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«Eh! mais pourquoi, dit la matrone, Être si longtemps loin de moi?

Vraiment, j'accomplis la loi, Ma mère; je fais l'aumône. »>

LE PRIEUR.

LA PEUREUSE

AIR Lison revenait au village.

CLEF DU CAVEAU 1579,

Lison revenait au village (C'était le soir);

Elle aperçut sur son passage
(Il faisait noir)

Accourir le jeune Sylvandre.
Lison eut peur;

Elle ne voulut pas l'attendre,
C'est un malheur:

C'était le soir,

Il faisait noir;

Lison eut peur,

C'est un malheur.

Que pouvait faire cette belle (C'était le soir)?

Sylvandre court plus vite qu'elle (Il faisait noir);

Il la joint, et soudain l'arrête :

Lison eut peur;

La peur la fit cheoir sur l'herbette : C'est un malheur, etc.

Quand Lison fut ainsi tombée

(C'était le soir),

Le berger, à la dérobée

(Il faisait noir),
Voulut ravir certaine rose :

Lison eut peur;

La peur ne sert pas à grand chose :
C'est un malheur, etc.

Personne n'était sur la route
(C'était le soir);

Bientôt Lison n'y vit plus goutte
(Il faisait noir) :

Sa taille devint moins légère;
Lison eut peur:

Neuf mois après, elle fut mère,
C'est un malheur;

C'était le soir,

Il faisait noir;

Lison eut peur,
C'est un malheur.

ANONYME.

L'ÉLOGE DE ROBIN

AIR Toujours, toujours, il est toujours le mêine.

CLEF DU CAVEAU 562.

Toujours, toujours; il est toujours le même :

Jamais Robin

Ne connut le chagrin.
Le temps noir ou serein,
Les jours gras, le carême,
Le matin ou le soir,
Dites blanc, dites noir,

Toujours, toujours; il est toujours le même.

Il a pour lui cet air mâle qu'on aime;
L'œil en arrêt,

Ferme sur le jarret,

Plus souple qu'un fleuret,
Des reins à la Dalène,

Frisé, haut en couleur,

Et pour la belle humeur,

Toujours, toujours, il est toujours le même.

Sur mon tambour brodant mieux que moi-même,

Veux-je un fleuron?

Jamais il ne dit non.
En plus d'une façon
Il sait faire son thème:
S'il badine au feston,

Ou s'il travaille au fond,

Toujours, toujours, il est toujours le même.

Il n'est ici femme ou fille qui n'aime
Mon beau garçon,
Beau, c'est-à-dire bon.
La dame du canton,

En connaisseuse, l'aime :

Mon cœur n'est point jaloux,
Car, en rentrant chez nous,
Toujours, toujours, il est toujours le même.

Pour l'éprouver, j'ai plus d'un stratagème :
Je vois souvent

Qu'il vient le nez au vent;
J'affecte, en lui parlant,
Une froideur extrême;
Je change de propos;

Je lui tourne le dos :

« Toujours, toujours, il est toujours le même; »

Robin, dansons le branle que tant j'aime ;

Sans le presser,

Robin vient le danser.

« Robin, j'en veux danser
Un second, un troisième;
Je veux recommencer;

Je ne veux plus cesser. »

Toujours, toujours, il est toujours le même.

Sur moi Robin obtient le rang suprême :
C'est par mon choix

Qu'il m'a donné des lois;

C'est la leçon des rois :
Leur sceptre ou diadème

Souvent brise en leur main;

Mais celui de Robin,

Toujours, toujours, il est toujours le même.

D BEAUMARCHAIS.

TOUJOURS SEULE, DISAIT NINA

CLEF DU CAVEAU: 563.

« Toujours seule ! disait Nina;
L'ennui m'accablera!

Ah!

Non, ce n'est qu'avec les amours
Que l'on trouve les jours
Courts.

Sans amants,

Nina perd son temps.

Jean passa,

Il entendit ça ;

Il s'avança,

Et dit comm' ça :

« Dam' me voilà,

Me voilà,

Là!

Nina court et cherche un réduit.
Jean, voyant qu'elle fuit,

Suit.

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Monsieur Jean relevez-moi donc :
Jean répond sans façon,
Non.

Je prétends dissiper l'ennui
Qui t'a jusqu'aujourd'hui
Nui :

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