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LE BUVEUR SANS SOUCI

CLEF DU CAVEAU: 119.

Dans les champs de la victoire,
Qu'un guerrier vole aux combats;
Qu'il affronte le trépas,

Afin de vivre dans l'histoire:
Eh! qu'est-c' qu' ça m' fait à moi?
Je jouis mieux de la gloire;
Eh! qu'est-c' qu' ça m' fait à moi,
Quand je chante et quand je boi?

Que, pour dompter l'Amérique,
L'Anglais s'épuise en vaisseaux;
Qu'il se batte sur les eaux
Pour un projet chimérique :
Eh! qu'est-c' qu' ça m' fait à moi?
J'ai le cœur plus pacifique;

Eh! qu'est-c' qu' ça, etc.

Qu'un marchand souvent s'expose
Aux dangers pour s'enrichir;
Qu'un amant, pour le plaisir,
Ni nuit ni jour ne repose;
Eh! qu'est-c' qu' ça m' fait à moi ?
De mes instants je dispose;
Eh! qu'est-c' qu' ça, etc.

Qu'un raisonneur se signale
Par ses projets sur l'État;
Qu'un habile magistrat
Des lois suive le dédale :
Eh! qu'est-c' qu' ça m' fait à moi?
Je n'en vois point qui m'égale;

Eh! qu'est-c' qu' ça m' fait à moi,
Quand je chante et quand je boi?

LA FIN DU MONDE

AIR Tout le long de la rivière

CLEF DU CAVEAU: 104.

ANSON.

Tant que le soleil brillera
Notre planète tournera;

On y verra mûrir des pommes,
On y verra croître des hommes;

Peu de bons, beaucoup de méchants, Qui suivront toujours leurs penchants. Pour s'étourdir sur les maux de ce monde, Mes amis, buvons; buvons tous à la ronde; Croyez-moi, buvons tous à la ronde.

Beaucoup verront peu de printemps;
Bien peu vivront beaucoup de temps:
Moitié périra par la guerre

(C'est ce que nous vîmes naguère),
D'autres par l'abus des plaisirs;

D'autres n'auront que des désirs.
Pour oublier tous les maux de ce monde, etc.

Un

Le fou bravera les hasards,

Et le sage aimera les arts.

Le vrai bonheur sur cette terre

Dépend de notre caractère :

On prêchera toujours en vain
Contre l'amour, le jeu, le vin.

peu de bien se trouve dans ce monde, etc.

La vie est un bien doux présent
Quand on sait jouir du présent;

Mais souvent mal on le dépense;
Au fatal avenir on pense,

Et l'on regrette le passé

Jusqu'à ce qu'on soit in pace.

Ne perdons pas un instant dans ce monde, etc.

Ce Soleil un jour s'éteindra;

Bonsoir comédie, opéra ;

Bonsoir amour, fortune et gloire, Fable amusante et longue histoire; Bonsoir, pauvres petits humains, Vous n'aurez plus de lendemains. En attendant que s'éteigne le monde, etc.

Dieu rallumera de nouveau

Peut-être un semblable flambeau ;
Mais pourquoi prendre cette peine
Si la nouvelle engeance humaine
Ne vaut pas mieux que celle-ci?
Je dirai: Bon Dieu! grand merci.
Que Dieu défasse ou refasse le monde,
Mes amis, buvons; buvons tous à la ronde;
Mes amis, buvons tous à la ronde.

ÉTIENNE DESPRÉAUX.

QUE LE SULTAN SALADIN

COUPLETS DE RICHARD COEUR DE LION

Musique de Grétry.

CLEF DU CAVEAU: 489.

1784

Que le sultan Saladin

Rassemble dans son jardin
Un troupeau de jouvencelles,

Toutes jeunes, toutes belles,

Pour s'amuser le matin;

C'est bien, c'est bien,
Cela ne nous blesse en rien.

Moi je pense comme Grégoire ;
J'aime mieux boire.

Qu'un seigneur, qu'un haut baron,
Vende jusqu'à son donjon
Pour aller à la croisade;

Qu'il laisse sa camarade

Dans la main des gens de bien,

C'est bien, c'est bien, Cela ne nous blesse en rien. Moi je pense comme Grégoire, J'aime mieux boire.

Que le vaillant roi Richard
Aille courir maint hasard,
Pour aller loin d'Angleterre
Conquérir une autre terre
Dans le pays d'un païen,

C'est bien, c'est bien,
Cela ne nous blesse en rien.

Moi je pense comme Grégoire,
J'aime mieux boire.

SEDAINE.

LE FRANC BUVEUR

AIR Frère Pierre à la cuisine.

CLEF DU CAVEAU 199.

- 1787

Le plaisir à cette table

Attend de joyeux refrains

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Chers amis, au bruit du verre Chassons la triste Raison, Convive un peu trop sévère . Pour l'ivresse et la chanson; Fruit charmant

Du moment,

Et dont, pour charmer l'oreille, Les glouglous de la bouteille Font tout l'accompagnement!

Ces chansonniers, dont l'ivresse
Fertilisait le cerveau,

Chassaient jusqu'à la paresse
Au nom d'Amis du Caveau,
Maint couplet

Guilleret,

Fait sans fatiguer la veine,
Leur montrait dans l'hypocrène
L'emblème du cabaret.

Ardent à la picorée,

L'oiseau, hâtant son réveil,

Fond sur la grappe dorée

Par les rayons du soleil :

L'œil mutin,

Le lutin,

Abreuvé sur le treillage,
Va chanter sous le feuillage
Son ivresse et son butin.

Si le coursier de Silène
Quitte les chardons pour lui;

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