Page images
PDF
EPUB

CHŒUR DE MÈRES DE FAMILLE.

La République, etc.

DEUX VIEILLARDS.

Que le fer paternel arme la main des braves;
Songez à nous au champ de Mars;
Consacrez dans le sang des rois et des esclaves
Le fer béni par vos vieillards.
Et rapportant sous la chaumière
Des blessures et des vertus,
Venez fermer notre paupière,
Quand les tyrans ne seront plus.

CHEUR DES VIEILLARDS.

La République, etc.

UN ENFANT.

De Barra 1, de Viala 2, le sort nous fait envie,
Ils sont morts, mais ils ont vaincu.

Le lache accablé d'ans n'a point connu la vie!
Qui meurt pour le Peuple a vécu.

Vous êtes vaillants, nous le sommes :
Guidez-nous contre les tyrans;

Les républicains sont des hommes,
Les esclaves sont des enfants.

Joseph Barra, enfant intrépide, tambour à douze ans, est cerné un jour par un parti Louis XVII, ou tu es mort. et il tomba percé de coups.

de Vendéens; on lui dit : « Crie vive Vive la République! » s'écria Barra,

Un ponton, jeté sur la Durance, séparait seul un groupe de soldats républicains de leurs nombreux adversaires; la seule voie de salut pour eux était d'aller couper, sous le feu de l'ennemi, les câbles de ce ponton. Les plus braves hésitent. Soudain un enfant de treize ans, Viala, saisit une hache, vole vers le ponton, en frappe les câbles à coups redoublés, en dépit des feux dirigés sur iui; enfin il est atteint d'une balle meurtrière : « Je meurs, s'écrie-t-il alors, mais c'est pour la liberté!»

CHOEUR DES ENFANTS.

La République, etc.

UNE ÉPOUSE.

Partez, vaillants époux, les combats sont vos fêtes;
Partez, modèles des guerriers!

Nous cueillerons des fleurs pour en ceindre vos têtes,
Nos mains tresseront vos lauriers.
Et, si le temple de Mémoire
S'ouvrait à vos mânes vainqueurs,
Nos voix chanteront votre gloire,
Nos flancs porteront vos vengeurs.

CHŒUR DES ÉPOUSES.

La République, elc.

UNE JEUNE FILLE.

Et nous, sœurs des héros, nous qui de l'hyménée
Ignorons les aimables nœuds;

Si, pour s'unir un jour à notre destinée,
Les citoyens forment des vœux,

Qu'ils reviennent dans nos murailles,
Beaux de gloire et de liberté,

Et que leur sang, dans les batailles,
Ait coulé pour l'Égalité.

CHŒUR DE JEUNES FIlles.

La République, etc.

TROIS GUERRIERS.

Sur le fer, devant Dieu, nous jurons à nos pères,
A nos épouses, à nos sœurs,

A nos représentants, à nos fils, à nos mères,
D'anéantir les oppresseurs:

En tous lieux, dans la nuit profonde
Plongeant l'infâme royauté,

Les Français donneront au monde
Et la Paix et la Liberté.

CHŒUR GÉNÉRAL.

La République nous appelle,
Sachons vaincre ou sachons périr;
Un Français doit vivre pour elle,
Pour elle un Français doit mourir.

MARIE-JOSEPH CHENIER.

Poête d'un grand talent, d'une måle énergie; ce chant belliqueux est l'une de ses plus belles inspirations. Malgré ses œuvres dramatiques, la réputation de Marie-Joseph n'a pas éclipsé celle de son frère André.

[blocks in formation]

Peuple français, peuple de frères,
Peux-tu voir, sans frémir d'horreur,
Le crime arborer les bannières
Du carnage et de la terreur.

Tu souffres qu'une horde atroce
Et d'assassins et de brigands
Souille de son souffle féroce
Le territoire des vivants.

Quelle est cette lenteur barbare?
Hâte-toi, peuple souverain,

De rendre aux monstres du Ténare

Tous ces buveurs de sang humain!
Guerre à tous les agents du crime!
Poursuivons-les jusqu'au trépas;
Partage l'horreur qui m'anime,
Ils ne nous échapperont pas.

Ah! qu'ils périssent ces infâmes
Et ces égorgeurs dévorants
Qui portent au fond de leurs âmes
Le crime et l'amour des tyrans!
Månes plaintifs de l'innocence,
Apaisez-vous dans vos tombeaux!
Le jour tardif de la vengeance
Fait enfin pâlir vos bourreaux.

Voyez déjà comme ils frémissent!
Ils n'osent fuir, les scélérats!
Les traces du sang qu'ils vomissent
Bientôt décéleraient leurs pas.
Oui, nous jurons sur votre tombe,
Par notre pays malheureux,
De ne faire qu'une hécatombe
De ces cannibales affreux.

Représentants d'un peuple juste,
O vous, législateurs humains
De qui la contenance auguste
Fait trembler nos vils assassins,
Suivez le cours de votre gloire;
Vos noms, chers à l'humanité,
Volent au temple de Mémoire,
Au sein de l'immortalité.

La nature avec vous conspire
Contre tous les conspirateurs;
Partout la tyrannie expire,

Partout nos drapeaux sont vainqueurs.
Le stathouder a pris la fuite,

Nous abandonnant ses vaisseaux,

Et la Terreur marche à sa suite,
Digne compagne des bourreaux.

SOURIGUERE.

Chanson célèbre et d'un pathos non moins furibond, à l'adresse des Jacobins de 93, qui lui opposaient la fameuse Marseillaise. Souriguère, auteur infortuné de six lourdes tragédies, toutes tombées et sifflées, ne survit de nos jours que par son chant du Réveil du peuple et par cette épigramme d'assez mauvais goût du poëte Lebrun: « A tes tristes récits tu souris, Souriguère; mais si tu leur souris, on ne leur sourit guère.

[ocr errors]

PÈRE DE L'UNIVERS, SUPRÊME INTELLIGENCE

HYMNE CHANTÉ, A LA FÊTE DE L'ÊTRE SUPRÊME, LE 20 PRAIRIAL AN II

[blocks in formation]

Père de l'univers, suprême intelligence,
Bienfaiteur ignoré des aveugles mortels,
Tu révélais ton être à la reconnaissance
Qui seule éleva tes autels.

Ton temple est sur les monts, dans les airs, sur les ondes.
Tu n'as point de passé, tu n'as point d'avenir;
Et sans les occuper, tu remplis tous les mondes,
Qui ne peuvent te contenir.

Tout émane de toi, grande et première cause;
Tout s'épure aux rayons de ta divinité;
Sur ton culte immortel la morale repose,
Et, sur les mœurs, la liberté.

Pour venger leur outrage et ta gloire offensée,
L'auguste Liberté, ce fléau des pervers,

« PreviousContinue »