, au dire de certaines excentricités du jour si ridiculement impuissantes, les écrivains d'alors, parés de la plus belle renommée, ne dédaignaient pas le culte de la chanson, c'est-à-dire de la grâce, de la finesse piquante, de l'esprit éminemment français. Nous avons déjà dit un mot d'Étienne (page 257).

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