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Le destin m'y fit reine;
Mais, quoique souveraine,

Mon cœur, tendre et constant,
Toujours pour mon amant

Gardera doux sentiment.

VIAL et FAVIÈRES.

AUX MONTAGNES DE LA SAVOIE

ROMANCE DE FANCHON LA VIELLEUSE

AIR de Doche.

CLEF DU CAVEAU : 300.

Aux montagnes de la Savoie
Je naquis de pauvres parents;
Voilà qu'à Paris on m'envoie,
Car nous étions beaucoup d'enfants.
Je n'apportais, hélas ! en France

Que mes chansons, quinze ans, ma vielle et l'espérance,
Et l'espérance.

En pleurant, dans chaque village,
Fanchon allait tendant la main.
Pauvre petite! ah! quel dommage!
Que n'étais-je sur ton chemin,
Lorsque tu n'apportais en France

Que tes chansons, quinze ans, ta vielle et l'espérance,
Et l'espérance!

Quinze ans et sans ressource aucune,
Que l'on éveille de soupçons!
Cependant j'ai fait ma fortune,
Et n'ai donné que mes chansons.

Fillette sage, apporte en France

Tes chansons, tes quinze ans, ta vielle et l'espérance, Et l'espérance.

BOUILLY et JOSEPH PAIN.

Pain, auteur aimable et spirituel, était le collaborateur assez habituel de Bouilly: association qui donna lieu à cette plaisanterie vulgaire : « Le pain et le bouilli sont inséparables. >> Peu de pièces ont obtenu un plus éclatant succès que Fanchon la vielleuse.

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Y firent si bonne chère

Aux dépens du monastère,
Qu'ils s'enivrèrent tous trois.

Ces trois grands coquins de frères,
Perfides dépositaires

Du dîner de leurs confrères,
S'en donnent jusqu'au menton;
Puis, ronds comme des futailles,
Escortés de cent canailles,
Du corps battant les murailles,
Regagnèrent la maison.

Le portier, qui les voit ivres, Leur demande où sont les vivres. Bon! dit l'autre, avec ses livres, Nous prend-il pour des savants? Je me passe bien de lire;

Mais

pour chanter, boire et rire, Et tricher la tirelire, Bon! à cela je m'entends.

Au réfectoire on s'assemble,
Vieux dont le ratelier tremble,
Et les jeunes, tous ensemble,
Ont un égal appétit;
Mais, ô fortune ennemie!
Est bien fou qui s'y confie:
C'est ainsi que, dans la vie,
Ce qu'on croit tenir nous fuit.

Arrive frère Pancrace,
Faisant piteuse grimace
De ne rien voir à sa place
Pour boire ni pour manger.
A son voisin il s'informe
S'il serait venu de Rome
Quelque bref portant réforme
Sur l'usage du dîner.

Bon! répond son camarade,
N'ayez peur qu'on s'y hasarde,
Sinon je prends la cocarde
Et me ferai Prussien.
Qu'on me parle d'abstinence
Quand j'ai bien rempli ma panse,
J'y consens; mais sans pitance
Je suis fort mauvais chrétien.

Resterons-nous donc tranquilles,
Comme de vieux imbéciles?
Répliqua père Pamphile.

Oh! pour le moins, vengeons-nous.
Prenons tous une sandale,
Et, sans crainte de scandale,
Allons battre la cymbale
Sur les fesses de ces loups.

Chacun ayant pris son arme
Fut partout porter l'alarme;
Mais, au milieu du vacarme,
Frère Étienne fit un p..,
Mais un p.. de telle taille,
Que jamais, jour de bataille,
Canon chargé de mitraille
Ne fit un pareil effet.

Ainsi finit la mêlée,
Car la troupe épouvantée,
S'enfuyant sur la montée,
Pensa se rompre le cou;
Tandis que le frère Étienne,
Riant à perte d'haleine,
Et frappant sur sa bedaine,
Amorçait un second coup.

AUTEUR INCONNU.

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