Si certain poëte m'apporte Un drame aussi long qu'ennuyeux, De peur que je n'ouvre ma porte, Fais entendre un son argentin. Heureux qui, dans sa maisonnette, Dont la neige a blanchi le toit, Nargue les chagrins et le froid, Au refrain d'une chansonnette! Que les soirs d'hiver sont charmants, Lorsqu'une famille assemblée Sait, par divers amusements, Égayer, égayer la veillée. Assis près de sa bien-aimée, Voyez le paisible Lapon, Lorsque la neige à gros flocon Tombe sur sa hutte enfumée; Autour du feu, dans ce réduit, La famille entière assemblée Semble trouver six mois de nuit Trop courts, trop courts pour la veillée. J'aime surtout une soirée Où l'on parle de revenants, Alors qu'on entend tous les vents Siffler autour de la contrée. A ces récits intéressants Toute la troupe émerveillée Tremble, écoute, et voudrait longtemps Prolonger, prolonger la veillée. VILLEMONTEZ. LA MONTRE CLEF DU CAVEAU 533. La montre est de la vie humaine Et ne saurait la dépasser; Ingénieux, dans ma tendresse, Quand vient l'heure du rendez-vous ; Les femmes, pour suivre l'usage, Par la mode on voit allier Ce qui fait souvenir de l'heure ÉTIENNE. Gracieux badinage d'une de nos célébrités du premier empire. C'est qu'à cette grande époque, si peu littéraire, au dire de certaines excentricités du jour si ridiculement impuissantes, les écrivains d'alors, parés de la plus belle renommée, ne dédaignaient pas le culte de la chanson, c'est-à-dire de la grâce, de la finesse piquante, de l'esprit éminemment français. Nous avons déjà dit un mot d'Étienne (page 257). |