Il reviendra z'à Pâques, La Trinité se passe, La Trinité se passe, Madame à sa tour monte, Elle aperçoit son page, Beau page, ah! mon beau page, Mironton, mironton, mirontaine; Beau page, ah! mon beau page, Quell' nouvelle apportez? Aux nouvell's que j'apporte, Mironton, mironton, mirontaine; Aux nouvell's que j'apporte Vos beaux yeux vont pleurer. Quittez vos habits roses, Monsieur d' Malbrough est mort,. Mironton, mironton, mirontaine; Monsieur d' Malbrough est mort, Est mort et enterré. J' l'ai vu porter en terre, Mironton, mironton, mirontaine; J' l'ai vu porter en terre Par quatre z'officiers. L'un portait sa cuirasse, Mironton, mironton, mirontaine; L'un portait sa cuirasse, L'un portait son grand sabre, Mironton, mironton, mirontaine; L'un portait son grand sabre, L'autre ne portait rien. A l'entour de sa tombe, Mironton, mironton, mirontaine; A l'entour de sa tombe, Romarins l'on planta. Sur la plus haute branche, Mironton, mironton, mirontaine; Sur la plus haute branche Le rossignol chanta. On vit voler son âme, Mironton, mironton, mirontaine; On vit voler son âme Au travers des lauriers. Chacun mit ventre à terre, Mironton, mironton, mirontaine; Pour chanter les victoires, Mironton, mironton, mirontaine; Pour chanter les victoires Que Malbrough remporta. La cérémonie faite, Mironton, mironton, mirontaine; Chacun s'en fut coucher. Les uns avec leurs femmes, Ce n'est pas qu'il en manque, Des blondes et des brunes, J' n'en dis pas davantage, Car en voilà z'assez. AUTEUR INCONNU. Chanson bouffonne et satirique, composée par un mauvais plaisant contre le fameux duc de Malbrough, implacable ennemi de la France, et sur le faux bruit de sa mort lors de la bataille de Malplaquet (11 septembre 1709), mort qui n'eut lieu qu'en 1722. Cette bouffonnerie circula donc, mais ignorée, à l'état de simple tradition, pendant soixante ans, en diverses provinces, lorsqu'un beau jour, en 1781, la nourrice du dauphin se prit à bercer, devant Marie-Antoinette, l'enfant de France, de cette chanson inconnue jusque-là. La reine se passionna soudain de l'air et des paroles; il en fut de même de Louis XVI. Bientôt ainsi Malbrough fit fureur à la cour, à la ville, dans la France; il devint populaire jusqu'en Angleterre même. Cet engouement a si peu cessé même que, au dire du bibliophile Jacob, Napoléon entonnait, à haute voix, l'air de Malbrough chaque fois qu'il montait à cheval pour entrer en campagne. VA-T'EN VOIR S'ILS VIENNENT, JEAN LES RARETÉS CLEF DU CAVEAU 615. 1720 On dit qu'il arrive ici Et bien mieux choisie: Va-t'en voir s'ils viennent. Un abbé qui n'aime rien Qui donne aux pauvres son bien, Et dit son bréviaire : Va-t'en voir, etc. Un magistrat curieux De jurisprudence, Et qui, devant deux beaux yeux, Tient bien la balance : Va-t'en voir, etc. Une fille de quinze ans, D'Agnès la pareille, Une femme et son époux, Couple bien fidèle; Un chanoine dégoûté Du bon jus d'octobre; Un auteur sans vanité, Un musicien sobre : Va-t'en voir, etc. Un Breton qui ne boit point, Un Normand franc de tout point, Va-t'en voir, etc. Une femme que le temps A presque flétrie, Qui voit des appas naissants Va-t'en voir, etc. Une belle qui, cherchant La choisit, en la sachant Un savant prédicateur Comme Bourdaloue, Qui veut toucher le pécheur, Une nonne de Long-Champs, Belle comme Astrée, Qui brûle, en courant les champs D'être recloîtrée : Va-t'en voir, etc. Un médecin sans grands mots, D'un savoir extrême, Qui n'ordonne point les eaux, Va-t'en voir, etc. |